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Christoblog

Articles avec #animation japonaise

Le garçon et le héron

Le dernier (ultime ?) film d'Hayao Miyazaki me laisse partagé.

J'ai trouvé les premières scènes de l'incendie sublimes. Le travail sur la représentation du feu, la concision diabolique du montage, le travail sur les lumières et les son, les effets de ralentis lors de la course effrénée du jeune garçon : tout respire le génie à plein nez.

Dans la foulée de cette formidable entrée en matière j'étais pleinement disposé à m'extasier et à m'émouvoir, et la première partie du film m'a beaucoup plu, avec ses sublimes paysages aquarellés, ses irruptions délicates de bizarreries (le héron bien sûr, si gracieux, mais aussi les vieilles servantes, les poissons, les grenouilles).

Et puis, petit à petit, Miyazaki m'a perdu. Le dédale de lieux traversés par le jeune Mahito, la profusion de références en tout genre, le manque de cohérence artistique des procédés utilisés : le voyage au-delà du miroir du héros m'a perdu et même parfois ennuyé. Je vois bien les enjeux qu'aborde alors le film, mais ils m'ont parus fastidieusement traités, au travers de processus particulièrement tarabiscotés. 

La profonde originalité de Miyazaki, qui consistait pour moi à faire émerger délicatement le merveilleux à la surface du réel, est absente de cette deuxième partie, qui est certes estimable, mais ne génère pas la même émotion que l'ont fait récemment les sublimes Suzume, de Makoto Shinkai, et Belle, de Mamoru Hosoda, les véritables experts de mondes parallèles débridés.

Un autre élément m'a gêné également : j'ai trouvé que la personnalité de Mahito était complètement atone et que son personnage était pauvre en émotion, ce qui ne facilite le travail d'empathie du spectateur.

Je suis peut-être devenu très exigeant avec Miyazaki, mais la pureté formelle et la simplicité apparente d'un film comme Porco Rosso emporte de loin ma préférence.

Hayao Miyazaki sur Christoblog : Ponyo sur la falaise - 2008 (**) / Le vent se lève - 2013 (***)

 

2e

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Suzume

Quelle autre cinématographie que le monde des anime japonais possède aujourd'hui ce mélange d'imagination infinie et de maîtrise technique exceptionnelle ? Aucune. 

On retrouve en effet dans Suzume toutes les qualités qu'on aime chez les cinéastes d'animation de ce pays, de Miyazaki à Hosoda : un sens inné de la poésie, une capacité à ne pas se brider dans la recherche de l'émotion pure et une faculté incroyable à aborder les thématiques lourdes (le deuil, la mort) avec légèreté. Lorsqu'on y songe, ce sont ces qualités qui ont permis, il y a bien longtemps, à Disney de conquérir le monde (je pense à Bambi ou Dumbo par exemple).

Bien loin des marvelleries franchisées et insipides, Makoto Shinkai réussit ici à produire une oeuvre d'imagination pure, qui suscite une sorte d'émerveillement perpétuel par la conjonction d'une technique irréprochable (les paysages sont d'une beauté à couper le souffle) et d'une rigueur d'écriture qui atteint ici des sommets.

Les précédents films de Shinkai étaient déjà brillants, mais certains pouvaient leur reprocher leur caractère touffu, leur BO envahissantes et leur boursouflures narratives. Dans Suzume, le réalisateur à mis en oeuvre ses qualités habituelles, et a gommé les petits défauts : la narration, bien que complexe, est parfaitement lisible, le rythme est parfait et la BO est un mix réjouissant de plusieurs genres (du jazz à la pop japonaise en passant par la musique symphonique hollywoodienne).

Ajoutez à tout cela des personnages (en majorité féminins) admirablement dessinés, des idées de génie (à l'image de cette chaise à trois pieds devenant personnage principal) et vous obtenez ce que l'animation peut proposer de mieux aujourd'hui en salle. 

Un bain continu d'émotions fortes, à découvrir absolument.    

Makoto Shinkai sur Christoblog : Your name - 2016 (***)

 

4e

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Sing a bit of harmony

La puissance des anime japonais, en matière d'énergie positive et de narration décomplexée, n'a pas aujourd'hui d'équivalent dans le monde. Ce que propose ici Yasuhiro Yoshiura se situe à un niveau d'imagination débridée que peu de productions américaines ou européennes pourront atteindre. 

Le pitch est casse-gueule : une intelligence artificielle est envoyée "incognito" dans une école par un groupe de chercheur en informatique, sous la forme d'une jeune fille. Las ! Elle est démasquée immédiatement, et l'intrigue doit donc rebondir vers d'autres pistes complexes, très émouvantes et pour certaines, un peu tirées par les cheveux !

