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Christoblog

Augure

Le premier film de l'artiste d'origine congolaise Baloji (acteur, musicien, réalisateur, styliste, performeur) est une découverte étonnante.

Le début du film est délicieux. Koffi rentre au pays pour présenter sa femme, aussi blonde que lui est noir, mais les choses vont très mal se passer suite à un malentendu causé par trois malheureuses gouttes de sang.

Enchaînement loufoque d'évènements bizarres, racisme dans tous les sens, tableau sensible de la vie quotidienne, scènes de rue impressionnantes, songes poétiques : on est happé par cette entrée en matière.

Augure perd ensuite un peu en intensité, multipliant les histoires parallèles dans un creuset dont on comprend vaguement qu'il parle de transmission, mais qui ne se raccordent pas forcément au début du film.

Sans être parfaitement réussi, le film de Baloji brille par sa puissante vitalité et révèle un réalisateur qui pourrait dans les années à venir donner de l'Afrique une vision plus moderne et plus déliée que celle que nous offrent les "anciens" du continent (Abderrahmane Sissoko, Mahamat-Saleh Haroun).  

 

2e

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Gladiator

En attendant la sortie de Gladiator 2 en 2024, j'ai récemment comblé une grosse lacune en regardant enfin Gladiator.

Le film est passionnant par les émotions  et sensations diversifiées (voire contradictoires) qu'il procure.

Ainsi, l'impression saisissante de réalisme générée par les scènes d'action trouve un parfait contrepoint dans l'aspect fake et kitsch des images concernant le voyage de Maximus d'Allemagne jusqu'à sa demeure espagnole. La nervosité de certaines phases du scénario contraste avec de longues plages assez monotones, rendant le film très curieux à appréhender. Les approximations historiques (le matériel de guerre de la scène d'ouverture est complètement anachronique, les relations entre personnages en grande partie réinventées) n'empêchent pas de louables efforts de vulgarisation (il est très plaisant de voir Marc Aurèle écrire ses ouvrages philosophiques sur le front).

Bref, Gladiator est un film généreux, foutraque, mal léché, qui a entraîné mon adhésion par la qualité de l'écriture de sa dernière partie (il fallait oser être aussi noir) et l'interprétation absolument parfaite de son casting : Russel Crowe tout en retenue, Joaquin Phoenix pas commode, et Connie Nielsen idéalement lisse. 

Ridley Scott réussit à ressusciter la saveur lointaine de soirées passées à frémir devant Ben Hur, Les dix commandements ou Cléopâtre, et rien que pour cela, il peut être remercié.

Ridley Scott sur Christoblog : Blade runner - 1982 (****) / Prometheus - 2012 (*) / Seul sur Mars - 2015 (**) / House of Gucci - 2021 (**) / Le dernier duel - 2021 (***)

 

3e

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Soudain seuls

Pendant toute la séance, je me suis demandé quel était l'intérêt de projeter une scène de ménage de couple en train de se défaire dans l'environnement grandiose de l'Antarctique (en fait l'Islande).

Dans ce drôle de survival, rien ne semble intéresser moins les deux protagonistes que ... survivre. Ils préfèrent en effet s'envoyer des saloperies à la figure (pour ensuite, classiquement, baiser furieusement), plutôt que d'échanger sur la méthode à suivre pour ne pas mourir. 

Ainsi la nourriture semble être le cadet de leur soucis, comme d'ailleurs l'exploration des environs ou la consolidation de leur abri de fortune. Il semble par contre essentiel de se rappeler combien tel ex était vraiment un connard, ou telle maîtresse une belle salope. 

Bref, on ne croit pas un seul instant aux personnages joués par Gilles Lelouch (imbuvable, stupide, ridicule) et Mélanie Thierry (un peu plus crédible).

Quant à la fin du film, elle brille également par son invraisemblance totale : comment imaginer que Laura, déjà affaiblie, survive à deux nuits dans la neige, sans manger ? 

C'est donc raté, malgré de belles images et.... des pingouins. On attendait beaucoup mieux du scénariste attitré des films de Jacques Audiard.

  

1e

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Perfect days

Il est très difficile de faire ressentir la poésie au cinéma. Je connais très peu de films dont je pourrais dire qu'il m'ont ému "poétiquement" (Bright star, Poetry).

Perfect days y parvient, par le biais d'une succession de répétition, un peu comme le tentait maladroitement le Paterson de Jarmusch. La même journée semble se répéter durant tout le film, avec ses rituels anodins, son apparente monotonie et ses activités quelconques (le personnage principal nettoie les toilettes publiques).

Mais Hirayama (joué par Koji Yakusho, récipiendaire mérité du prix d'interprétation à Cannes) semble trouver son épanouissement dans cette journée sans fin à la mode tokyoïte, entre autre inspiré par la transcendance de la lumière à travers les feuillages d'arbre (les Japonais appelle cela le komorebi), qu'il aime photographier.

