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Christoblog

Civil war

Rien de véritablement nouveau dans le nouveau film à grand spectacle d'Alex Garland : on y voit des scènes de guerre très réalistes, une troupe de journalistes et photographes de guerre prenant des risques insensés pour obtenir LA bonne photo ou LA bonne interview, et on suit enfin l'apprentissage sur le terrain d'une apprentie photographe.

C'est le cadre dans lequel se déroule le film qui en fait son principal intérêt : les USA en proie à une guerre civile dont on ne comprend à aucun moment les enjeux, des groupes militaires indistincts, un président acculé et impuissant, une atmosphère de déréliction qui se superpose aux images que nous avons habituellement de l'Amérique. Une atmosphère assez proche de celle de The walking dead, dans laquelle l'homme serait un zombie pour l'homme.

Cette production assez originale (la plus grosse du petit studio US qui monte, A24) insinue en creux une question qui taraude le film du début à la fin de façon souterraine : mais qu'est ce donc vraiment qu'être Américain ?

Associé à une direction artistique impressionnante de réalisme et au sens de la mise en scène du réalisateur britannique, cette ligne directrice est finalement agréable et donne un grand spectacle pas très original mais élégant, qui se laisse regarder avec plaisir.

Accessoirement, le casting est très bien aussi : Kirsten Dunst comme d'habitude convaincante, la jeune Cailee Spaeny fraîche à souhait et Wagner Moura spectaculairement musculeux.

Rien n'est vraiment neuf dans Civil war, mais tout y est plaisant. 

 

2e

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Le mal n'existe pas

Dieu sait si j'aime le cinéma d'auteur en général, le cinema japonais en particulier, et enfin celui d'Hamaguchi. C'est bien simple, j'aurais pour ma part donné la Palme d'or en 2021 à Drive my car, un véritable chef d'oeuvre.

Tout cela pour dire que je ne comprends pas l'engouement de la critique pour ce film, à mon avis le moins bon de son auteur, une oeuvre mineure, incomplète et approximative.

Peut-être est-ce parce que sa conception résulte d'une construction autour d'une musique (oeuvre de Eiko Ishibashi) et non d'un scénario que le résultat paraît si peu maîtrisé : on ne comprend pas ce que le film veut dire, au-delà de la gentillette fable écologique (les locaux sont sympas, les promoteurs de la capitale sont des idiots).

La fin du film est catastrophique. En cinq minutes, Hamaguchi parvient à ruiner son oeuvre en nous balançant une suite de plans sans queue ni tête, desquels il est strictement impossible de tirer une interprétation qui tient la route.

Il y a pourtant dans le film par éclair des manifestations sensibles du génie de son réalisateur : la scène d'ouverture magistrale, celle de la voiture dans laquelle on retrouve les talents de dialoguiste d'Hamaguchi, et plus globalement une photographie qui frôle souvent la perfection.

Pour le reste, mes sentiments durant le film ont oscillé entre l'ennui, l'attente, la perplexité, et finalement la déception.

Ryusuke Hamaguchi sur Christoblog : Passion - 2008 (***) / Senses - 2018 (***) / Asako I&II - 2019 (**) / Drive my car - 2021 (****) / Contes du hasard et autres fantaisies - 2021 (***)`

 

2e

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Goutte d'or

Rattrapage 2023 sur Canal+

On retrouve dans Goutte d'or les qualités profondément originales qui faisaient toute la valeur de Ni le ciel ni la terre : une réalité prise sur le vif (comme rarement on la voit dans un film de fiction) associée à un sentiment presque évanescent de fantastique, comme si celui-ci existait larvé dans le moindre détail du quotidien. 

Karim Leklou excelle dans le rôle de ce voyant arnaqueur sévissant dans le quartier parisien de la Goutte d'or, qui se voit contre son gré embarqué dans un voyage nocturne à la fois onirique, dramatique et profondément ancré dans la réalité du nord-est parisien.

J'ai été pour ma part profondément séduit par la variété des rencontres proposées, et par la sourde poésie qui émane du regard halluciné de Karim Leklou, surpris par l'irruption dans sa vie d'un surnaturel qu'il singeait jusqu'alors avec brio.

