Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

La syndicaliste

La syndicaliste s'essaye à plusieurs styles, mais ne parvient à être convaincant dans aucun d'entre eux. 

Le film esquisse par exemple une explication de l’imbroglio ayant impliqué Areva et EDF, mais la façon dont le scénario survole les enjeux de ces grandes manœuvres n’aide en rien la compréhension des évènements. Il n'est donc pas un bon film politique.

La syndicaliste dresse également le portrait d’une militante de la CFDT dans l’exercice de son métier, mais c’est peu dire qu’Isabelle Huppert approche ici le degré 0 de la crédibilité : on a l’impression que le métier de syndicaliste consiste à répondre au téléphone, faire des effets de manches et se dorer la pillule au bord du lac d’Annecy dans une maison dont la valeur doit approcher les deux millions d’euros au bas mot. 

Alors peut-être le film est il un thriller métaphysique qui montre à quel point la vérité est difficile à saisir ? Cela aurait pu être le cas, à condition de ménager un suspens plus équilibré jusqu’à la fin du film, par exemple en prêtant à l'enquêteur un comportement un peu moins antipathique (Pierre Deladonchamps est plus caricatural que jamais en méchant flic).

Tentons une dernière hypothèse : La syndicaliste serait avant tout un beau portrait de femme. Cela aurait été à mon avis le meilleur film à faire, mais il aurait fallu une interprète plus subtile qu’Isabelle Huppert, qui ne sait plus jouer qu'elle même en train de jouer l'inflexibilité résolue.

Au final, voici le film que j'ai vu : l’illustration maladroite d’un fait divers passionnant, assez mal réalisée et souffrant d'un problème de rythme, recouverte d’un vernis politico-féministe inoffensif.

 

2e

Voir les commentaires

Le retour des hirondelles

Le retour des hirondelles réussit ce que peu de films parviennent à faire : filmer avec grâce le dénuement.

Pendant 2h13, la caméra suit au plus près les corps et les visages des deux acteurs principaux : lui est un pauvre hère taciturne et timide, elle est une femme méprisée, battue et incontinente.

Nos deux héros modestes et honnêtes ne fréquentent personne. Il ne sont victimes d'aucun méchant maléfique : ils ne doivent finalement que survivre, c'est à dire construire une maison, cultiver du blé et du maïs, honorer les ancêtres en brûlant du papier monnaie, apprendre à se connaître, et ce faisant, à s'aimer. 

Le propos est ténu, et il faut beaucoup de talent pour faire de cette histoire d'amour en creux une oeuvre intéressante. Le jeune réalisateur chinois Li Ruijun réussit ici un coup de maître. Sens du rythme imparable, adaptation continuelle aux conditions (le temps qu'il fait est un personnage du film), photographie splendide, sens du cadrage : tout indique qu'on tient ici un futur grand nom du cinéma asiatique.

Emotions et beauté, un premier film très prometteur.

 

3e

Voir les commentaires

Falcon lake

Ce premier film de Charlotte LeBon est formidable par sa forme.

Sa photographie crépusculaire, ses cadres de Polaroïd et son atmosphère moite, ses acteurs sensibles : tout cela contribue à donner à Falcon lake la patine d'un souvenir humide et cotonneux.  

La mise en scène aérienne de Charlotte LeBon fait merveille dans ce registre sensible.

L'intrigue n'est malheureusement pas totalement à la hauteur des autres qualités du film, et Falcon Lake n'avait notamment pas besoin de cette fin bancale, qui se veut ouverte et mystérieuse, mais qui ne fait qu'embrouiller un propos jusqu'alors limpide.  

Charlotte LeBon prend ici rendez-vous, et on a hâte de voir comment elle va négocier le délicat tournant du deuxième film.

 

2e

Voir les commentaires

La nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé

La première série de Xavier Dolan commence bien.

J'ai été intrigué par les deux premiers épisodes, pendant lesquels je me suis vraiment demandé quels étaient les ressorts qui agitaient les différents personnages, tous plus déjantés les uns que les autres.

La mise en scène est dolanienne, fiévreuse, près des visages. Le québécois ne recule pas devant les passages obligés du format série : cliffhangers, effets faciles, rebondissements divers. Anne Dorval est formidable et Julie LeBreton une vraie découverte.