Les rares distractions qu'invente le scénario (quelques rencontres fugaces, une poignée de frêles amitiés) sont comme les ridules qui se forment à la surface d'une eau calme après qu'un corps y a pénétré : elles ne troublent que temporairement et superficiellement la sérénité d'Hirayama, tout entier consacré à la recherche de la quiétude au travers de l'observation du monde.

Le film se conclut par des plans d'une ampleur incroyable, qui m'ont littéralement arraché des larmes tellement leur beauté m'a atteint en plein coeur, me faisant soudainement ressentir toute la beauté et la fugacité de la vie.

Wim Wenders sur Christoblog : Pina - 2011 (**) /  Every thing will be fine - 2015 (*) / Anselm (Le bruit du temps) - 2023 (**)

 

3e

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Un hiver à Yanji

Anthony Chen, réalisateur singapourien à qui on doit l'excellent Ilo Ilo, possède une palette pleine de délicatesse et de poésie, qui peut faire penser à un certain cinéma français (Rivette, Rozier, Truffaut).

On suit ici trois jeunes gens dépressifs qui se rencontrent par hasard et vivent ensemble quelques situations évanescentes et anecdotiques (par exemple une promenade dans la montagne enneigée à la recherche d'un lac perdu). 

L'intérêt du film réside dans le miroitement de leur solitudes superposées, qui rend leur rencontre plus intéressante que leur existence individuelle, et qui brille dans un paysage lui-même incertain, morceau de Chine perdu aux confins de la Corée du Nord, dans une sorte de no-man's land fantasmatique et glacé. 

L'écriture est fine au point de parfois paraître absconse, et la mise en scène élégante jusqu'à devenir invisible. Cette histoire de Jules et Jim sotte voce pourra donc décevoir.

Ce tableau délicat de la jeunesse chinoise contemporaine est à déguster si vous êtes friand de cinéma asiatique racé.

Anthony Chen sur Christoblog : Ilo Ilo - 2013 (***)

 

2e

 

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Le monde après nous

Disponible sur Netflix, le dernier film du créateur de Mr Robot, Sam Esmail, commence plutôt bien.

Un couple de New-Yorkais fortuné (Ethan Hawke / Julia Roberts) et leurs deux enfants passent un week-end dans une maison luxueuse des Hamptons, quand tout à coup une cyber attaque supprime tous les moyens de communication. Lorsque le propriétaire de la maison revient tout à coup chez lui (le toujours excellent Mahershala Ali), la situation se tend....

La première partie du film est intéressante : les relations entre tous les personnages sont assez finement décrites. Les intéractions dans la famille ne sont pas caricaturales, et les réactions de Julia Roberts, teintées de racisme latent, lorsque le propriétaire revient chez lui, sont bien vues. Comme à ce moment-là les effets de la cyber-attaque sont spectaculaires et d'une certaine façon crédibles, on est réellement captivés.

Malheureusement le film ne sait pas trop dans quelle direction aller dans sa deuxième partie. Il tourne en rond, multiplie les signes qu'il ne déchiffrera pas (les cerfs, le son, la cabane, la maladie du garçon) et les relations entre les personnages s'effilochent progressivement, jusqu'à une fin ambigüe qui évite de conclure.

C'est dommage. Il y avait une belle sensibilité au début du film qui aurait pu éclore si le scénario avait été plus maîtrisé. La mise en scène lorgne du côté de Hitchcock, de Fincher et de Kubrick, avec des mouvements de caméra inutilement virtuoses, sans convaincre tout à fait.

C'est donc au final plutôt raté, mais de peu.

 

2e

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Chien de la casse

Formidable film que ce premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand.

Raphaël Quenard et Anthony Bajon y joue une partition parfaite, le premier avec son accent inimitable, ses trouvailles sémantiques et poétiques, le second dans ce style physique, taciturne et sensible qui lui va si bien (on pense bien sûr à La prière).

Ces deux amis zonent dans un village de l'Hérault, entre petites combines, projets fumeux, rap et difficultés familiales... jusqu'à ce que l'arrivée d'Elsa (excellente Galatea Bellugi) entame la complicité des deux compères.

Tout dans Chien de la casse est intéressant et respire l'intelligence : le scénario sinueux, la précision avec laquelle sont dessinés les seconds rôles, l'utilisation des décors naturels, la fin touchante et sensible.

Je recommande chaudement ce film qui confirme le talent écrasant de Raphaël Quenard et révèle au grand jour celui de Jean-Baptiste Durand.   

 

3e

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Et la fête continue !

J'ai éprouvé les mêmes sensations à la vision du dernier film de Guédiguian qu'à celle du dernier Moretti : une certaine gêne devant le radotage approximatif d'un vieux maître, zébré d'éclats agréables.

