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Christoblog

Les soeurs de Gion

Ouf ouf ouf, j'aime bien parler de films que personne n'a vu et pour lesquels je n'aurai aucun commentaire (d'ailleurs il suffit que j'écrive cela pour qu'un petit malin décide d'en laisser un - de commentaire).

Bref, j'avais adoré Contes de la Lune Vague ... et aussi Les Amants Crucifiés. Donc je regarde ce film de Mizoguchi d'il y a ... 74 ans ... et je suis assez déçu. De la magie des oeuvres citées ci-dessus je ne vois pas grand-chose, sauf peut-être quelques beaux plans séquences, et des attitudes féministes qui sont diablement en avance sur leur temps.

Sinon le film est assez ennuyeux, bien que très court, heureusement, et à vrai dire, les acteurs masculins se ressemblent tellement tous que je ne suis pas sûr d'avoir suivi toute l'intrigue. Bref, il s'agit de geishas cherchant protecteurs, une vieille, et sa soeur, plus jeune, plus moderne, mais aussi manipulée au final.

C'est noir, c'est sûrement un moment de cinéma important, mais au final ça suscite l'ennui, surtout dans cette version un peu floue par moment.

Ma critique reflète l'état d'esprit d'un spectateur lambda et un peu obtus, mais si vous êtes cinéphile vous apprécierez cette approche érudite et pertinente sur le blog de Nostalgic du cool.

 

1e

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Promets moi

Mirjana Karanovic. Jean-Marie LeroyAlors voilà. Je suppose qu'il faut tomber amoureux de l'actrice principale pour apprécier ce film de Kusturica (pas très dur comme vous pouvez le constater à gauche).

Sinon, et c'est mon cas, vous resterez dubitatif face à un grand déballage serbo-foutraque dans lequel un burlesque à la Tati côtoie l'image léchée et acidulée d'une Amélie Poulinovitch.

Pourtant, bien que le film m'ait copieusement exaspéré (l'homme volant, c'est vraiment n'importe quoi) j'ai du mal à en écrire le plus grand mal. C'est comme si le conflit entre le bandit moustachu (un Groucho Marx qui veut reconstruire les twin towers en Serbie) et les deux frères chauves suscitait en moi une sorte de plaisir coupable, du genre : je lis des BD sous les draps quand j'ai 8 ans.

Il reste l'actrice et ses chapeaux, et le jeune acteur, tous deux très intéressants, et quelque chose de grand qu'on devine de la part de Kusturica, comme l'écho du génie enfoui sous la meringue et les effets trop appuyés.

 

Un drôle de film, à défaut d'être un film drôle.

1e

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L'illusionniste

Pathé DistributionBon, ceux qui me connaissent savent que je ne fais pas toujours dans la dentelle.

Le film m'a beaucoup déçu, mais en introduction peut-être faut-il dire qu'il est tellement lié à Tati (par tant d'aspects que je ne peux détailler ici), que l'intérêt qu'on peut éprouver envers lui est directement lié à l'intérêt qu'on porte à Tati lui-même. Or ce dernier m'a toujours passablement ennuyé. Ceci expliquerait donc cela.

Donc, vous voyez bien ce que va être mon opinion:

En + : des images magnifiques, dignes d'un Miyazaki très en forme, un portrait d'Edimbourg superbe.


En -, le reste, une intrigue rabougrie et ambigüe qui ne suscite qu'un intérêt limité. Je ne détaille pas le sujet cousu de fil blanc (est-ce que le vieux magicien est amoureux de la jeune insouciante transparente ?), il n'en vaut pas la peine.

Bof, bof, et l'aspect quasi-muet du film n'arrange rien. Une réussite esthétique, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant pour déchaîner le flot de critiques laudatives que j'ai pu lire.

 

2e

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Rude boy

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51lG3LQSP%2BL._SL500_AA300_.jpgRude boy est une sorte de film culte. Tourné en 1980, il est un peu l'ancêtre de ce qu'on appellerait aujourd'hui une docu-fiction. Il nous présente la vie de Ray, raté quasi intégral, alcoolique, travaillant dans un sex shop, et qui a des idées plutôt raciste. Ray devient un peu par hasard roadie des Clash, mais brille par son incompétence (il a du mal avec les écrous) et sa capacité à draguer les filles dans les concerts.