Malheureusement, mon intérêt a nettement baissé à partir du troisième épisode pour plusieurs raisons. Tout d'abord, j'ai deviné assez tôt ce qui s'était vraiment passé lors de la fameuse nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé, ce qui, évidemment, nuit à l'intensité du suspense. La disparition du personnage de la mère nuit également beaucoup à la qualité de la série : en son absence, j'ai eu l'impression que les enfants ne faisaient que meubler un temps imparti, et que les longueurs se multipliaient.

La mise en scène finit par lasser, les intrigues secondaires (Eliott et sa copine, la vie sexuelle de Chantal, l'avenir du couple Julien/Chantal) tournent court, et les flashbacks lourdingues ne sont pas du meilleur goût.

Au final, cette mini-série de cinq épisodes laisse un arrière goût d'inachevé. Dolan peut sûrement mieux faire.

 

2e

Voir les commentaires

Black book

Parfait.

Voilà le mot qui me vient à l'esprit pour résumer ce que je pense de ce film de Paul Verhoeven, vraiment à la hauteur de l'excellente réputation dont il bénéficie (4,1 presse et 4,0 spectateurs sur Allociné).

L'écriture de Black book est remarquable. Chaque scène suit la précédente avec une précision chirurgicale, donnant à la narration un rythme époustouflant. Le script ne fait pourtant aucune concession à la facilité : l'intrigue est complexe, constituée de nombreux chausse-trappes, mais paradoxalement limpide à suivre.

La mise en scène de Verhoeven fait merveille. Les Pays-Bas sous domination nazie sont reconstitués avec un brio bluffant : la caméra du néerlandais virevolte, survole et se faufile dans des décors de toute beauté.

L'interprétation est enfin parfaite. L'actrice Carice van Houten crève l'écran, radieuse et combattante, séduisante et déterminée. Elle campe une héroïne comme on en a rarement vu au cinéma. On a aussi beaucoup de plaisir à retrouver Sebastian Koch (La vie des autres, L'oeuvre sans auteur), impeccable. Tous les personnages secondaires, et il y en a beaucoup, sont très convaincants.

Il y enfin la patte provocatrice de Verhoeven, ici atténuée et mise au service de l'histoire, mais qui donne au film une tonalité de réalisme absolu et adulte, puisque sexe, violence, humiliation et mort cruelle sont montrés frontalement.

Un film admirable, un des plus forts réalisés sur la seconde guerre mondiale et peut-être le meilleur de son auteur.

Paul Verhoeven sur Christoblog : Total recall - 1990 (**) / Elle - 2016 (****) / Benedetta - 2021 (***)

 

4e

Voir les commentaires

The Fabelmans

Certaines des dernières productions de Steven Spielberg (Le bon gros géant, West side story, Cheval de guerre) me donnaient l’impression que sa carrière amorçait une pente descendante, de celles qui mènent progressivement à l’académisme formaté, aux bons sentiments naphtalisés.

Je n’attendais donc pas grand-chose de The Fabelmans, dont le sujet ouvertement autobiographique laissait plutôt augurer d’un regain de sentimentalisme engoncé à haut potentiel lacrymal.

Je me trompais.

Ce nouvel opus est un bijou qui déjoue tous mes pronostics. Si la forme a bien cette patine un peu proprette et légèrement artificielle qui prévaut chez Spielberg depuis une dizaine d'année, le fond explore des domaines d’une grande complexité.

The Fabelmans est avant tout pour moi un magnifique portrait de femme. Michelle Williams trouve probablement ici son meilleur rôle : drôle, séduisante, fragile, forte. Elle campe à merveille cette femme qui se souhaiterait libre, mais est née à la mauvaise époque. Tour à tout explosive et dépressive, elle introduit dans le film une part d’instabilité chronique qui en fait une grande œuvre et lui donne ce rythme un peu lâche, peu habituel chez Spielberg.

