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Christoblog

Sieranevada

Sous ses aspects classiques de film de repas familial (façon Festen, Un air de famille ou Un conte de Nöel), Sieranevada brasse de nombreuses problématiques complexes, qui toutes au final évoquent la condition humaine.

Sans chercher à être exhaustif, Cristi Puiu évoque le communisme, la religion (d'abord moquée, puis procurant au final un véritable moment de grâce), l'amour et sa variante qu'on dirait inévitable, l'adultère (scène hilarante de la femme qui débite les turpitudes de son mari, ce qui provoque un fou rire général), la mort du père, la tentation de la violence salvatrice, etc. 

Tout l'intérêt du film, qui est par ailleurs trop long (2h53), consiste dans ce dialogue permament entre une mise en scène de haute volée exploitant incroyablement l'espace confiné de l'appartement, et les grandes interrogations sur le sens de la vie.

Le film a des allures d'En attendant Godot matérialiste, le repas attendu ne semblant jamais devoir commencer, alors que comme le fait remarquer justement le personnage principal, tout s'arrange quand les estomacs se remplissent.

Mimi Bramescu porte le film sur ses épaules, toujours calme et apaisant, tentant de concilier les points de vues et d'extraire de toutes les situations, aussi bizarres soient elles, quelque chose d'utile.

Brillant exercice de style, parfois confondant de vituosité, mais aussi souvent un peu vain, Sieranevada conviendra avant tout aux amateurs de cinéma roumain. Ils me comprendront.

Cristi Puiu sur Christoblog : La mort de Dante Lazarescu - 2005 (***)

 

2e

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Concours L'étage du dessous

A l'occasion de la sortie en DVD le 6 septembre du film roumain L'étage du dessous, je vous propose de gagner 4 DVD.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Quel est le réalisateur du film?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 1er septembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD, envoyé directement par le distributeur.

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Lea

Des films de mafia, on en a vu des paquets. Des durs, des sanglants, des burlesques...

Il manquait le film réaliste qui montre le calvaire d'une épouse de mafioso qui veut quitter ce milieu. 

Le réalisateur Marco Tullio Giordana, qui réalisa il y a quelques années un chef-d'oeuvre longue durée (Nos meilleures années), excelle à mettre en valeur la forte personnalité du personnage de Lea, interprétée avec maestria par Vanessa Scalera. Il faut en effet un cran énorme, on s'en doute, pour claquer la porte d'une famille dont on ne divorce pas.

En dressant de petits tableaux très réussis, espacés à chaque fois de plusieurs années, le film parvient à donner le sentiment du temps qui passe, et donne à voir le vieillissement physique et mental de Léa.

La première partie du film est de facture assez classique, mais la deuxième partie devient réellement passionnante. Et glaçante.

Un très beau film.

 

3e

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La vie est belge

Aller voir La vie est belge, c'est retrouver le goût de comédies anciennes (celles de Gérard Oury par exemple), qui étaient capables d'apporter le sourire et le rire, sans être niaises ou racolleuses.

D'abord, signalons qu'il faut être complètement cinglé pour monter un projet aussi borderline que celui-ci : faire se croiser l'univers de Christophe Honoré (période Chansons d'amour) et celui de Benoit Poelvoorde ! 

La vie est belge insère des morceaux chantés dans son intrigue, qui sont exclusivement des tubes belges, flamands ou wallons. Evidemment, on connaît mieux les seconds : Lio, Plastic Bertrand, Adamo. Le résultat est souvent touchant, et toujours charmant. Quand les chansons se doublent d'une petite chorégraphie, on se croit fugitivement chez Demy, aux USA ou même à Bollywood - c'est super gonflé.

Le scénario suit son sentier avec fermeté et une certaine originalité. La fin du film, bien que consensuelle, brille par son efficacité foutraque et joyeusement débridée, à l'image du très beau générique de fin.

Les personnages féminins sont épatants, les personnages masculins sont souvent délicieusement caricaturaux. 

La vie est belge provoque alternativement rires complices et petites larmes en coin, avec une efficacité et une bonne humeur communicative. 

Plus qu'une curiosité, un super bon moment.

 

3e

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El clan

Le pitch de El clan est un pitch en or : une série d'enlèvements et de meurtres sont commis par un patriarche charismatique, avec l'aide directe ou tacite de sa petite famille.

