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Christoblog

A cause des filles..?

J'ai une sympathie particulière pour Pascal Thomas, qui trouve sa source dans le plaisir éprouvé il y a bien longtemps à la vision de films comme Pleure pas la bouche pleine (1973), ou Les maris, les femmes, les amants (1988).

Malheureusement, je ne peux pas dire autre chose que beaucoup de mal de sa dernière production, qui est une véritable catastrophe artistique. Le film est une succession de saynètes autour des relations amoureuses, basées sur les confidences que s'échangent les participants à un mariage raté (le futur mari s'est barré).

Ces petits tableaux composés poussivement ne sont ni drôles, ni originaux. Je ne sauverai de cette calamiteuse série que l'histoire de la jeune femme qui ne supporte pas que les poèmes de Beaudelaire (sic) tatoués sur tout le corps de son amant soient entâchés de fautes d'orthographe.

Le casting, pourtant séduisant sur le papier (José Garcia, François Morel, Rossy de Palma, Irène Jacob), est outrageusement mal dirigé. La scène finale est un massacre hideux, dans lequel une figure tutélaire de la comédie française (Pierre Richard) est sacrifiée. 

Un naufrage à éviter par tout moyen à votre disposition.

 

1e

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Aller au Festival de Cannes (pour les nuls) N°4

Ce dernier opus de ma série de conseils pour ceux qui veulent aller au Festival de Cannes est consacrée à l'accréditation apparue en 2018 : 3 jours à Cannes.

Ce qui va suivre est un résumé tiré de plusieurs témoignages, dont celui de Maxime Decerier et celui de Nicolas Am. Je les remercie tous les deux.

Pour bien comprendre ce qui va suivre, il est préférable d'avoir lu les 3 premiers articles.

Pour les jeunes uniquement

Premier point important, cette accréditation ne concerne que les jeunes de 18 à 28 ans, de toutes nationalités. Officiellement, elle a été crée pour rajeunir l'audience du festival et permettre à des jeunes de profiter du plus grand Festival de cinéma au monde. Il est évident que cette initiative permet aussi d'augmenter les audiences en dehors du week-end central et de rééquilibrer la fréquentation sur les 11 jours de festival, puisque trois sessions sont désormais ouvertes : une en début de Festival (du mercredi au vendredi de la première semaine), et deux plutôt à la fin (du lundi au mercredi, puis du jeudi au samedi de la deuxième semaine).

Comment ça marche ? Il suffit d'envoyer une lettre de motivation au Festival en passant par le portail d'inscription ! 1500 jeunes environ sont sélectionnés et il y aurait eu 10000 candidatures en 2023. On voit donc que la probabilité d'être retenu est loin d'être négligeable.

En 2018, les réponses favorables ont parfois été envoyées très peu de temps avant le début du Festival, ce qui a posé évidemment de gros problèmes logistiques pour se loger.

Comment ça marche ?

L'accréditation 3 jours à Cannes ne fonctionne que les pendant 3 jours, comme son nom l'indique. 

Elle permet l'accès : 

- au cinéma Les Arcades pour des projections exclusivement dédiées aux pass 3 jours (extrait ci-contre). La programmation est constituée de la plupart des films en compétition, et de quelques films de la sélection Un certain regard. Comme les salles des Arcades font environ 300 places, les places sont chères !

- à certaines séances spécifiques à l'intérieur du Palais comme les masters class (à condition d'en faire la demande préalable au bureau des invitations), certaines séances "du lendemain" et lors du dernier jour, à la reprise de tous les films en compétition. 

- au système de réservation des invitations qui permet d'accéder aux séances officielles dans le Grand Théâtre Lumière. Pour cela vous avez accès à la Centrale de réservation informatique. A priori, en 2018, il a été possible d'obtenir par ce biais des invitations pour des séances en journée, mais quasiment aucune pour les séances du soir. Bien sûr il est toujours possible de procéder aux séances de quémandage que je décris dans les articles précédents. Une séance spécifique de Star Wars Solo semble également avoir été ajoutée le vendredi 18 mai 2018 à 22h visant en particulier la population des pass 3 jours : comme toujours à Cannes, il faut être perpétuellement aux aguets ! Pour toutes ces projections, vous êtes soumis aux même règles que les autres festivaliers (voir articles précédents)

- aux séances d'Un certain regard salle Debussy, de la Semaine et de la Quinzaine, et aux salles annexes comme le Cineum, dans les mêmes conditions que les badges Festivalier (cf mes autres articles).