Un beau voyage.

Clément Cogitore sur Christoblog : Ni le ciel ni  la terre - 2015 (****)

 

4e

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Le vieil homme et l'enfant

Rien de bien original dans ce film islandais, qui semble de prime abord brasser des éléments vus et revus dans de multiples films : la rencontre de deux solitudes, l'arrachement à la terre ancestrale et la confrontation entre la vie en pleine nature et la ville.

La réalisatrice Ninna Pálmadóttir filme sagement l'histoire écrite par son compatriote Runar Runarsson (Sparrows, Echo) de façon sensible, mais disons-le, assez plan-plan. L'évènement principal du film, qui survient dans sa seconde partie, est un peu téléphoné, mais ses conséquences donnent lieu à des scènes habilement écrites et joliment filmées.

Comme le film est très court (1h14, un plaisir !), on n'a pas le temps de s'ennuyer, et j'ai finalement apprécié ce conte moral à l'ambiance délicieusement islandaise (les paysages autour de la ferme sont formidables). Dernier point : le visage de l'acteur Thröstur Leó Gunnarsson est en soi un paysage, magnifique à explorer.

Un petit shoot de plaisir nordique pour ceux qui apprécient les ambiances septentrionales.

 

2e

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Concours Sky Dome 2123 : gagnez 3x2 places

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film d'animation Sky Dome 2123, présenté dans de nombreux festivals, dont Berlin et Annecy, et qui sort le 24 avril.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quelle nationalité sont les deux réalisateur/trice, Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 17 avril 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Black flies

Une étrange malédiction semble frapper Sean Penn à Cannes.

Ces dernières années, à chaque fois que l'acteur américain figure dans un film en compétition, celui-ci s'avère le plus mauvais de la sélection : c'était le cas pour le calamiteux The last face en 2016, puis pour le très médiocre Flag Day en 2021 et enfin pour Black flies en 2023.

Le propos du film est simple, voire simpliste : filmer deux ambulanciers dans l'exercice de leur fonction, en ne négligeant aucun effet gore et en noyant le tout dans un déluge de liquides corporels en tous genres.

Pour assaisonner ce plat rudimentaire, le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire l'enrobe d'une bande-son horripilante, qui surligne maladroitement ce qu'on voit à l'écran : des sons stridents (et trop forts) pour les situations stressantes, des violons pour les séquences faisant appel aux émotions... 

Je n'ai jamais été happé par le propos du film, comme cela a pu être le cas pour d'autres films mettant en scène la profession d'ambulancier / urgentiste : je pense notamment au très bon Arythmie de Boris Khlebnikov. 

Mais le pire nous attend à la toute fin du film, qui se termine dans une suite de halos rouges enrobant un mélodrame mielleux, d'une vulgarité crasse.

Sauvaire insauvable, donc.

 

1e

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Le jeu de la reine

Etonnant film en costume, Le jeu de la reine parvient à donner à une trame historique (le portrait de la dernière femme de Henry VIII, Catherine Parr) une tonalité tout à fait contemporaine, thriller politico-féministe à haute tension, parfois sidérant de réalisme cru.

Nous sommes en effet ici spectateurs d'intrigues autour du pouvoir comparables à celles que l'on a pu voir récemment dans une série comme Succession, sauf qu'ici la moindre faute peut se payer par ... une décapitation. 

Alicia Vikander est parfaite en épouse résolue à être plus intelligente que ceux qui la menacent, et Jude Law nous tétanise par son mélange de cruauté désinhibée et de fausse douceur.

Karim Aïnouz confirme ici son nouveau statut de grand cinéaste : Le jeu de la reine parvient à être à la fois beau, intrigant et séduisant. J'ai particulièrement apprécié la direction artistique, la photographie précise et évocatrice d'Hélène Louvart et le découpage alerte du film, qui lui confère une surprenante aura de contemporanéité.