A la vision de la bande annonce affriolante, on s'attend à un film cruel mettant en évidence le contraste terrible entre la violence crapuleuse et une vie de famille bien rangée.

Malheureusement, Pablo Trapero semble prisonnier de ses recherches documentaires. A force de vouloir trop coller à la vérité historique, il suscite la confusion, puis l'ennui. Les longues scènes d'exposition du début nous égarent, nous laissant à penser qu'on assiste à un thriller, à un mélodrame familial, à un tableau sociologico-politique de l'Argentine post-dictature, et même à une comédie noire.

Finalement, El clan est un peu de tout ça, sans réussir pleinement dans une des voies qu'il esquisse. Le film progresse à grand coups d'ellipses alambiquées, et l'énorme talent de Trapero en tant que réalisateur (beaucoup d'effets réussis, une efficacité redoutable) ne suffit pas à combler les béances de l'écriture.

El clan est un qui film échoue par excès d'ambition.

Pablo Trapero sur Christoblog : Carancho - 2010 (*)

 

2e

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Truman

Sur le papier, il y a tout à craindre de ce genre de sujet : deux vieux copains se revoient alors que l'un d'entre eux va mourir.

On imagine immédiatement les scènes larmoyantes, les vieux souvenirs qu'on se raconte tout une nuit durant, les effusions en tout genre.

Le mérite de Cesc Gay est d'éviter toutes les chausse-trapes possibles. 

Le générique de début est à ce titre exemplaire : le voyage de Tomas du Canada en Espagne est résumé en quelques minutes, à raison d'un plan par situation (maison, taxi, salle d'embaquement, avion, etc). Le réalisateur choisit une mise en scène et un montage qui visent à l'épure et au dépouillement, ce qui rend son film pudique, amusant et émouvant.

Les relations entre Julian et Tomas seront ainsi toujours dessinées comme en creux, avec beaucoup de pudeur, et même parfois de dureté. Les deux amis se disent les choses parfois très crûment et entre eux peu de moments semblent portés par l'émotion. Les vecteurs de leur amitiés se situent ailleurs : un sens de l'humour partagé, le personnage de Paula, le chien Truman, l'argent qu'on partage sans aucun tabou, des objets qui changent de main (le livre que Tomas reprend).

Truman est perpétuellement sur le fil du rasoir, se tenant parfaitement entre deux gouffres béants : celui de l'inconsistance nauséeuse et celui du mélodrame tire-larmes. Il y parvient principalement grâce au jeu miraculeux des deux acteurs principaux. Ricardo Darin est très émouvant avec ses airs de grand ado beau gosse sûr de son charme, mais Javier Camara est encore meilleur, dans un rôle étonnant et magnifique d'observateur concerné. Il lui suffit d'un regard de côté ou d'une respiration avant de prendre la parole pour faire passer au spectateur une émotion, une réflexion et même parfois toute une histoire.

Cesc Gay s'affirme avec Truman comme LE réalisateur espagnol à suivre, dans un genre qui rappellera plus Truffaut que Refn : son style n'en est pas vraiment un. Il préfère l'élégance d'un montage précis aux effets clipesques, et l'alternance parfaite de différents types de plans à l'esbrouffe visuelle. Il confirme également être un des meilleurs directeurs d'acteurs en activité.

Le film à voir cet été.

Cesc Gay sur Christoblog : Les hommes ! De quoi parlent-ils ? - 2012 (***)

 

4e 

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Sparrows

Auréolé de toute une série de prix à travers les festivals du monde, Sparrows est finalement un produit assez consensuel et peu original.

Un adolescent doit quitter Reyjkavik pour rejoindre son père dans un fjord isolé de l'Ouest du pays. Le paternel s'avère être un poivrot, et le jeune héros va découvrir la vie au cours d'un été : premier amour, premier rapport sexuel, premier travail, première cuite, premier deuil, etc. Les rapports père / fils vont évoluer au fil des évènements, et de la construction de la personnalité du jeune personnage.

La mise en scène est relativement sage, les scènes s'étirent sans réelle utilité, et le scénario ne ménage qu'une idée vraiment originale, qui constitue la dernière partie du film. Runar Runarsson joue assez bien avec la lumière variable de l'Islande, mais avec une image de médiocre qualité.

Si le film plait tant, ce n'est que par la grâce du jeu des acteurs, tous parfaits, et peut-être aussi pour l'exotisme que dégage cet endroit complètement reculé, dans lequel les hommes semblent minuscules.

