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Christoblog

Toy story 4

Rien de nouveau sur la planète Toy story, mais le travail est une fois de plus très bien fait.

Ce nouvel opus réserve son lot de nouveautés, à savoir un magasin d'antiquités avec des poupées années 50 façon film d'horreur et deux peluches plutôt dures à cuire (puisque ce sont des jouets de stand de foire), Ducky et Bunny (dont la voix est celle du décidément omniprésent Jordan Peele).

Tout cela est raisonnablement attendrissant, ménage le double niveau de lecture enfants / parents qui fait le sel de la série, fait appel à la nostalgie avec une relative délicatesse et permet de constater à quel point la technologie a progressé depuis le premier épisode. Les thématiques abordées ne sont à dire vrai pas très nouvelles (le besoin d'amour, l'émancipation) et très consensuelles. 

Je n'ai pas été bouleversé comme dans Toy story 1 ou 3, j'ai un peu ri, beaucoup souri et écrasé une micro larme.

Pour résumer, un divertissement tout à fait recommandable en temps de canicule.

Toy story sur Christoblog, c'est : Toy story 3 - 2010 (***)

 

2e

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Yves

Sur le papier, l'idée est séduisante : un frigo connecté envahit la vie d'un rappeur en mal d'inspiration. On imagine tout de suite les développements potentiels : Black mirror rigolo, fantaisie potache sur la digitalisation galopante, voire ode poétique à la création assistée.

Las ! Après un début qui semble prometteur la soupe s'avère rapidement trop sucrée puis trop aigre, virant à la comédie romantique frelatée. L'humour s'épaissit progressivement jusqu'à devenir indigeste (le frigo éjacule des glaçons dans un improbable plan à trois) et il manque à Yves l'étincelle de loufoquerie absolue qui rendrait plaisantes ses élucubrations lourdingues.

L'impression générale que dégage le film, c'est celle d'un amateurisme complet. On imagine trois copains sur un coin de table qui y vont de leur "Et si on ferait ça, ce serait rigolo". Le film n'a ni les élans poétiques du cinéma de Dupieux, ni l'aptitude à élaborer des constructions vertigineuses à la Monty Python : le résultat est fade et décevant.

Même Philippe Katerine est un peu moins convaincant que d'habitude.

 

2e

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Concours Conséquences : gagnez 2x2 places

A l'occasion de la sortie en salle de Conséquences le 26 juin, je vous propose de gagner 2 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quelle nationalité est le réalisateur Darko Stante ? 
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 28 juin 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

NB : un des deux lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Nevada

Le premier film de Laure de Clermont-Tonnerre vaut principalement par son aspect documentaire. Les images de grands espaces américains sont magnifiques, les mustangs sont très bien filmés et le visage même de Matthias Schoenaerts semble être un objet que la caméra décrit avec attention et objectivité.

Nevada, qui s'intéresse à un programme de rééducation des détenus par le dressage de chevaux, est tourné dans le pénitencier qui accueille ce programme, et certains de ses acteurs sont d'anciens détenus. Tous ces éléments contribuent à donner au film une patine à la fois brute et très séduisante.

Le rapport du personnage à son cheval est évidemment cousu de fil blanc (le cheval sauvage comme allégorie de la liberté, le dressage comme une thérapie conduisant à la maîtrise - et l'estime - de soi), mais l'interprétation de Schoenaerts est tellement habitée qu'on se laisse embarquer dans cette belle histoire, même si les quelques péripéties carcérales n'ont guère d'intérêt.

Un beau film à ranger aux côtés du magnifique The rider de Chloé Zhao dont il est proche par le style et les thématiques abordées.

 

2e

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Le daim

Les films de Quentin Dupieux m'ont toujours semblé d'une certaine façon inachevés. Les intentions de loufoqueries me paraissaient toujours desservies par un scénario mal maîtrisé et une mise en scène dilettante.

La bonne surprise de ce dernier opus, c'est l'extrême cohérence du projet, qui pour une fois ne part pas en vrille, et se permet au passage une jolie réflexion sur l'art du cinéma. Le synopsis est enfin tenu du début à la fin, le décor de montagne colle parfaitement au sujet, la photographie un peu terne est parfaitement au diapason de l'intrigue. 