Conclusion

Le pass 3 jours est une bonne façon de découvrir le Festival de Cannes. Si vous avez les moyens de vous loger il peut être agréable de venir un ou deux jours avant le jour de début de votre accréditation : votre accréditation 3 jours ne vous sera d'aucune utilité, mais vous pourrez fréquenter la Quinzaine en achetant vos billets, et vous pourrez aussi vous favoriser avec les lieux pour être pleinement opérationnel le jour J.  

Pour bien comprendre comprendre le fonctionnement du festival de Cannes dans son ensemble, je vous conseille de lire  :

Aller au Festival de Cannes pour les nuls #1

Aller au Festival de Cannes pour les nuls #2

Aller au Festival de Cannes pour les nuls #3

 

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Les invisibles

Peut-on faire un bon film avec de bons sentiments ? Le bon sens cinéphile répond habituellement non, même si parfois il arrive qu'un film de ce genre tire occasionnellement son épingle du jeu.

Pour que les bons sentiments puissent faire un bon film, il faut plusieurs conditions. D'abord que le film évite à tout prix la mièvrerie quand il cherche à générer de l'émotion. Les invisibles de ce point de vue respecte parfaitement le cahier des charges : on y pleure souvent, mais les larmes restent toujours dignes, et se mêlent si facilement aux rires qu'on se sent simplement touchés au coeur, plutôt que triste ou joyeux.

Les films de bons sentiments ne doivent pas non plus tricher avec la réalité. Ils doivent montrer les choses comme elles sont, sans les embellir ni les noircir. Louis-Julien Petit excelle dans ce registre : son film ne cache rien de la réalité de ces femmes SDF, mais le fait sans emphase. Les moments difficiles ne sont pas sordides, et les victoires sont modestes. 

Enfin, il faut que l'interprétation soit parfaite et que les acteurs évitent à tout prix le cabotinage, faute de quoi les bonnes intentions deviennent méprisables. Corinne Masiero, toute en retenue, trouve ici un de ses meilleurs rôles : impériale en patronne taiseuse et bienveillante. Noémie Lvovsky est touchante en bourgeoise qui veut aider et Audrey Lamy convaincante en garçon manqué qui fonce dans le tas.

Mais finalement, ce qui rend Les invisibles si aimable et ce qui explique son formidable succès en salle, c'est la prestation des femmes qui jouent les SDF et ont elles-mêmes vécu dans la rue : comment résister à leur incroyable prestation ? Toutes ces femmes sont infiniment touchantes et génèrent naturellement un immense sentiment d'empathie et d'admiration.

Je vous le recommande chaudement. 

 

3e

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Concours L'amour debout : gagnez 2x2 places (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 30 janvier du film de Michaël Dacheux, je vous propose de gagner 2 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quelle ville s'est déroulé le tournage du film ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 1er février 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

NB : un des deux lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Concours DVD Shut up and play the piano (Terminé)

A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 4 exemplaires du DVD du film Shut up and play the piano, consacré à Chilly Gonzales.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quel pays est né Chilly Gonzales?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 6 février 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

NB : un des quatre DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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La mule

A la question "Que vaudrait le même film sans Clint Eastwood acteur ?", on peut objectivement répondre "Pas grand-chose", voire "Rien du tout".

La mule est en effet un film médiocre de plusieurs points de vue : un montage lymphatique, des personnages secondaires caricaturaux, un scénario anorexique, une mise en scène fainéante.

Le film ne vaut que par l'autoportrait un brin complaisant qu'il constitue. 

Pour résumer, voici ce que l'acteur veut nous faire comprendre : certes, je suis un égoïste insensible aux autres, un poil misogyne, raciste et homophobe, mais en réalité il faut me pardonner parce qu'à la fin tout le monde finit par m'aimer. Le film se résume en effet à cette démonstration : sa femme le déteste puis finit par mourir réconcilié avec lui, sa fille (jouée par Alison Eastwood, sa propre fille) le hait puis finit par l'inviter pour thanksgiving, le policier qui parvient à l'arrêter l'admire, les mafieux mexicains finissent tous par l'apprécier, même les plus durs d'entre eux, les Noirs qu'il traite de niggers lui répondent gentiment.