L'Islande a produit récemment de bien meilleurs films : Béliers  (****), L'histoire du géant timide (***), et le film franco-islandais de Solveig Anspach L'effet aquatique (***).

 

2e

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Tout de suite maintenant

Il est assez rare de voir un film français entremêler aussi habilement différents genres.

En suivant les premiers pas de Nora dans son nouveau job, on se demande à quoi on est en train d'assister : une description d'un certain milieu d'affaire où les intérêts financiers priment sur toute autre considération, une success story de jeune femme dans un monde de mâles dominants ?

Quand le personnage du père de Nora entre en scène (Bacri qui joue le misanthrope plus qu'il ne l'a jamais fait, c'est vous dire), on ne comprend vraiment plus : le film semble devenir une comédie dramatique familiale.... d'autant plus qu'une histoire d'amour contrariée avec l'énervant Vincent Lacoste vient en plus polluer le propos.

En faisant progresser à grand coup d'ellipse son film, Pascal Bonitzer flirte même avec le genre fantastique (le chien, les ouvriers plonais), avant de revenir progressivement à une résolution d'intrigue assez sage, concluant un exercice qui, à défaut d'être renversant, est très agréable à suivre. 

Il faut signaler comme point fort du film, l'incroyable casting, avec des performances renversantes de Lambert Wilson, Isabelle Huppert et Pascal Greggory.

 

2e

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The strangers

On ne peut qu'être stupéfait par l'incroyable virtuosité dont fait preuve le réalisateur Na Hong-jin dans son dernier opus.

Mais avant de développer il me faut signaler que le film n'est probablement pas destiné à un public très large : il faut pour pleinement l'apprécier ne pas être réfractaire au cinéma de genre, tendance exorcisme et épouvante.

Ceci étant dit, The strangers présente toutes les caractéristiques du film culte destiné à marquer les esprits. 

Il commence comme une comédie grinçante coréenne (c'est à dire, mettant en scène des flics incompétents), avant de basculer dans le thriller fantastique, puis de verser au final dans un sidérant huis-clos à ciel ouvert, si je peux dire, entre un policier benêt et l'ensemble des forces du mal réunies.

Le film, dans cette dernière partie, n'évite pas une certaine confusion qui pourra dérouter. En réalité, on ne sait plus trop qui est qui, qui fait quoi, et dans quel camp se situent les différents personnages. Cette incroyable maelstrom de forces occultes plonge le spectateur dans un état de sidération qui n'est pas très éloigné de celui du héros. Na Hong-jin réussit alors un coup de maître : nous sommes nous-mêmes, en tant que spectateur, désorientés par les forces du mal.

Le film est par ailleurs d'une beauté confondante dans tous ses aspects : utilisation géniale des décors, scènes gore parfaites de réalisme, excellents acteurs, mise en scène souveraine. 

L'interprétation globale qu'on peut avoir de The strangers pourra être très différente : chant d'amour d'un père pour sa fille, ou tableau désespérément noir de la condition humaine face aux forces qui la dépassent. C'est le propre des grands films.

Na Hong-jin sur Christoblog : The chaser - 2008 (***) / The murderer - 2011 (***)

 

3e

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La tortue rouge

Tout le monde, ou presque, s'extasie sur cette production des Studio Ghibli, réalisé par le néerlandais Michael Dudok de Wit.

Je dois être une sacrée tête de pioche, ou avoir un sacré coeur de pierre, pour être passé à côté de la magie de ce film, qui m'a paru simplet et inconsistant. 

Le sujet est ultra mince : un naufragé sur une île déserte, une tortue qui se transforme en jolie fille (ben oui, pourquoi pas ?), un bébé, le temps qui passe, la mort. Tout cela sans parole et en 1h et 20 minutes. C'est joli, bien qu'un peu répétitif (les décors servent 10 ou 15 fois chacun), et très gentil, bien que franchement naïf (l'amour c'est vachement bien). L'animation m'a semblé un peu coincée.

A part quelques sensations liées à la nature vraiment bien évoquées, je ne vois pas ce qu'on peut trouver à ce dessin animé somme toute très sage, et dépourvu de la verve onirique des meilleurs Miyazaki, Le voyage de Chihiro par exemple.

A réserver aux esthètes minimalistes et aux adeptes de robinsonades mystico-écologiques.

 

2e

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