Ce qui fait tenir un tel projet debout, c'est l'incroyable optimisme qui draine l'ensemble. Le scénario ose tout, sublime tous les poncifs en provoquant sourires, pleurs, rires, étonnements, avec un sens du rythme qui rappelle celui de la grande comédie musicale américaine. C'est enlevé et très maîtrisé dans la progression dramatique, jusqu'à un final formidablement réussi.

Pour les amateurs du genre, du très solide. Le film, que j'ai découvert à Annecy, est malheureusement très mal distribué en France.

 

3e

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Belle

Quelle production cinématographique actuelle peut revendiquer autant de lâcher-prise, autant d'inventivité débridée que Belle ?

Aucune. Il faut l'âme d'enfant de Mamoru Hosoda, sa fascinante humilité au service de l'émotion, pour générer autant de vibrations sensorielles.

Tout n'est certainement pas parfait dans ce dernier opus, mais tout y est tellement sincère qu'on ne peut que se laisse entraîner dans le torrent d'idées qu'Hosoda parvient à brasser, mélange étonnant de quotidienneté déprimante et de rêveries fantastiques. Peu d'oeuvres sont à ce point capables de nous faire pleurer sur des idées aussi simples (et des chansons aussi vulgaires). L'art d'Hosoda, qui explosait déjà dans le fameux Summer Wars, se rend ici plus accessible, plus directement abordable.

Les quatorze minutes de standing ovation dans la salle Debussy cet été (c'est mon record à Cannes) ont démontré la puissance de l'évocation hosodienne : une magie de l'enfance est ici à l'oeuvre, mélangeant ses aspects les plus sombres et ses espoirs les plus fous. C'est sublime, jusqu'à cette fin mezzo voce, si représentative de l'état d'esprit de Hosoda, artisan de cinéma modeste et génial.

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars - 2010 (****) / Le garçon et la bête - 2016 (***) / Miraï, ma petite soeur - 2018 (**)

 

4e

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Miraï, ma petite soeur

A ceux qui, comme moi, ont été estomaqués par l'ampleur et le foisonnement imaginatif des films précédents de Mamoru Hosoda, Miraï, ma petite soeur pourra peut-être apparaître comme une œuvre mineure, voire décevante.

En effet ici peu d'effets spéciaux, de mondes parallèles ou de monstres protéiformes, mais la simple immersion dans la psyché d'un petit garçon de quatre ans qui vient d'avoir une petite sœur. L'exercice est donc minimaliste, et il faut l'incroyable talent de Hosoda pour tenir la distance d'un long-métrage.

Pour réussir ce qui tient d'une gageure, le réalisateur japonais (qui s'affirme de plus en plus comme le successeur de Myiazaki dans le Panthéon de l'animation nippone) utilise toutes sortes de subterfuges délicats : l'architecture incroyable de la maison qui permet nombre de pirouettes, des aller-retours dans le temps d'une grande beauté et une mise en scène très cinématographique qui joue superbement sur les cadres et la profondeur de champ.

Le résultat est un condensé de poésie et de délicatesse. A conseiller en cette période de Noël. 

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars - 2010 (****) / Le garçon et la bête - 2016 (***)

 

2e

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Dans un recoin de ce monde

Les potentialités de l'anime japonais semblent infinies.

On a vu par exemple ces derniers temps un manifeste d'esthétisme pop new age (Your name), une fable poétique formidable (Le garçon et la bête) et un portrait de femme sur fond historique (Miss Hokusai).

Dans un recoin de ce monde aborde un nouveau genre : le mélodrame à la Douglas Sirk. Le réalisateur Sunao Katabuchi nous raconte l'histoire de la jeune Suzu, obligée de quitter sa famille pour aller se marier avec un inconnu dans un village éloigné. 

Suzu est un peu simplette. Elle apprécie les petits plaisirs quotidiens, est plutôt réservée et dessine très bien. Sa nouvelle famille est composée d'une belle soeur acariâtre, d'un doux mari, d'une petite nièce ravissante et de beaux-parents qui vieillissent. Il est très touchant de suivre cette expérience de vie à la fois unique et un peu quelconque.  

Le fait que l'action se situe aux environs d'Hiroshima en 1944 ajoute bien sûr à l'intérêt du film, même si le sujet de la bombe n'est pas décisif dans le film, et fait l'objet d'un traitement admirablement distant. La description des conditions de vie durant la phase de guerre conventionnelle est très intéressante, et c'est un autre évènement, dont je ne dirai rien ici, qui va entraîner le récit dans une autre dimension, immensément triste.