Le personnage d'Earl suscite l'attendrissement compassionnel comme le ferait un bébé. On pardonne tout au vieux et roué briscard, qu'on devine plutôt soutien de Trump que de Clinton ou Obama, comme l'est Eastwood lui-même.

Les effets émollients de cette auto-hagiographie finissent par atteindre aussi les spectateurs et les commentateurs, qui tous semblent perdre leur sens critique devant ce qui n'est qu'une pochade maladroite qui n'attirerait que les sarcasmes si elle était réalisée par un quidam : les courses se suivent d'une façon très ennuyeuse, les enjeux dramatiques sont ridiculement faibles et l'évolution des relations familiales versent finalement dans des torrents de mièvrerie lors de la réunion familiale.

A ne voir que si vous êtes fan du presque nonagénaire et réactionnaire réalisateur.

 

1e

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L'heure de la sortie

Le film part d'une bonne idée : le professeur d'une classe de surdoués se suicide. Son successeur (Laurent Lafitte, assez peu convaincant) enquête sur un groupe de six  jeunes, beaucoup trop lucides pour leur âge.

Le problème est que le réalisateur, Sébastien Marnier (on lui doit Irréprochable), lorgne dans beaucoup de directions sans en choisir vraiment une. Le film oscille donc entre une enquête fantastique à la mode de Stephen King, un thriller messianique façon Jeff Nichols et une chronique sociale ... à la française. 

L'heure de la sortie est au final une mayonnaise ratée : les effets fantastiques (les bêtes sauvages envahissent la ville, l'électricité varie mystérieusement d'intensité, les cafards sortent de l'évier) surnagent comme de l'huile au-dessus d'un magma informe qui comprend des seconds rôles ratés, une intrigue étirée à l'excès, un évident manque d'imagination et une scène finale très moche.

De bonnes intentions et une ambiance de mystère qui par instant fait mouche : voilà ce qui sauve le film de l'échec total.  

 

2e

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Green book

Pour apprécier Green book, il ne faut pas être allergique aux films "à Oscars", c'est-à-dire aux numéros d'acteur, aux bons sentiments, aux scénarios très calculés et à un certain académisme dans la mise en scène.

En ce qui concerne les bons sentiments par exemple, il est difficile d'imaginer plus consensuel : un italo-américain raciste et violent accompagne un musicien noir plus cultivé que lui dans une virée dans le grand Sud américain. Les deux lascars finiront bien sûr par apprendre à se connaître et par devenir amis.

Pour ce qui est des numéros d'acteurs, Viggo Mortensen cabotine brillamment, avec quinze kilos de trop et un sourire qui semble demander perpétuellement le chemin de la cérémonie des Oscars. Le formidable Mahershala Ali, déjà remarqué dans le non moins formidable Moonlight, est peut-être encore meilleur que Mortensen.

Malgré toutes les réserves qu'on peut donc avoir sur l'aspect attendu et conformiste du film, il faut reconnaître qu'on prend un plaisir certain à suivre le voyage cahotique de ce couple improbable, qui a un fameux mérite : celui de rappeler à quel point la ségrégation raciste est une horreur incompréhensible, et qu'elle était encore tout récemment mise en oeuvre par des quidams pas plus mauvais que les autres.

Si on peut reprocher à Peter Farrelly d'avoir eu la main un peu lourde dans le casting et la direction artistique (les italiens sont vraiment too much) et de n'avoir pas assez utilisé les ciseaux lors de son montage, on peut aussi le féliciter d'avoir su parsemer Green book d'une foule de petits moments touchants ou drôles.

Un divertissement solide et édifiant, à voir en famille.

 

3e

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Ayka

Ayka est une plongée en apnée dans une Moscou glauque et boueuse, une sorte de toboggan sordide dans lequel on se laisse glisser sans opportunité de faire marche arrière ou même de freiner, un canto doloriste dans lequel une Madonne orientale tente de ne pas subir un calvaire qui paraît pourtant inévitable.

Par bien des aspects, Ayka pourra rebuter : certains lui reprocheront une accumulation de malheurs plus dégueulasses les uns que les autres, d'autres trouveront que le style caméra à l'épaule pour suivre une pauvre victime a été à la fois initié et conclu par les Dardenne avec Rosetta.