Le second grand sujet du film est évidemment la réflexion sur le pouvoir du cinéma, génialement traité à travers de multiples étapes tirés de la vie du cinéaste. Deux sont particulièrement émouvants : les plans accidentels qui révèle l’infidélité de la mère (on pense évidemment à Blow up) et surtout la leçon de cinéma que constitue le reportage effectué à la plage. Durant cette dernière séquence, j’ai été littéralement bluffé par la démonstration que fait Spielberg de l’art du réalisateur : on aura rarement aussi bien montré comment le cadrage, le choix de ce qu’on filme, l’emplacement de la caméra et le montage donnent du sens à l’œuvre finale. Du très grand art.

Je pourrais encore évoquer mille aspects du film, de la direction artistique irréprochable à l’apparition extraordinaire de David Lynch dans un rôle improbable, mais cela m’obligerait probablement à trop dévoiler du film.

The Fabelmans se pose d’ors et déjà comme un des meilleurs films de l’année et je vous conseille, une fois n’est pas coutume, de consulter les 25 pages que lui consacrent les Cahiers du Cinéma ce mois-ci. A découvrir absolument.

Steven Spielberg sur Christoblog : Cheval de guerre - 2011 (*) / Lincoln - 2012 (**) / Le pont des espions - 2015 (***) / Pentagon papers - 2017 (***) / West side story - 2021 (**)

 

4e

Voir les commentaires

Bullet train

A force d'être noyé de Marvel et autres franchises, on oublie le plaisir simple de se plonger dans un film d'action qui ne prend pas son spectateur pour un idiot, et qui lui propose humour, action et surprises.

Au rayon de l'humour, Brad Pitt s'avère une fois de plus un acteur comique de premier plan. Tueur revenu de tout, fan de zen et citant régulièrement son psychothérapeute, il campe l'anti-héros blasé avec une bonhomie délicieuse. Il est parfaitement secondé par un casting haut de gamme, duquel émerge Brian Tyrel Henry, qu'on adore dans la série Atlanta, ici teint en blond, et qui livre une prestation irrésistible.

L'action se déroule entièrement dans un train et donne lieu à des scènes spectaculaires, tournées très efficacement dans un mode presque burlesque, plus proche de la BD ou de l'anime. Le final, complètement déjanté, constitue à lui seul un morceau de bravoure en matière d'effets spéciaux.

Le script quant à lui est profondément réjouissant, ménageant de nombreuses surprises et retournements de situation, et permettant à plusieurs personnages clés d'apparaître en milieu de film.

Bullet train est tiré d'un roman japonais, et le vernis japonisant de sa direction artistique (incrustations, décors, accessoires, choix des couleurs flashy) est très agréable.

Du divertissement pur, de très bonne qualité.    

 

2e

Voir les commentaires

La femme de Tchaïkovski

Nul doute sur le fait que Kirill Serebrennikov est un styliste hors pair.

La femme de Tchaïkovski est donc souvent, comme les films précédents du cinéaste russe, un véritable tour de force formel, que ce soit dans la mise en scène (ici aussi fluide que celle de La fièvre de Petrov était fiévreuse) que dans la photographie. Les longues cent quarante trois minutes que durent le film sont baignées d'une lumière  iréelle, dans laquelle flotte la poussière de vieux greniers et le souvenir des temps passés. 

Plus le film avance, plus le réalisateur se permet de fantaisies (plongées intégrales, plans séquences, chronologie bousculée), jusqu'à une fin d'un goût discutable à mon sens.

En ce qui concerne l'histoire, elle est édifiante et sinistre : une jeune femme tombe amoureux du maître Tchaïkovski, qui préfère les hommes. Elle sera donc réduite à un rôle d'épouse-écran, jamais aimée et même humiliée par son génial salaud de mari, jusqu'à aborder les rives de la folie.

Le sujet est intéressant, mais la sombre obstination de Serebrennikov à enfoncer plus bas que terre son héroïne esseulée rend le film un peu indigeste dans son masochisme forcené. Autrement dit, on en a vite marre de voir grandir l'aveuglement de la pauvre Antonina, merveilleusement jouée par l'actrice Alyona Mikhailova.

Kirill Serebrennikov sur Christoblog : Le disciple - 2016 (**) / Leto - 2018 (**) / La fièvre de Petrov - 2021 (**)

 

2e

Voir les commentaires

La famille Asada

Etrange film que celui-ci, découpé en deux parties très distinctes.