Jean Dujardin est extraordinaire dans ce rôle. On ne peut s'empêcher de penser qu'il y a peut-être perdu un peu de sa santé mentale. Il parvient à être successivement (et parfois simultanément) drôle, inquiétant et bouleversant. Adèle Haenel, qui parfois en fait trop, semble ici se résigner à jouer un ton en-dessous de son incroyable partenaire, et c'est très bien. Elle retrouve un rôle qui rappelle celui qu'elle tenait avec brio dans Les combattants, celui de la fille cash et volontaire.

Enfin, Le daim est une réussite esthétique indéniable : son camaïeu de bruns et de marrons est un délice pour les yeux, sa bande-son une friandise pour les oreilles et sa mise en scène un régal pour l'intelligence.

Court (1h17 minutes, c'est presque un moyen-métrage), mais intense.

 

3e

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Zombi child

On le sait, le cinéma de Bonello vaut principalement par sa capacité à saisir l'esprit d'un lieu ou d'un moment, plutôt que pour sa narration ou pour la façon dont les personnages interagissent entre eux.

Rien de bizarre, donc, à ce que le début de Zombi child soit plutôt réussi : la mise en scène souveraine de Bonello expose très bien les deux territoires du film, Haïti dans les années 1960 et le pensionnat pour filles de la Légion d'honneur à Paris de nos jours.

Il y a une vraie idée de film à décrire en parallèle les deux univers, différents en tout : noir/blanc, hommes/filles, jour/nuit, passé/présent, riches/pauvres. La description de la sororité est très réussie, les plans en nuit américaine dans la nature haïtienne également.

Les choses se gâtent malheureusement vers la fin du film, quand la réconciliation des deux histoires a lieu à travers la piètre péripétie de l'amour pour Pablo et d'une cérémonie vaudou plutôt risible qu'éprouvante. On mesure là à quel point Bonello n'est pas doué pour faire peur.

C'est dommage, car le film est par éclat très beau.

Bertrand Bonello sur Christoblog : L'Apollonide, souvenirs de la maison close - 2011 (****) / Saint-Laurent - 2014 (**) / Nocturama - 2016 (*)

 

2e

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Femmes au bord de la crise de nerf

Revoir Femmes au bord de la crise de nerf 30 ans après sa sortie procure de curieuses sensations.

En premier lieu, le souvenir d'une comédie complètement déjantée au style extrêmement choquant est balayé par ces retrouvailles. Si la fin du film est effectivement un poil foutraque, toute la première partie est plutôt lente, douce et teintée d'une certaine tristesse. D'autre part, tout ce qui pouvait sembler résolument nouveau en 1989 (les couleurs criardes, les vêtements et la déco invraisemblables, une certaine crudité dans l'expression des femmes sur leur sexualité) semble aujourd'hui tout à fait sage et convenu.

Le deuxième point qui saute aux yeux, c'est à quel point tout le cinéma d'Almodovar est déjà présent dans ce film, derrière la façade sympathique mais un peu factice de vaudeville survitaminé, que ce soit en terme de mise en scène (les gros plans sur les objets et les visages), de scénario (la complexité et la profondeur), ou de thématiques (les corps hors norme, les femmes puissantes qui se réalisent à travers les drames, le pouvoir des coïncidences, les troubles mentaux).

Le film qui donna au réalisateur espagnol une renommée mondiale mérite vraiment d'être revu : sa mécanique imparable et complexe fonctionne encore très bien et Carmen Maura y est excellente (même si le tournage fut pour elle un cauchemar et marqua le début d'une brouille durable avec Almodovar).

Dans Etreintes brisées, sorti en 2009, un personnage du film tourne un film dans lequel sont repris de nombreux détails de Femmes au bord de la crise de nerf (le téléphone rouge à terre, la préparation d'un gaspacho aux somnifères) : une façon pour le cinéaste madrilène de rendre hommage au film jalon de son début de carrière.

A (re)voir.

 

3e

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Passion

C'est à la fois très étrange et passionnant de découvrir aujourd'hui le premier film de Ryusuke Hamaguchi, après avoir fait la connaissance du jeune japonais à travers son oeuvre fleuve Senses, suivi très rapidement par le modeste Asako I&II

Il y a dans Passion tous les ingrédients du monde d'Hamaguchi : des nuits qui n'en finissent pas, des dialogues interminables d'une violence parfois sidérante, et qui n'ont parfois que peu de rapports avec l'action, des effets de mise en scène surprenants dans un océan de banalité, des personnages de femmes incroyablement fortes et peu politiquement correctes.