Karim Aïnouz sur Christoblog : La vie invisible d'Euridice Gusmao - 2019 (****)

 

3e

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Concours Les filles vont bien : Gagnez 2 DVD

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD du film du très bon film d'Itsaso Arana, Les filles vont bien.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quel réalisateur espagnol Itsaso Arana est-elle l'actrice fétiche ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 3 avril, 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Smoke sauna sisterhood

Ils sont rares les documentaires qui trouvent le chemin des écrans français !

Il est donc très agréable de voir ce très beau film de l'Estonienne Anna Hints sortir en salle, même si c'est dans une configuration de salles extrêmement réduite.

Dans les "saunas sacrés" d'Estonie (qui n'ont rien de religieux au sens classique du terme), les femmes de tous âges et de toutes conditions parlent de tous les sujets qui peuvent les concerner : amour, maladie, violences, viols, mariage, deuil, maternité, avortement.

La caméra de la réalisatrice s'attardent sur les corps des femmes, mais jamais sur leur visage : le film est d'une grande sensualité, jamais inquisitrice ou érotique, mais rendant une sorte d'hommage formel à une féminité éternelle.

De temps à autre les femmes sortent de la cabane/sauna pour se baigner dans l'eau glacée ou uriner, en pleine nature. Ces parenthèses apportent une respiration entre les séquences de conversations, parfois très intenses.

Le sentiment général que procure le film est donc double : d'un côté on vit une immersion dans une réalité estonienne très exotique, de l'autre on a l'impression d'entrer dans un temple dédié à la féminité éternelle.

Une expérience à ne pas rater.

 

3e

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Tiger Stripes

Ce petit film a tout pour susciter le coup de coeur : une réalisatrice malaisienne (c'est rare), un propos gentiment insolent vis à vis des autorités (religion, pouvoir) et un aspect bricolé sympathique, à la limite du do it yourself.

Son problème, c'est d'arriver après beaucoup de films récents qui ont largement exploré la question de la transformation du corps adolescent : on pense à Grave,  au formidable Teddy et au consensuel Le règne animal. Les tentatives maladroites de la réalisatrice Amanda Nell Eu apparaissent du coup un peu vaines  : on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes effets cent fois, en beaucoup plus convaincants (les poils et les griffes qui poussent, etc). 

Tiger stripes recycle aussi d'autres influences asiatiques sans trouver sa voie propre. On croise ainsi les yeux rouges façon Weerasethakul et d'inquiétants phénomènes de possession qui rappelle le cinéma d'horreur japonais tendance Ring.

Le (petit) intérêt de ce film bric-à-brac réside à mon sens dans sa première partie. Il n'est pas si courant de s'immerger dans la jeunesse d'une société asiatique musulmane au cinéma.

La fin de Tiger stripes est un fourre-tout peu maîtrisé qui tente de mélanger burlesque, critique sociale et effroi. La tentative est ratée, le propos peu subtil et l'impression générale que m'a laissé ce final est celui d'un travail à la fois peu original et bâclé.

  

1e

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The sweet east

Sean Price Williams était jusqu'à présent connu comme directeur de la photographie, ayant travaillé notamment pour les frères Safdie.

Son premier film en tant que réalisateur est une comédie complètement barrée, qu'on appréciera différemment selon sa plus ou moins grande capacité à accepter l'improbable et à apprécier les coq-à-l'âne loufoques.

The sweet east commence par de grossières images de portables relatant un classique voyage scolaire. Il se poursuit par une fête de punks, un séjour chez un personnage inquiétant à tendance fascisante (le toujours parfait Simon Rex), un tournage de western qui finit en massacre, une immersion involontaire dans une communauté religieuse puis dans une organisation terroriste.

Le film ne cherche aucune vraisemblance mais trouve son équilibre dans la véracité psychologique de son héroïne, jouée par une excellente Talia Ryder (Never rarely sometimes always), véritable Candide ou Alice moderne traversant le miroir de l'Amérique contemporaine.

Un film frais, parfois jouissif, qui propose un voyage découverte plein d'inventions dans les marges US.

 

3e

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Eureka

Le nouveau film du très intellectuel Lisandro Alonso se compose de trois parties fort distinctes.