La première raconte comment un jeune homme construit un projet photographique ambitieux sur le long terme en poursuivant une idée originale : photographier sa famille en train de jouer des scènes improbables (pompiers, élections, yakuza, stand de formule 1....) puis photographier d'autres familles dans des mises en scènes signifiantes pour elles.

Outre un rythme enlevé et un sens de l'humour efficace bien qu'assez lourd, cette première partie présente la qualité de nous amener à réfléchir sur le pouvoir de la photographie et sur ce qui fonde une famille.

Dans un deuxième temps, Masashi le photographe se rend dans la région dévastée par le tsunami de 2011 pour y nettoyer des photographies retrouvées dans les décombres et les restituer à leur propriétaires. Cette partie est bien plus dramatique que la première, à laquelle elle n'est reliée que par le potentiel dramatique de l'intrication des sujets photographie et famille.

Le tout forme un ensemble attachant et efficace, auquel je reprocherais sa sensiblerie exacerbée trop ostensiblement tire-larmes. C'est la première fois que je vois autant de scènes dans lesquelles le personnage principal pleure lui-même et parvient simultanément à nous tirer une larme (je défie quiconque de voir ce film sans que ses yeux s'humidifient au moins une fois).

La famille Asada est un film original, qui donne du cinéma japonais une vision plus cool et grand public que ce qu'en laisse percevoir les cinéastes japonais dont les films parviennent jusqu'à nous habituellement (Kore-Eda, Fukada, Hamaguchi, Kurosawa, Kawase).

 

2e

Voir les commentaires

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu

Au vu des avis des personnes en qui j'ai généralement confiance, je m'attendais au pire.

Ma surprise a été d'autant plus grande, lorsque je me suis pris à apprécier le début du film : la première rencontre avec les deux romains égarés est plaisante, les premiers échanges dans le village sont plutôt drôles. Philippe Katerine en Assurancetourix et Audrey Lamy en Bonnemine sont par exemple très convaincants.

La suite du film se gâte ensuite progressivement. Le voyage jusqu'en Chine remplit un cahier des charges assez proche de ce que les BD proposent : une progression en accéléré, des rencontres cocasses (au Petit Lutèce par exemple), quelques gimmicks établis (les pirates). On est, jusqu'à ce moment-là du film, dans un exercice somme toute assez proche de l'esprit d'Uderzo et Goscinny, et qui n'est à mon avis ni pire ni meilleur que ce que proposent les continuateurs qui ont pris la suite des géniteurs d'Astérix pour la BD.

C'est d'ailleurs peut-être ici que se situe le point d'incompréhension entre la critique et Guillaume Canet : ce dernier est finalement assez proche des BD (recentrage sur le couple Astérix/Obélix en mode buddy movie, abondantes allusions au monde actuel, jeux de mots plus ou moins foireux). Tous ceux qui compare ce film à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre semble oublier à quel point ce dernier est plus un film d'Alain Chabat qu'une déclinaison de la "franchise". On ne se souvient d'ailleurs quasiment pas des personnages d'Astérix et Obélix dans ce film, mais plutôt de ceux plus susceptibles de porter l'humour de l'ex-Nul, par exemple ceux joués par Djamel Debbouze et Edouard Baer.

La partie chinoise dégrade nettement l'impression d'ensemble que laisse le film. Les faiblesses dans l'écriture (qu'on doit aux scénaristes des Tuches) apparaissent comme rhédibitoires. La mise en scène de Canet devient pauvre en intentions, les scènes d'action ne sont pas au niveau des 65 millions d'euros dépensés (le combat d'Antivirus / Zlatan Ibrahimovic avec les légionnaires est par exemple horrible à regarder) et plusieurs scènes semblent bizarrement frappées d'aphasie, comme si tout à coup toute l'équipe du film s'était désintéressée de ce qui était montré à l'écran.