Pour ce qui est du radotage, on a ici des ingrédients bien connus : portrait de Marseille, communisme (devenu nostalgique par la force des choses), prime aux bons sentiments, grand tableau de la communauté arménienne (des petits travers à la tragédie du Haut-Karabagh).

Tout cela n'est ni très bien fait, ni vraiment convaincant, juxtaposition de scènes tout à fait ratées (les réunions politiques) ou pas vraiment réussies. 

Ce qui sauve Et la fête continue !, c'est surtout l'histoire d'amour délicate entre les personnages joués par Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin, encore une fois très convaincant. La manière dont est évoquée l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, dans le "dos" d'Homère, est aussi assez bien vu.

Le tout est tout de même très fragile, fait de bric et de broc, et au final pas vraiment recommandable.

Robert Guédiguian sur Chisitoblog : Les neiges du Kilimandjaro - 2011 (**) / Gloria mundi - 2019 (****)

 

2e

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Le temps d'aimer

Si la référence n'était pas si pesante, je dirais volontiers que Le temps d'aimer évoque pour moi le cinéma de Douglas Sirk : profondeur des sentiments, écoulement du temps, sentiment du destin qui écrase et parfois libère ses personnages, nuances dans l'écriture et la mise en scène, acuité dans l'exposition des moments qui marquent (et parfois changent) une vie.

Oui, le nouveau film de Katell Quillévéré est un formidable mélodrame "à l'ancienne", qui traite de problématiques plutôt modernes : le mélange est étonnant, et bien que sage (peut-être un poil trop), souvent émouvant.

Au service de l'émotion que génère le film se trouve l'interprétation absolument parfaite d'Anaïs Demoustier et de Vincent Lacoste. Si la première est coutumière des éloges sur Christoblog (je ne suis pas loin de penser qu'elle est avec Virginie Efira la meilleure actrice française actuelle), le deuxième recueille ici le premier total satisfecit. Il est absolument renversant de sensibilité contenue.

2023 se termine en beauté pour le cinéma français, qui aura proposé cette année une pléiade de très bons films, parmi lesquels je retiens surtout, outre le Temps d'aimer, Au revoir Paris, Rien à perdre et Je verrai toujours vos visages.

Allez-y si vous aimez les mélodrames bien dosés au long cours.

Katell Quillévéré sur Christoblog : Suzanne - 2013 (****)

 

3e

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La femme de mon frère

Emballé par le film suivant de Monia Choukri (Simple comme Sylvain), je me suis décidé à regarder en séance de rattrapage le premier film de la Québécoise.

Mal m'en a pris. La femme de mon frère est en effet un brouillon indigeste et mal maîtrisé dans lequel coexistent plusieurs films : une chronique familiale à la limite de l'hystérie (l'influence de Xavier Dolan est manifeste), une comédie romantique décalée, un film d'auteur aux recettes alambiquées (la fin zarbi, le montage saccadé d'une même action), un portrait délicat de jeune femme célibataire en recherche d'identité. Bref, tout cela sent le "premier film dans lequel je veux mettre toutes mes idées".  

Le travail sur le son et la musique diagétique rend certaines scènes proprement insupportables : là encore, une afféterie inutile d'apprentie réalisatrice mesurant l'étendue de son pouvoir, y compris de nuisance.

Ce tableau d'un amour excessif entre une frère et une soeur aurait mérité mieux que le traitement kaléidoscopique et parfois épileptique que lui réserve Monia Choukri.

 

1e

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Concours About Kim Sohee : Gagnez 2 DVD

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD du film du très bon film de July Jung, About Kim Sohee.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : comment s'appelle le premier film de July Jung ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 9 décembre 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Mars express

Le principal intérêt du film d'animation de Jérémie Périn est le monde du futur qu'il décrit : on a envie de se promener à l'infini dans ce décor dans lequel chaque détail mérite l'attention.

Il y a bien sûr les paysages superbes de cette ville construite sous cloche sur Mars, tantôt dépouillés, tantôt très urbains, mais aussi mille merveilles technologiques qui donnent lieu à de belles idées de mise en scène ou de scénario (répliques d'êtres humains, créatures à moitié robotiques, fantômes d'humains décédés revivant dans des machines, reconstitutions vidéos en 3D, chat qui peut changer de peau...).

Cet environnement est particulièrement réussi, tant du point de vue de sa cohérence que de son aspect esthétique, vraiment de toute beauté. L'animation est très réussie. 

Pour le reste, Mars express ne présente quasiment pas d'intérêt. Il propose une histoire qui reprend l'ambiance des grands romans noirs américains (j'ai pensé très fort à Dashiell Hammet), appliquée à des thématiques inspirées d'Asimov et de Philip K. Dick. Quelques jours après avoir vu le film, j'ai quasiment tout oublié de ses péripéties.

Difficile de le conseiller, même si je ne regrette pas de l'avoir vu : à vous de voir, en fonction de votre appétence pour la SF d'une part, et pour les films d'animation pour adulte d'autre part.

 

2e

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