La première est un vrai-faux western mettant en scène Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, tourné en noir et blanc. Le propos n'a quasiment aucun intérêt, et j'ai supposé que le but de cette ouverture était de montrer comment les Indiens étaient relégués au second plan dans la vision que le cinéma a longtemps proposé.

La seconde partie passe sans transition à l'errance nocturne d'une policière autochtone au Dakota, et du portrait de sa jeune nièce. Cette partie est très belle, distillant une atmosphère oitée (une tempête de neige fait rage) et un sentiment très prenant de contempler ce que la vie peut proposer de plus brut. Il y a dans les images d'Alonso un petit peu de la façon de filmer de Weerasethakul, la magie semblant pouvoir affleurer à tout moment d'images parfois sordides. 

La troisième partie nous téléporte en Amérique du Sud, dans la forêt amazonienne, où nous suivons un groupe d'Indiens qui se racontent leur rêve, puis un des protagoniste en particulier, qui s'enfuit pour devenir l'employé d'un chercheur d'or sans scrupule. Cette troisième partie m'a quant à elle fait penser au cinéma de Kelly Reichardt, façon Old joy ou First cow. Je me suis ennuyé ferme, ne percevant que formalisme compassé là où je ressentais, dans la partie précédente, une exaltation sensorielle. Je n'ai pas compris grand-chose à ce que je voyais, jusqu'à un dernier plan aussi beau qu'abscons.

Le tout est très lent, long et conceptuel. Si la démarche est un peu moins prétentieuse que celle d'un Albert Serra ou d'un Bela Tar, elle reste tout de même très exigeante.

Au final, je ne conseille que la seconde partie du film, soit moins de la moitié.

Lisandro Alonso : Jauja - 2015 (*)

 

2e

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Inchallah un fils

Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.

Inchallah un fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.

Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.

Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.

C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.

 

4e

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Le ravissement

Pour son premier film, Iris Kaltenbäck frappe fort.

Dès les premières images, l'histoire de Lydia, entrevue depuis le bus conduit par Milos, nous happe.

A quoi peut tenir ce sentiment d'hyper réalité qui nous serre alors la gorge et ne nous quittera plus ? Peut-être à une mise en scène épurée, une photographie un peu grise, un montage au cordeau... mais surtout à l'interprétation magistrale d'Hafsia Herzi. C'est peu dire que cette dernière est de nouveau renversante : tour à tour sage-femme dévouée, jeune femme dépitée au visage marqué, amoureuse décidée, sombre amie soumise à la tentation.

Hafsia Herzi est ici comme un paysage mental qui semble creuser l'écran. Ses tourments affleurent au moindre tremblement, ses gestes sont lourds tant elle est semble lasse de vivre, ses regards obliques aux paupières lourdes nous transpercent. 

Autour d'elle, le reste du casting joue une partition parfaite : Alexis Manenti exprime dans son jeu une densité comparable à celle de  sa partenaire, alors que Nina Meurisse excelle dans un rôle difficile de copine en proie à une sévère dépression post-partum.

La réalisatrice fait preuve d'une grande maestria quand il s'agit de filmer les émotions (superbe scène finale à l'hôtel) ou les scènes de groupe (la famille de Milos) : il y a du Cassavetes et du Kechiche dans sa façon de filmer frontalement l'expression des sentiments les plus intenses, dans un style qui rappelle certains documentaires.  

Une cinéaste dont on entendra à nouveau parler, c'est certain.

 

4e

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Vivants

Alix Delaporte est une cinéaste qui possède une belle sensibilité. Son premier film, le très beau Angèle et Tony, en est le meilleur exemple.

Malheureusement, ce talent naturel peine à trouver un scénario digne d'être filmé.

Vivants est en effet un gloubi-boulga de thématiques diverses dont on peine à distinguer laquelle est le véritable sujet du film : coup de foudre d'une jeune femme pour un homme cinquantenaire (c'eut été un vrai défi de développer ce point dans le contexte actuel), portrait d'une profession très spécifique, réflexion sur les lois du marché qui prévalent dans l'audio-visuel d'aujourd'hui, éloge de l'esprit d'équipe, récit d'apprentissage et de transmission, et j'en oublie probablement.