Concernant la distribution, si Gilles Lellouche et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu, le reste du casting est faiblard. Guillaume Canet ne correspond à aucune des images qu'on peut se faire d'Astérix, et Jonathan Cohen, qui joue son rôle habituel (il ne sait en jouer qu'un), n'est pas du tout dans l'esprit. Quant aux multiples apparitions de célébrités, on s'en fout un peu : elles ne font ni de bien ni de mal au film.

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu ne mérite pas à l'évidence le tir de barrage haineux et méprisant d'une bonne partie de la critique, tout en peinant à présenter de quoi attirer les louanges. 

Guillaume Canet, réalisateur, sur Christoblog : Les petits mouchoirs - 2010 (**) / Blood ties - 2013 (*) / Rock'n roll - 2016 (**) / Nous finirons ensemble - 2019 (**)

 

2e

Voir les commentaires

Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis

Ces deux films, sortis en mai 2022 dans une grande indifférence, constituent en réalité une seule oeuvre (un condensé de près de quatre heures de la série en dix épisodes qu'a réalisé Fukada pour la chaîne Nagoya TV).

De cette étrange genèse découle probablement la sensation de ne pas voir un film vraiment finalisé, ce qui génère chez le spectateur une légère déception, surtout s'il apprécie l'oeuvre de Fukada.

En effet, outre un rythme très irrégulier, le réalisateur japonais semble ici atténuer tous les éléments qui font la singularité de son cinéma. La cruauté abrupte d'Harmonium n'est  qu'affleurante, la nostalgie nauséeuse du formidable Au revoir l'été diffuse très légèrement ses effluves.

C'est l'évolution des sentiments sur le temps long (un des points fort de L'infirmière) qui est ici le marqueur de plus reconnaissable de l'art de Fukada.

Certains pourront être énervés par le personnage au départ toujours larmoyant de Ukyio : il leur faut persister jusqu'au deuxième film pour mieux comprendre ses réactions, qui trouveront une pleine et entière résolution dans les vingt dernières minutes de Fuis-moi je te suis.

Est également bien présente ici la capacité du réalisateur à nous mettre légèrement mal à l'aise (le bruit de l'aquarium dans le minuscule appartement, la permissivité sexuelle un peu froide du couple principal dans la première partie, les comportements presque toujours imprévisibles des personnages), au sein d'une narration linéaire qui parfois peut donner l'impression de réduire les femmes au rang d'objet, mais qui en réalité met en valeur leur libre arbitre, comme on s'en rendra finalement compte.

Indispensable pour les amateurs de cinéma japonais.

NB : Il faut voir Suis-moi je te fuis en premier, puis Fuis-moi je te suis

 

2e

Voir les commentaires

Interdit aux chiens et aux Italiens

Plébiscité en festival, chaleureusement accueilli par la critique et le public, ce court (1h10) et beau film d'animation vaut le détour.

Le réalisateur Alain Ughetto y raconte la vie de ses grands-parents, originaires du Piémont et ayant émigré en France, du début au milieu du XXème siècle.

Réalisé en stop motion, à partir de figurines en pâte à modeler, Interdit aux chiens et aux Italiens présente deux grandes qualités : il donne à voir des aspects de l'histoire rarement abordés (par exemple la zone d'occupation italienne en France pendant la seconde guerre mondiale, ou l'importance de la main d'oeuvre italienne dans la construction des ouvrages d'art alpins) et il fait preuve d'une ingéniosité attendrissante dans les idées d'animation (des broccolis font de superbes arbres, les mains d'Ughetto interviennent directement dans le cadre comme des personnages à part entière...).

L'histoire est intéressante et émouvante à la fois, et le succès de ce très joli film paraît amplement mérité.

 

2e

Voir les commentaires

La montagne

J'aurais vraiment voulu aimer ce film, dans lequel tout m'attire, a priori :  les paysages de montagne, l'idée saugrenue de ne plus vouloir redescendre une fois qu'on est monté là-haut (alors qu'on est pas spécialement montagnard), la petite touche fantastique dont la bande annonce ne fait pas mystère.

Malheureusement, Thomas Salvador échoue à développer ces différentes pistes qui restent embryonnaires : la montagne n'est pas spécialement magnifiée, l'histoire de l'exil intérieur n'est ni explicitée ni illustrée, et l'aspect fantastique ne dépasse pas le joli effet des premières images. Le film répugne à donner une quelconque explication à ce que l'on voit : c'est un parti-pris que l'on peut comprendre, mais qui m'a horripilé, car il n'est pas compensé par une beauté onirique ou un vertige métaphysique.