Dans ce film, techniquement moins bien finalisé que les suivants (des images sont un peu sales, le cadre flotte parfois), les intentions du réalisateur sont plus franches et plus violentes que dans Senses et surtout que dans Asako. On est ici dans une sorte de vaudeville cassaveto-rohmérien à la sauce nippone, scandé par des comportements étonnants (le personnage joué par Fusako Urabe, clairement portée sur le sexe) et des moments surréalistes (le discours de l'institutrice, le jeu action vérité). Certaines scènes sont sublimes, à l'image de ce plan au lever du soleil, lors duquel les deux personnages entrent très progressivement dans le champ.

Du point de vue du rythme et de l'intensité du scénario, Passion est sûrement le film le plus accessible d'Hamaguchi, et le plus immédiatement plaisant.

 

3e

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Lune de miel

Un film pavé de bonnes intentions et pétri dans une substance visiblement très autobiographique. Malheureusement, comme cela arrive parfois dans ces cas-là, les bonnes idées ne fonctionnent pas et on s'ennuie ferme devant ce road movie qui montre un jeune couple juif parisien très peu religieux, en quête de ces origines polonaises.

Entre vues touristiques de Cracovie, exploitation forcenée des clichés (les Polonais boivent comme des trous) et répliques humoristiques qui tombent à plat, le film s'enlise tranquillement dans un conformisme bancal. La jeune réalisatrice Elise Otzenberger est pleine de bonne volonté mais peine dans tous les domaines : réalisation tristounette, écriture maladroite et direction d'acteurs pour le moins flottante. 

Judith Chemla, qui ressemble physiquement de plus en plus à Juliette Binoche jeune, joue assez mal la névrosée à fleur de peau. 

Une seule scène dans le film trouve grâce à mes yeux : celle de la dispute dans la voiture, lors de laquelle les deux personnages semblent enfin se livrer sans fard et qui se termine par une réplique saisissante : "J'ai épousé un juif antisémite !".

A éviter sauf peut-être si vous avez des ascendant juifs polonais.

 

1e

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Concours DVD Nuestro tiempo

A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD Nuestro tiempo de Carlos Reygadas.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : qui joue le rôle de Juan ? 
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 18 juin 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Piranhas

Le film de mafia est un sous-genre de cinéma à part entière, depuis les sagas dramatico-romantiques de Scorsese, De Palma et Coppola, jusqu'aux dernières productions italiennes traitant plutôt du sujet des repentis et de la lutte anti-mafia (il faut voir par exemple le très beau Léa de Marco Tullio Giordania).

Dans cette galaxie, le nouveau film de Claudio Giovannesi, adaptation d'un roman de Roberto Saviano (Gomorra), s'intéresse à l'entrée en criminalité des plus jeunes napolitains. On suit donc l'évolution progressive d'une bande d'ados d'une quinzaine années : premiers rackets, premières armes, mais aussi premiers amours, premières déceptions amicales.

Piranhas est réalisé de façon plutôt efficace, mais son propos n'est pas très intéressant : le cheminement d'escalade dans la violence qu'il expose a été vu mille fois, et je n'ai pas ressenti d'empathie envers le personnage principal, une jolie gueule d'ange assez peu charismatique joué par le jeune Francesco Di Napoli, dont c'est le premier film.

Le scénario est à la fois délayé et poreux (j'ai du mal à comprendre comment ces jeunes blanc-becs peuvent conquérir un territoire sans plus de résistance des adultes), la fin est franchement lourdingue et les péripéties convenues.

Pas beaucoup d'intérêt, à moins de rechercher une visite touristique des petites rues de Naples.

 

1e

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L'autre continent

Quel beau film que ce premier long-métrage de Romain Cogitore (à ne pas confondre avec son frère, Clément, l'auteur de Ni le ciel, ni la terre) !

L'histoire que raconte L'autre continent est très classique, si on se contente de l'envisager sous l'angle de son pitch : un amour fou qui se heurte au drame de la maladie. 