Le souci, c'est que le film ne réussit vraiment dans aucune de ces catégories, du fait de la grande confusion de son script et aussi par la faute d'un manque de moyen qui nuit à l'évidence au film (je pense aux scènes de déroulant en Afrique, ou à la scène de la girafe).

Je ne met pas la note la plus basse pour une raison : l'actrice Alice Isaaz, que je ne connaissais pas, est absolument rayonnante, et sa relation avec Roschdy Zem est tout à fait crédible.

Alix Delaporte sur Christoblog : Angèle et Tony - 2010 (***) / Le dernier coup de marteau - 2014 (**)

 

2e

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Le cercle des neiges

Pas grand-chose à dire de positif ou de négatif à propos de ce film de Juan Antonio Bayona, qui met ici en oeuvre le même savoir-faire pour filmer les catastrophes que dans The impossible.

Le film est une reconstitution assez efficace de la fameuse histoire bien connue de l'équipe de rugby uruguayenne échouée dans la cordillère des Andes en 1972. On attend pendant une bonne partie du film les premières scènes de cannibalisme, qui sont traitées avec pudeur et intelligence.

Quelques séquences parviennent à être réellement spectaculaires (celle de l'avalanche par exemple) et globalement le film vaut surtout pour ses extraordinaires décors naturels. Pour le reste, c'est du très classique et les destins individuels des différents passagers ne nous émeuvent pas beaucoup.

Juan Antonio Bayona sur Christoblog : The impossible - 2012 (**)

 

2e

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La salle des profs

Contrairement à la majorité des commentateurs, je n'ai pas vraiment apprécié le film d'Ilker Çatak.

Si ce tableau d'une professeur allemande d'origine polonaise est assez bien réalisé, j'ai trouvé le contenu qu'il propose trop programmatique pour être convaincant.

Ce film est en effet régit par une règle stricte : chaque personnage, défini en début de film en fonction de ses caractéristiques socio-culturelles, ne variera pas de trajectoire tout au long de l'histoire, rendant chaque péripétie hautement prévisible.

La jeune prof restera donc enfermée dans des idéaux qui l'amène à prendre mauvaise décision sur mauvaise décision, ses collègues sont cantonnés dans le rôle d'égocentriques mesquins et brutaux, la direction est quant à elle réduite à un désengagement prudent, l'assistante sociale à une présence compatissante et silencieuse, alors que les élèves qui éditent le journal seront jusqu'au bout des Robespierre sans scrupules.

Dans la classe, la répartition des rôles est aussi fixée dès le début et ne bougera plus, incluant le jeune harceleur blond comme un petit fasciste, et bien entendu au fond de la classe. Le personnage le plus emblématique de ce casting amidonné est la victime de la dénonciation, condamnée à errer dans les plans du film comme une âme au purgatoire : les cheveux toujours mouillés, le regard vague et la hargne douloureuse.

Puisque Çatak se place délibérément dans le champ du thriller psychologique et moral, il est impossible de ne pas comparer son film à ceux d'Asghar Farhadi ou à Anatomie du chute, d'autant plus que les points communs avec ce dernier sont nombreux (quasi huis-clos, indécision sur la réalité des faits, confrontation de plusieurs points de vue sur des questions d'ordre moral). La comparaison n'est pas à l'avantage du film allemand, tant le film de Justine Triet est infiniment plus nuancé dans son propos, permettant à ses personnages d'évoluer au grè des péripéties, et au spectateur de traverser de nombreux états de conscience différents.

Ici, le film n'inspire finalement qu'un seul sentiment, la consternation de voir cette pauvre prof isolée s'enfermer elle-même dans un écheveau d'erreurs évitables. J'en ai ressenti une certaine frustration, accentuée par le fait que le scénario n'évite pas certains poncifs lourdingues (le Rubik's cube...).

Faites vous donc votre propre idée. 

 

2e

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Bye Bye Tibériade

Bye bye Tibériade commence timidement. On ne sait pas trop vers où veut aller le film, et on se dit qu'il y va bien lentement.