Sans être bouleversant (Kutabuchi adopte une distance narrative à grand coup d'ellipses qui limite les épanchements lacrymaux), le film est captivant par son attention portée à des détails de la vie quotidienne, sa capacité à rendre la nature merveilleusement exotique et une intelligence pour exploiter la géographie des lieux de l'action (paysage, maison).

Un bien beau moment, qui recèle de magnifiques parenthèses poétiques. 

 

3e

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Your name

Un truc incroyable avec les anime japonais, c'est leur capacité à brouiller les frontières entre bon et mauvais goût.

Parce que, franchement, après le générique d'introduction de Your name, il y aurait toutes les raisons de fuir à grands pas la salle de cinéma, ne serait-ce qu'à cause de l'affreuse musique pop japonaise qui l'enrobe.

Et puis le film commence, et comme souvent on est capté par l'incroyable capacité des auteurs à alterner les différences de tons (comédie romantique, chronique juvénile, tableau de la ruralité, énigme conceptuelle) tout en maintenant en éveil la curiosité du spectateur. 

L'intrigue se complexifie progressivement avec un degré de raffinement qui pourra laisser le spectateur lambda perplexe, et qui en tout cas est bien loin des standards occidentaux. Le prodige de ce type de film, c'est que le dédale conceptuel qu'il génère ne nuit pas à l'intensité des émotions décrites, qui varient elles-mêmes de qualité et de tons : nostalgie triste, espoir éperdu, amour sincère.

On est comme figé sous un déluge d'imagination débordante, de sensibilité un peu primaire, de nostalgie proustienne et d'esthétisme pop. C'est déroutant, enivrant et fugitivement magnifique.

 

3e

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Le garçon et la bête

Les cinéastes japonais possèdent cette incroyable capacité de mêler le réalisme le plus ordinaire (ici des vues urbaines de Shibuya, le quartier le plus dense de Tokyo) à un onirisme exacerbé (ici un monde parallèle habité par les animaux).

Le jeune héros passe de l'un à l'autre par le biais d'un passage d'une grande poésie, un peu sur le mode de la voie 93/4 d'Harry Potter. 

C'est d'ailleurs dans ces aller-retours successifs entre les deux mondes que le film de Mamoru Hosoda trouve sa force, comme c'était d'ailleurs le cas dans un des films précédents de Hosoda, Summer Wars

Une autre des caractéristiques du Garçon et la bête est sa capacité à se montrer dans un premier temps à la fois complexe et très sec dans son traitement : le personnage de la Bête est peu agréable et il faudra attendre la toute fin pour que se dessine son adoucissement. On est, comme chez Miyazaki, à mille lieues des minauderies mielleuses ou des méchants franchement sadiques de l'animation US.

Les personnages de Hosoda sont complexes : les forts ne sont pas forcément gentils, les méchants peuvent souffrir et les faibles sans personnalité sont sympathiques.

Le film est donc un petit miracle d'imagination, un récit d'initiation à la fois merveilleux et réaliste : il faut aller le découvrir.

Mamoru Hosoda sur Christoblog : Summer Wars (****) 

 

3e 

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Miss Hokuzai

J'avais trouvé très intéressant et original le précédent film de Keiichi Hara, Colorful.

Je m'attendais donc à être enthousiasmé par Miss Hokuzai, porté par une critique très favorable.

Malheureusement, le film m'a paru un peu creux, malgré des qualités esthétiques et une sensibilité indéniables. 

Je regrette de ne pas en apprendre plus sur la vie et la personnalité du peintre Hokusai, sur le marché de l'art de l'époque, sur l'environnement sociologique et politique du Japon du XIXème siècle. 

L'ambiance du film est fort jolie, mais les péripéties contées dépassent pour moi - certes de justesse - les limites du bon goût en matière de sensiblerie (la petite soeur) et se maintiennent en-deça de ce que j'aurais souhaité sur d'autres sujets (l'industrie de la confection des dessins érotiques par exemple). 

Si Miss Hokusai ménage de beaux moments de féerie (le tableau des enfers, la courtisane dont l'esprit s'évade), son contenu reste un peu fade et convenu.

Pour les fans d'anime le film est bien sûr immanquable, pour les autres cela dépendra de leur humeur du jour et de leur sensibilité aux parti-pris de Keiichi Hara, résolument orientés vers l'expression de sensations pures plutôt que vers un contenu informatif.