Toute l'originalité du film tient à son traitement plutôt inhabituel : la moitié du récit se déroule à Taipei, l'autre à Strasbourg. Les deux protagonistes parlent plusieurs langues, dont le mandarin. Ils aiment tous les deux les voyages et l'exotisme, et ne s'embarrassent pas de contraintes matérielles. Ce dépaysement léger et profond à la fois nimbe le film d'une aura qui lui donne beaucoup de charme.

L'autre atout de Cogitore est de s'appuyer sur l'interprétation absolument renversante de Deborah François (découverte chez les Dardenne, et qui m'avait impressionnée dans Populaire), irrésistible en femme forte et libre, et dans une moindre mesure celle de Paul Hamy, en géant timide. Leur histoire d'amour est non seulement crédible, mais bouleversante.

La mise en scène est sèche et précise, le montage rigoureux et entraînant, les trouvailles visuelles très réussies et poétiques.

A découvrir si vous ne détester pas écraser une petite larme dans l'obscurité d'une salle de cinéma.

 

3e

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Les particules

Premier film de fiction du documentariste français Blaise Harrison, Les particules n'est pas loin d'accumuler tous les poncifs du film d'auteur fauché et un peu ennuyeux : quotidien gris et inintéressant de jeunes ados qu'on peine parfois à comprendre, effets de style appuyés, conduite du récit elliptique.

Pourtant, il faut bien reconnaître que le film possède un certain charme qui repose principalement sur deux éléments. Le premier est l'interprétation impeccable du jeune Thomas Daloz (non professionnel, il a été recruté sur le lieu du tournage comme le reste du casting), le second est le savant mélange de naturalisme et de fantastique poétique.

Les particules donne en effet à voir à la fois la vie de jeunes pré-adultes dans le pays de Gex (que faire ? qui être ? qu'aimer ? qu'absorber ?) et offre de belles ouvertures magiques vers des distorsions de l'espace (très joli plan du champ qui se déforme), du temps (la maison du dealer) et de la matière (l'accélérateur de particule du LHC qui traverse la région, la dernière scène, les superbes animations de points volant dans l'espace). 

Un film prometteur, doux et grisâtre.

 

2e

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Parasite

Quel merveilleux film que le dernier Bong Joon-Ho, qui porte à leur plus haut point toutes les qualités déjà vues dans les films précédents du réalisateur coréen.

Le plus remarquable pour commencer c'est la fluidité parfaite du scénario, qui glisse merveilleusement d'une situation à une autre avec un sens du rythme qui captive sans aucune interruption. 

Bong Joon-Ho possède une capacité hors du commun pour mélanger les genres au sein d'un même film  : on passe ainsi progressivement (ou même alternativement) de la comédie burlesque à la satire sociale, du thriller hitchcokien au film d'épouvante, et de la chronique quotidienne au mélodrame sentimental, sans que jamais la narration ne semble ralentie ou affaiblie par ces changements de ton.

Il serait réducteur de présenter le film comme une allégorie de la lutte des classes (bien des médias ne s'en priveront pas) : il est bien plus que ça. La prestation de ces acteurs, à commencer par le magnifique Song Kang-Ho, sorte d'alter ego du réalisateur à l'écran, magnifie les sentiments qui unissent les membres de cette famille pauvre.

Les héros chez Bong Joon-Ho ne sont pas toujours très intelligents et ne sentent pas très bon (quelles formidables et dramatiques variations sur le sujet dans Parasite). On l'avait déjà bien réalisé en regardant The host ou Memories of murder. Mais ils agissent, tentent de progresser et de s'entraider avec une énergie positive qui force l'admiration.

Ajoutez aux qualités du casting et du scénario une mise en scène vive, déliée et élégante, une utilisation absolument géniale des décors (la scène de l'inondation est une merveille de réalisme), et vous obtiendrez un plaisir de spectateur total.

Le meilleur film de l'année à ce jour et une Palme d'or amplement méritée.

Bong Joon-Ho sur Christoblog : Memories of murder - 2003 (****) / The host - 2006 (***) / Mother - 2009 (***) / Snowpiercer - 2013 (*) / Okja - 2017 (**)

 

4e

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Le jeune Ahmed

Drôle de film que le dernier Dardenne. 

Le jeune Ahmed commence comme un tableau plutôt gentillet et réaliste d'une radicalisation somme toute innocente, car concernant un enfant.