Mais petit à petit, les éléments se mettent en place. On décode petit à petit les images qui relèvent d'archives historiques, celles qui sont issues de films familiaux, et on s'intéresse enfin à cette étrange relation entre quatre générations de femmes palestiniennes : la réalisatrice Lina Soualem, sa mère l'actrice Hiam Abbas, sa grand-mère et son arrière grand-mère.

Un des intérêts du film est d'entremêler subtilement les thématiques : l'exil palestinien (la naqba), l'attachement aux lieux, le poids des traditions, le désir d'émancipation par le théâtre, la sororité, le souvenir et la nostalgie. Tous ces éléments se marient à travers une grande variété de séquences, dont celles se déroulant en Cisjordanie sont les plus fortes.

Hiam Abbas dégage un charisme puissant. Ses propos sont principalement consacrés à son enfance, laissant dans l'ombre à peu près toute sa vie post-Palestine : elle apparait ainsi nimbée d'une sorte de mélancolie décidée qui dégage un puissant charme.

Une réussite délicate qui donne envie de suivre le travail futur de la réalisatrice.  

 

2e

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Le dernier des Juifs

Ce premier film de Noé Debré (réalisateur et scénariste facétieux de la série Parlement) est à moitié réussi.

Ce portrait du jeune Bellisha et de sa mère, derniers Juifs de leur quartier et qui hésitent à le quitter, est parfois amusant, et souvent un peu ennuyeux.

Bellisha ment comme il respire, par faiblesse la plupart du temps, mais aussi pour protéger sa mère, gravement malade. La manière dont il fuit constamment la réalité génère chez le spectateur un certain inconfort, égayé de loin en loin par un subtil décalage et quelques scènes attendrissantes.

C'est trop peu pour conseiller ce film modeste qui tente avec difficulté de se maintenir sur une ligne de crête poético-humoristique très étroite, bordée d'un coté par un océan de mièvrerie, et de l'autre un lac d'inconsistance.

Il faudra apprécier la sensibilité pince sans rire de Noé Debré dans un autre contexte, et la voir se déployer sur la base d'un scénario plus dense. 

 

2e

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Dune : deuxième partie

La première partie de Dune m'avait laissé un sentiment mitigé : certains parti-pris esthétiques de Denis Villeneuve ne m'avaient pas convaincus, et je trouvais Thimothée Chalamet un peu tendre pour le rôle de Paul Atreides.

La deuxième partie lève une grande partie de ces doutes.  

La mise en scène est cette fois-ci tout à fait convaincante. Villeneuve parvient d'abord à donner à voir toutes les dimensions de l'histoire racontée (sensorielle, mystique, philosophique, morale) en multipliant les changements d'échelle (du très gros plan sur un objet ou un détail jusqu'au plan hyper large) et changeant constamment de rythme (effréné pour certaines scènes d'action, ralenti pour générer du suspense ou de la réflexion).

La direction artistique est aussi particulièrement réussie, avec une mention spéciale pour les décors brutaliste de Giedi Prime et l'utilisation astucieuse du noir et blanc. Le sietch Tabr est aussi très beau.  

Thimothée Chalamet donne de l'épaisseur à son rôle et parvient même à être crédible lors des scènes de combat, qui sont à la fois courte et joliment chorégraphiées. Le reste du casting est lui aussi parfait, d'un Javier Bardem excellent en disciple énamouré à la composition saisissante d'un Austin Butler qui fait ici oublier qu'il a été récemment un très bon Elvis.

Dune : deuxième partie est un excellent divertissement, auquel je reprocherais juste quelques raccourcis inappropriés dans la narration et une représentation des prémonitions de Paul toujours un peu niaise. C'est peu de choses au regard des nombreuses qualités du film.

Denis Villeneuve sur Christoblog : Incendies - 2010 (***) / Prisoners - 2013 (**) / Sicario - 2015 (***) / Premier contact - 2016 (****) / Blade runner 2049 - 2017 (*) / Dune - 2021 (**)

 

3e

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