La montagne aurait sûrement fait un formidable court-métrage d'une dizaine de minutes. Délayé pendant 1h52, il devient fastidieux (la première partie s'apparente à une publicité pour le département montagne de Décathlon) et artificiel (la romance avec le personnage jouée par Louise Bourgoin n'a aucun intérêt).

Thomas Salvador, réalisateur hors norme qui tente de renouveler le genre fantastique, s'avère enfin piètre acteur. 

Je suis donc désolé de devoir déconseiller ce film qui ne vaut que par l'étrangeté de son sujet.

Thomas Salvador sur Christoblog : Vincent n'a pas d'écaille - 2014 (**)

 

1e

Voir les commentaires

Un petit frère

Le nouveau film de Léonor Serraille, à qui l'on doit l'étonnant et explosif Jeune femme, présente plusieurs caractéristiques très intéressantes.

Tout d'abord, il s'agit d'une des rares tentatives de raconter sur le temps long la destinée d'une femme d'origine africaine en France, en y intégrant toutes les dimensions : sentimentales, sociétales, familiales.

De ce point de vue, le film réussit parfaitement à donner à l'écran ce sentiment du temps qui s'écoule, des trajectoires qui divergent inexorablement sans que personne n'y soit vraiment pour quelque chose.

Un petit frère est remarquable en ce qu'il parvient à dessiner des situations qui sont intrinsèquement liées à la condition d'immigrés (le racisme latent, l'importance de la communauté) et en même temps à s'en extraire résolument (les enfants qui dessinent leur propre chemin, la difficulté de construire des relations sentimentales durables).

Le film doit beaucoup à la prestation d'Annabelle Lengronne, qui utilise parfaitement toutes les nuances de son vaste registre. 

Une fresque intimiste qui met en relief avec subtilité les mécanismes complexes de l'intégration.

Léonor Serraille sur Christoblog : Jeune femme - 2017 (***)

 

3e

Voir les commentaires

Tár

Tár raconte comment une femme de pouvoir arrivée au faîte de sa carrière chute de son piédestal, sous les coups de boutoirs de plusieurs évènements dont elle est en grande partie responsable.

Le fait que ce personnage soit chef d'orchestre n'est pas au final très important. Elle pourrait être chef d'entreprise ou chirurgienne, le film fonctionnerait exactement de la même façon. Au lieu de s'ennuyer en ne comprenant rien aux anecdotes concernant les musiciens, on s'ennuyerait en écoutant des blagues tirées d'articles de la Harvard Business Review ou des anecdotes sur la vie d'Ambroise Paré.

Pendant le film, qui dure 2h38, j'ai eu largement le temps de me demander comment un réalisateur pouvait trouver suffisamment d'énergie pour faire un film dont l'héroïne n'est pas sympathique, mais n'est pas non plus antipathique au point de susciter l'aversion : le risque d'ennuyer le spectateur est en effet considérable, d'autant plus que le film est pauvre en péripéties.

Vous l'avez compris, je me suis assez vite lassé de ces conversations interminable entre pontes mesquins, de ces innombrables plans répétitifs illustrant le quotidien de Lydia Tár (Lydia fait du footing, Lydia pianote sur un piano d'un air pensif, Lydia roule en voiture, Lydia entend des bruits qui n'existent pas, Lydia se lave les mains avec du gel hydroalcoolique, etc).

Il y a sûrement un intérêt à tout cela, qui se situe peut-être entre une réflexion sur la responsabilité morale et la façon dont l'ambition annihile les sentiments, mais il est trop profondément dissimulé pour m'atteindre. La froideur avec laquelle sont regardés les personnages et la préciosité un peu guindée de la mise en scène m'ont rappelé le cinéma de Haneke.

Je ne mets pas la note la plus basse tout de même, pour deux raisons : Cate Blanchett est parfaite dans ce rôle peu aimable, et la direction artistique est irréprochable.

 

2e

Voir les commentaires