  

2e

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Le conte de la princesse Kaguya

Quelle beauté et quel incroyable célébration de la vie ! Voilà les premières impressions qui se dégagent lors de la vision de la dernière oeuvre d'Isao Takahata (Le tombeau des lucioles, Pompoko), l'autre maître des Studios Ghibli.

Trouvée miraculeusement dans un bambou, la princesse Kaguya est élevée par un couple de campagnards modestes. J'ai rarement vu la petite enfance aussi délicieusement montrée que dans ce film : être attendrissant sans être niais, c'est le génie des cinéastes japonais.

Las ! Le père décide de faire de sa petite fille une vraie princesse. Il l'emmène à la ville et lui fait enseigner les bonnes manières. La pauvre Kaguya dépérit, jusqu'à...

Incroyable melting pot de sentiments mêlés (émotion, panthéisme, tristesse, dépression, espoir, incrédulité), Le conte de la princesse Kaguya est une friandise à la fois acidulée et amère. On est tour à tour ému, révolté, triste et joyeux. 

Servi par des dessins d'une stupéfiante beauté, parfois profondément originaux (le rêve de fuite) et d'autres fois, il faut le dire, d'une kitscherie embarassante (la fin), le film s'avère être au final un morceau de choix pour celui qui aime le Japon, ou l'animation, ou les jolis contes.

 

3e  

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Tokyo godfathers

La sortie du dernier Hayao Miyazaki ne doit pas nous faire oublier les autres maîtres de l'animation japonaise, tel que Satoshi Kon, malheureusement disparu prématurément en 2010. 

Satoshi Kon est l'auteur de seulement quatre longs-métrages d'animation, mais il a nourri avec ces quatre films l'imaginaire de nombreux réalisateurs : on dit par exemple que les rêves gigognes d'Inception de Christopher Nolan sont inspirés de ceux de Paprika, le dernier film de Satoshi Kon.

Avec Tokyo godfathers, c'est une curieuse veine réaliste qui est explorée par le réalisateur japonais. Le film s'attache à suivre le parcours nocturne de trois SDF : un homme bourru et alcoolique, un transexuel séropositif et une jeune adolescente fugueuse qui a poignardé son père. Ces trois-là, liés par une affection forgée à l'école de la rue, trouvent un bébé abandonné. Ils vont remonter la piste des parents jusqu'à retrouver la mère et comprendre le pourquoi de l'abandon...

Le film est très surprenant par le caractère cru de ses dialogues et de ses situations : on n'est souvent pas très loin de la vulgarité, sans jamais y sombrer. Satoshi Kon n'hésite pas à aborder des thèmes plutôt graves comme la mort, la violence, les remords. Le résultat est un curieux mélange de fantaisie à la manière de Capra et de tristesse empathique, façon Fassbinder. Les visions nocturnes de Tokyo, traitées comme des photos, sont sublimes.

Largement méconnu, Tokyo godfathers mérite d'être (re)découvert pour la virtuosité de son scénario, le caractère attachant de ses personnages et la douce poésie qui se dégage de ses belles images urbaines.

 

3e 

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Le vent se lève

A ceux qui pensent trouver dans le dernier Hayao Miyazaki les mêmes envolées oniriques que dans Le voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké, il faut dire qu'il ne s'agit pas ici du même genre de film.

Le vent se lève est d'une veine beaucoup plus réaliste, et, du coup, il pourra décevoir certains fans.

En ce qui me concerne, j'ai été ravi par l'ambiance à la fois poétique et studieuse qui règne tout au long du film. Son introduction est magistrale : la première scène de rêve est d'une beauté qui coupe le souffle et fait monter immédiatement les larmes aux yeux. Les scènes d'enfance sont splendides, avec des trouvailles dans chaque plan (comme la vision troublée tant que Jiro n'a pas mis ses lunettes). Pour les amoureux du Japon, comme moi, le film est d'abord une merveille par sa reconstitution amoureuse de la vie campagnarde, qui ne semble pas avoir évolué en un siècle.

Le passage concernant le tremblement de terre est aussi un grand moment, qui résonne évidemment très fort avec la catastrophe récente qui a frappé l'archipel. C'est vers le milieu du film, dans le long développement consacré à la carrière d'ingénieur de Jiro, que Miyazaki pourra perdre quelques spectateurs au passage : le rythme est plus lent, les détails parfois un peu techniques et les développements politiques incertains (le voyage en Allemagne, le rôle des Services Secrets).