Il y a pourtant dans ce film bien des éléments intéressants pourvu qu'on ne soit pas trop sensible aux hémorragies internes et à l'injustice : une façon de filmer proche de la virtuosité, une urgence fiévreuse qui capte à merveille l'âme russe et son âpreté, une interprétation exceptionnelle qui a valu à Samal Yeslyamova le prix d'interprétation féminine à Cannes et enfin l'impression que chaque minute peut être la dernière de sa vie si Ayka prend la mauvaise décision.

Dur mais beau.

Sergey Dvortsevoy sur Christoblog : Tulpan - 2009 (**)

 

2e

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Concours DVD Rafiki (Terminé)

A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 4 exemplaires du DVD du très beau film de Wanuri Kahiu, Rafiki. 

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "Dans quel pays se déroule Rafiki ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 30 janvier 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

NB : un des quatre DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Doubles vies

Le dernier Olivier Assayas mêle de façon assez grossière une réflexion lourdingue (et déjà datée) sur la révolution numérique et des histoires quelconques de coucheries entre bobos.

Sur le premier sujet le film se contente d'enfiler les poncifs tout au long de séquences verbeuses et de longs exposés didactiques qui sonnent particulièrement faux. Cela donne des débats de haute volée dans le genre : "Une liseuse ne remplace pas la bonne odeur du papier ", suivi de :  "Oui, mais on peut partir avec plus de livres en vacances". Passionnant.

Les interactions entre les personnages sont absolument inintéressantes. On retrouve une jeune fille bisexuelle et carriériste qui semble le clone de Kristen Stewart, jouée par une Christa Théret transparente, un Vincent Macaigne égal à lui-même en écrivain raté et une Juliette Binoche en roue libre. Guillaume Canet est un tout petit peu plus intéressant que d'habitude, mais c'est surtout le personnage jouée par l'excellente Nora Hamzawi qui empêche le film d'être complètement nul.

En ce qui concerne le cadre, on navigue dans un univers bourgeois bon chic bon genre sans caractère : propriétés cossues, villa de bord de mer et appartements parisiens platement filmés. La mise en scène est paresseuse.

Tout cela sent l'entre-soi chichiteux, le rance et le roussi. 

N'est pas Alain Resnais qui veut. Le marivaudage sonne ici triste et même pas cruel.

Olivier Assayas sur Christoblog : Après mai - 2012 (*) / Sils Maria - 2014 (****) / Personal shopper - 2016 (**)

 

1e

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Border

Mieux vaut ne rien savoir de ce film avant d'aller le voir. Cette formule est un peu surfaite, mais elle est ici véritablement appropriée, tellement la découverte progressive de l'intrigue construit le plaisir qu'on éprouve.

Du coup, je suis bien embêté pour vous parler des qualités de Border ! Peut-être me faut-il insister sur l'interprétation hallucinante  (je me retiens, mais j'ai très envie d'écrire ce mot en majuscule) des deux interprètes principaux (Eva Melander et Eero Milonoff), qui signent là une sorte d'exploit hors catégorie.

Mais je pourrais tout aussi bien évoquer la progression implacable et absolument maîtrisée du scénario, la rigueur du montage, la solidité de la mise en scène et peut-être surtout une capacité scandinave hors du commun à faire ressentir le contact avec la nature et les éléments.

Il y a dans Border une grande part des qualités de Morse : c'est normal, les deux films sont tirés d'oeuvre du même écrivain, John Alvide Lindqvist. On retrouve dans les deux films cette capacité à faire survenir l'impensable du quotidien, et celle de dessiner des personnages qui sont foncièrement attachants tout en étant fondamentalement différents.

Le premier choc de 2019.

 

 4e 

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Concours DVD Thunder road (Terminé)

A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 4 exemplaires du DVD du film de Jim Cummings, Thunder road. 

Pour ce faire :

- citez une de mes cinq chansons préférées de Bruce Springsteen

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 24 janvier 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD envoyé directement par le distributeur.

NB : un des quatre DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Shéhérazade

Derrière ce titre qui évoque un orient féérique, se cache un premier film âpre, dérangeant par son aspect documentaire sans concession, oppressant par sa progression dramatique.

On suit Zachary, 17 ans, à sa sortie de prison : une mère peu présente, des amis un peu voyous, l'expérience de la rue. Zachary tombe amoureux d'une jeune fille de 15 ans qui se prostitue, et devient son proxénète. L'histoire d'amour est belle, mais semble vouée à mal se finir. Les embrouilles vont inévitablement survenir, au fil d'un engrenage implacable et parfois shakespearien. 