Le scénario est donc inintéressant au possible mais le film vaut d'être vu pour deux raisons :

1 - Il nous présente un tableau passionnant de l'Angleterre de la fin des années 70. On a un peu oublié aujourd'hui combien l'extrême droite (le National Front) était présente, et comment Thatcher a surfé sur cette tendance pour accéder au pouvoir : les images d'archive montrant ses discours sont exemplaires. On a aussi oublié combien la vie semblait morne et à quel point le mouvement punk était vraiment révolutionnaire dans ce contexte.

2 - Voir les Clash en début de carrière, zonant de salle miteuse en hôtel cheap, est quelque chose de fascinant. Le groupe dégage une impression d'énergie brute comme probablement aucun autre ne l'a jamais fait. Car derrière le génial et regretté Joe Strummer (ses 2 improvisations au piano montrent combien ce gars était possédé par la musique), c'est un gang nerveux comme un electro-choc qu'on voit dans des scènes de concert stupéfiantes. Un Mick Jones génial (ah cette interprétation, seul au micro, de Stay Free), un Paul Simonon monté sur des échasses d'épileptiques et un Topper Headon s'entraînant sur un punching ball comme si sa vie en dépendait. Un commando de mecs secs comme des brindilles, arborant des T-shirt des Brigades Rouges sans savoir exactement ce qu'elles sont, qu'on croirait branchés sur le 220 volts et semblant foncer dans une Angleterre quasi fasciste comme un TGV insouciant.

 

Le plus grand groupe du monde ?

2e

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Summer wars

Superbe !

Difficile de résister au charme du dernier opus de Mamoru Hosoda (La traversée du temps).

Cela commence comme dans un Imamura : une grande réunion de famille à la campagne, avec des repas qui rappellent ceux de l'excellent Still walking, une ambiance et des images très classiques. La jeune Natsuki s'invente un petit ami, Kenji, pour faire plaisir à sa grand-mère. Wabisuke est le fils illégétime du patriarche de la famille, et il revient après avoir disparu pendant 10 ans et avoir dilapidé l'héritage. Le film montre donc une grande famille, avec chaque membre qui a sa propre personnalité (le flic colérique, le pompier, celui qui rappelle constamment les exploits antiques du clan, les enfants, le jeune geek, etc). Une savoureuse galerie de portraits.

Kenji est un prodige en maths. Un soir il reçoit un mail bizarre : une longue suite de chiffres : est-ce un défi ? Il répond le matin après avoir travaillé toute la nuit, et sans le savoir vient de donner les armes nécessaires à une monstrueuse créature sévissant dans OZ, l'univers virtuel dans lequel le monde entier peut se connecter. A partir de ce moment les intrigues entre OZ et la vieille maison familialle vont s'interpénétrer, mettant en jeu une catastrophe nucléaire, sur un mode à la fois efficace et extrêmement touchant.

L'alternance des images magnifiques de OZ, rappelant l'univers déjanté d'un Murakami, et celles, traditionnelles, d'un Japon éternel, est très stimulante.

Le scénario est travaillé, l'émotion au rendez-vous, le rire aussi. Une réussite à tout point de vue. A voir absolument si vous le pouvez, la distribution est une fois de plus confidentielle.

 

4e

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L'autre rive

L'Autre Rive pourrait être ce film de festival de plus, road movie d'Europe / Asie centrale multi primé, peu vu et globalement inintéressant.

Il ne l'est pas.

D'abord grâce à cet acteur enfant qui louche (ce n'est pas un simple gimmick, il louche et c'est tout). Ensuite grâce à ces paysages incroyables et ses scènes étonnantes qui se déroulent sous nos yeux, sans affect, sans pathos. Ce qui différencie L'Autre Rive de ses "comparants" c'est probablement cela : la volonté de faire sec, simple, frappant, tout en privilégiant une certaine idée de ce qui est beau.

Restent de belles rencontres, par exemple cette soirée quasi onirique chez le couple dont on se demande s'ils sont bons samaritains ou ogres potentiels.

Une belle soirée entre Géorgie et Abkhazie, dépaysante à souhait.


2e

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Enter the void

Wild Bunch DistributionRegarder Enter the Void me rappelle cette blague idiote du fou qui dit "Ca fait du bien quand ça s'arrête" après s'être écrasé pendant des heures le pouce gauche avec un marteau tenu dans la main droite.