La façon dont le film bascule assez vite dans l'impensable constitue sa grande force. On est littéralement sonné par l'acte d'Ahmed, qu'on ne comprend pas et que notre esprit n'arrive pas à envisager, alors que finalement tout a été mis bien en évidence sous nos yeux.  Cette contradiction est poussée à son comble lors du deuxième épisode du même type, qui génère une tension psychologique hors du commun.

Suivant obstinément leur idée initiale, dans un style réaliste servi par une mise en scène déliée, les Dardenne arrive cependant dans un cul-de-sac narratif. Le jusqu'au-boutisme d'Ahmed est tellement brut et limpide qu'il envoie le scénario dans un mur, et amène le film à se terminer sur une pirouette guère satisfaisante, qui semble l'écourter artificiellement.

Le jeune Ahmed ne ressemble pas tellement aux autres films des Dardenne : son caractère d'épure un peu sèche n'a pas grand-chose à voir avec la densité et la complexité de leurs oeuvres les plus remarquables (Le gamin au vélo par exemple). La stimulation intellectuelle qu'il génère est toutefois agréable.

 

2e

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Les plus belles années d'une vie

Je n'attendais vraiment pas grand-chose du nouveau film de Claude Lelouch. Les risques étaient grands que ces retrouvailles entre Anne et Jean-Louis (plus de cinquante ans après leur rencontre !) sombrent dans la nostalgie rance ou le sentimentalisme mièvre.

Mais Lelouch, admirablement épaulé par ces comédien(e)s, nous offre à l'inverse un crépuscule doux et ensoleillé, qui n'esquive pas les ravages du temps sur les corps, mais sait aussi raviver en un clin d'oeil les souvenirs du passé.

L'idée de doter Jean-Louis d'une mémoire perforée et de nous montrer à l'écran ses rêves permet de multiples effets et allers-retours, qui sont tour à tour comiques, émouvants, et même parfois bouleversants.

Dans une distribution exceptionnelle (quelle bonne idée de faire jouer les personnages de Françoise et Antoine par les acteurs qui jouaient les bambins dans Un homme et une femme !), Jean-Louis Trintignant nous offre une prestation qui force l'admiration, parvenant à distiller en un seul mouvement de paupière, en un seul regard ou frémissement, toute une gamme de sentiments.

On est souvent frappé au coeur par ce qui se joue devant nous : il n'est évidemment pas question de rejouer l'amour défunt, mais la tendresse diffuse qui irradie du passé donne à l'ensemble du film la consistance du temps qui passe. C'est à la fois beau et doux.

 

3e

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Rocketman

Je connais très mal la musique d'Elton John, qui pour faire simple n'était pas assez "rock" pour intéresser mes oreilles de jeune vosgien dans les années 90 (plutôt attirées par AC/DC, U2, The Cure, The Clash, Queen, et Springsteen).

La vision de Rocketman m'a donc en premier lieu procuré un plaisir simple : découvrir de belles chansons (et comprendre leur propos grâce aux sous-titres) tout en faisant connaissance avec une personnalité attachante et exceptionnelle à bien des égards.

Le film rappelle bien sûr Bohemian Rhapsody : le réalisateur Dexter Fletcher a fini le film sur Queen commencé par Bryan Singer (viré en cours de tournage), le schéma du film (rise and fall) est exactement le même, et les destinées des deux personnages principaux sont similaires (ils sont gays, se font manipuler par leur entourage, sombrent dans les addictions, détruisent leur santé).

Rocketman est cependant pour moi bien plus réussi que son prédécesseur. Il semble d'abord prendre moins de libertés avec la réalité. Il choisit en plus dès le début un style, un angle, qui faisaient défaut à Bohemian Rhapsody.

Par exemple, le fait d'illustrer les chansons par des moments de comédies musicales (très réussies au demeurant) donne à toute la première partie du film une coloration vraiment fun. Ce parti-pris évolue progressivement vers des passages oniriques beaucoup plus sombres, mais toujours dans le même esprit d'illustrer la réalité (la piscine par exemple).

La prestation de l'acteur Taron Egerton est remarquable. Il porte son personnage à bout de bras, au moins autant que le fait Remi Malek dans Bohemian.

Une sucrerie à ne pas dédaigner.

 

3e

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