Shéhérazade brille d'abord grâce à ses acteurs : tous non professionnels, choisis lors de castings sauvages, ils sont rayonnant de naturel. La façon dont le réalisateur Jean Bernard Marlin filme les bas-fonds de Marseille est quant à elle sidérante de vérité. Une fois accoutumé à l'accent mélangé au langage des cités et à l'image un peu sale, on est viscéralement immergé dans ces décors de chambre délabrée, de prostitution de rue et de foyers de placements.

En parvenant à montrer les traces d'enfance qui subsistent chez les deux personnages principaux, le film remue et captive : il est à la fois pesant et aérien, triste et joyeux, à l'image de la dernière scène, magnifique.  

 

3e

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L'homme fidèle

Il y a quelque chose de platement germanopratin dans L'homme fidèle : un manque d'ambition dans la mise en  scène, un quant-à-soi satisfait et ronronnant, un réseau de références qui essaye de tenir lieu de talent.

Dans ce film, tout le monde est le quelqu'un de quelqu'un de connu  : Louis Garrel (fils et petit-fils de), Lily-Rose Depp (doublement fille de) et Laetitia Casta (compagne de l'acteur principal / réalisateur).

Le résultat est sans saveur et sans relief. Il comprend deux bonnes idées de scénario non développées (le prétendu meurtre du père et le pari de jeter son homme dans les bras de sa rivale), et pour le reste il se contente d'empiler des scènes superficielles, quelque part entre le marivaudage à la Emmanuel Mouret (sans sa perversité) et le spleen truffaldien (sans sa profondeur, malgré l'usage abondant de la voix off).

Ce n'est pas vraiment désagréable, mais on oublie L'homme fidèle dans les trente minutes suivant sa projection.

Louis Garrel sur Christoblog  : Petit tailleur - 2010 (***) / Les deux amis - 2014 (**)

 

2e

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Asako I&II

Il faudra sûrement compter avec Ryusuke Hamaguchi dans les années à venir. Après son très intéressant Senses en cinq épisodes, le voici qui est directement sélectionné en compétition au Festival de Cannes 2018 avec ce nouveau film. Pas sûr d'ailleurs que cet honneur ait parfaitement servi ce film en demi-teinte, tout en subtilité, qui se serait probablement mieux apprécié dans un cadre non-compétitif.

Une sorte d'ambiance surnaturelle préside d'abord à la rencontre de Asako et Baku, avant qu'un saut temporel nous projette dans le quotidien d'Asako et de son mari, Ryohei, qui ressemble beaucoup à Baku. La vie de tous les jours est montrée, comme souvent chez Hamaguchi, avec précision et subtilité. On suit donc d'un oeil mi-distrait mi-curieux cette histoire dont on ne saisit pas réellement le propos.

Le réalisateur s''ingénie d'ailleurs à multiplier les fausses pistes dramaturgiques : à chaque fois qu'on prévoit un rebondissement, celui-ci n'arrive pas, jusqu'au moment où celui qu'on n'attendait plus ... arrive, lors d'une scène d'une rare puissance. La deuxième partie du film est du coup plus intéressante que la première, et l'ensemble forme un ensemble tour à tour amoral, féministe, poétique et presque surnaturel.

Asako I&II laisse une drôle d'impression lancinante : celle d'avoir semé une myriade de signes dont on aurait perçu qu'une partie.

 

2e

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Wildlife - une saison ardente

Le premier film en tant que réalisateur de l'acteur Paul Dano est une réussite formelle.

Wildlife propose une reconstitution convaincante des années 60 dans un coin perdu du Midwest. La photographie est somptueuse, à tel point que certains plans rappellent irrésistiblement des tableaux d'Edouard Hopper.

La composition du jeune Ed Oxenbould, impuissant spectateur de la déliquescence du couple parental, est très solide. Jake Gyllenhaal ne fait pas grand-chose et le fait bien, Carey Mulligan en fait plus, avec beaucoup de mobilité dans le visage, comme à son habitude.

Malgré quelques tics de mise en scène, le résultat est plutôt intéressant à regarder, dans un mode vaguement féministe et agréablement allusif. L'intrigue n'est guère développée, mais ce n'est pas très grave, Wildlife est avant tout un film d'ambiance. 

 

2e

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