Première partie

Le générique est très chouette. Illisible. Sauf qu'on voit très bien Noé. Japonais. Psychédélique. Hype. Sympa. D'une certaine façon le film serait parfait s'il s'arrêtait là.

Deuxième partie

C'est un peu la suite d'Irréversible. Montage serré, caméra subjective (à chaque fois que le personnage principal cligne de l'oeil il y a un noir à l'écran, il fallait y penser), Oscar est un dealer à Tokyo, il a une soeur, Linda, un copain Alex, un client Victor. A ce moment là (30 minutes environ après le début du film), tout va bien, on ne s'ennuie pas trop.

Troisième partie

Oscar est tué. Son âme erre au-dessus de la ville.  Pendant deux heures on a droit à l'enchaînement : caméra plongeante sur les rues de la ville, scène de l'intrigue, plongée de la caméra dans un objet circulaire (vagin, égout, cendrier, lampe, feu de cuisinière, etc), sorte de vision d'un intérieur galactique ou vaginal (ou l'inverse), puis re-scène de l'intrigue, plongée... bref vous avez compris. Sans les tics de Noé l'intrigue tient en deux lignes : Oscar baisait la mère de Victor, c'est pourquoi Victor a niqué Oscar, Alex en pinçait pour Linda, qui elle se laissait séduire par Mario. C'est tout. C'est tout ? C'est tout.

Deux heures, c'est long. On a le temps de regarder en biais les voisins de calvaire. Les flash-backs sont tellement ridicules que je n'ose même pas en parler.

Si on cumule les scènes qui ne signifient rien (écrans monochrones, trip lié à la drogue, survol de la ville, matrice pleine de synapses colorés) on doit bien atteindre 45 minutes. C'est trop. Ah oui, on voit l'intérieur d'un vagin pendant l'acte (c'est marrant comme c'est éclairé de l'intérieur, ça doit être la mère Noël), et aussi après la réincarnation le cordon qui est coupé. Délivrance ! Enfin on peut sortir...

J'ai envie de dire à Noé : chiche de faire un film sans lumière rouge, sans plongée, et sans que la caméra tourne une fois autour de son axe. Fais ça, et après on discutera.

La psychologie nunuche qui s'attache au pauvre développement moral ne mérite même pas qu'on s'y attarde : je tête ma mère donc je fume, etc... En matière de psychédélisme à deux ronds, on touche le fond. Le livre des morts tibétain est commenté dès le début afin qu'on comprenne bien : quand deux personnes font l'amour, na na ni na na na, et à la fin tous les couples du Love Hotel dégagent des volutes positives : Hosanna ! Oscar est mort et ressuscité : à ce moment là, Enter the Void fait partie des films qu'on a honte de regarder jusqu'au bout tellement c'est bête.

RIP.

 

1e

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Control

Control raconte l'ascension de Ian Curtis, chanteur mythique de Joy Division, qui s'est suicidé à 23 ans.

Que vous connaissiez, ou aimiez, la musique de Joy Division a peu d'importance. L'intérêt du film est ailleurs, dans le magnifique portrait d'un jeune Rimbaud épileptique, issu du fond de l'Angleterre. 

Control fait partie de ces films qui possèdent une sorte de grâce intrinsèque. Tout ce qu'il tente, tout ce qu'il propose, semble parfait et adéquat, parfaitement dans le ton.

Les moments de création, le mariage et la petite fille arrivés trop tôt, puis un véritable amour, rayonnant, lumineux. L'angoisse de la maladie, augmentée de celle de l'inspiration, puis de celle de la culpabilité du à ses incartades conjugales, tout cela est superbement montré. Le film est tourné dans un noir et blanc, riche, profond, chaud, l'exact opposé de celui du Ruban Blanc.

Quelle émotion profonde de suivre cette belle histoire racontée avec talent, servie une mise en scène inspirée et une direction d'acteur époustouflante ! (J'ai commencé par dire que ce n'était pas le plus important, mais la composition de l'acteur Sam Riley est incroyable, notamment dans les quelques scènes de concerts).

Bonus, pour ceux qui ont connu cette époque, on croise les ombres de Bowie, de Lou Reed, de Cabaret Voltaire, des Sex Pistols, des Buzzcocks, des Clash...

Une telle maestria dans la mise en scène laisse augurer d'une grande carrière pour Anton Corbijn.

 

4e 

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