Enfin, pour apprécier l'histoire d'amour de Jiro avec la jeune fille tuberculeuse, il faut probablement avoir une âme d'enfant et/ou un coeur d'artichaut, ce qui doit être mon cas, si j'en crois l'émotion que j'ai éprouvé au moment de l'apparition de Nahoko en robe de mariée.

Esthétiquement, le film est une splendeur, notamment à travers ses décors de toute beauté : paysages, bâtiments, intérieurs, moyens de transport.

Il se dégage de cette oeuvre inondée d'une joyeuse tristesse une force de vivre peu commune, et on ne peut éviter d'y voir un testament emprunt d'une sourde et douce nostalgie.

 

3e

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Colorful

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/69/30/19805668.jpgUn anime pour adulte, et qui n'est pas un Miyazaki : cela devrait déjà éveiller la curiosité d'une bonne partie des lecteurs de Christoblog.

A l'occasion de sa sortie en DVD, je reviens donc sur ce deuxième film du talentueux Keiichi Hara.

Un esprit errant (quelle belles scènes d'ouverture !) se voit donner une deuxième chance par un ange / diablotin (à moins qu'il s'agisse de Dieu lui-même ?) : revivre dans le corps d'un jeune garçon qui vient de tenter de se suicider.

Ce dernier semble dans un premier temps avoir mené une vie parfaitement heureuse. Puis les premières fissures apparaissent, faisant du long-métrage tout autre chose qu'un film pour ado : la mère trompait son mari, la petite copine se prostitue avec des hommes d'âge mûrs, le jeune garçon était persécuté par d'autres jeunes, la pression des concours l'oppressait, etc.

Le film brasse donc des problématiques essentielles du Japon d'aujourd'hui avec une esthétique proche du manga traditionnel, ce qui constitue un contraste parfaitement réussi.

Parfois, l'animation peut paraître imparfaite, et j'aurais souhaité un peu plus de rythme à la première partie. Il n'empêche que le film est une franche réussite, esthétique, narrative et émotionnelle. La chute est touchante, surprenante, et parfaitement réussie.

 

2e

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La colline aux coquelicots

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/32/75/19835313.jpgContrairement à plusieurs autres blogueurs, je suis tombé sous le charme de la dernière production des studios Ghibli.

Le film n'est pas dirigé par le grand Hayao Miyazaki mais par son fils, Goro, dont tous s'échinent à dire qu'il est de moindre talent, sans lui avoir laisser le temps de démontrer le contraire.

La première qualité de La colline aux coquelicots est de proposer des images absolument sompteuses : des cieux superbes, des bateaux de toutes tailles magnifiques, des fleurs, des vitraux, une descente en vélo très joliment filmée. Le repère des étudiants, le Quartier Latin, est un endroit que le film dote d'une atmosphère très attachante, d'une aura qui entourait les objets appartenants à Porco Rosso, fait d'un tissage de rêve et de nostalgie.

Pour ceux qui comme moi aiment le Japon rural, le film est un enchantement : l'intérieur de la cuisine, les venelles fleuries, les rues en pente, la mer au loin. Ses paysages, sa maison, ses rues évoquent irrésistiblement le décor du trés beau film de Hirokazu Kore-Eda :  Still walking.

La mise en scène regorge de tendresse, de justesse, de sensibilité, de nervosité. Le script n'est pas sans allusion à la politique, à l'histoire, et à la sociologie japonaise. La colline aux coquelicots est enfin traversé par une belle et noble nostalgie : celle des amours enfuis, des parents disparus, des temps écoulés, et peut-être aussi celle d'un cinéma des origines.

Que le film joue à fond la carte du mélodrame ne m'attriste pas, au contraire, je trouve que cela lui confère une certaine noblesse et une belle grandeur. D'autant que le scénario n'est pas aussi simpliste que certains veulent le faire croire.

En résumé, une veine purement réaliste pour les studios Ghibli, pleine de douceur et de justesse, ce qui constitue une très bonne surprise pour moi.

Les studios Ghibli sur Christoblog, c'est ma visite à Mitaka (Japon), mais aussi Ponyo sur la falaise / Arrietty, le petit monde des chapardeurs

 

3e

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Arrietty, le petit monde des chapardeurs

The Walt Disney Company FranceLa relève est assurée, voilà la conclusion qu'on peut tirer de la vision d'Arrietty, le petit monde des chapardeurs.

Le grand Hayao Miyazaki (70 ans) peut commencer à passer la main. Hiromasa Yonebayashi (38 ans) assure parfaitement la réalisation de cette nouvelle production des studios Ghibli.

L'histoire est simple et limpide : de petits êtres (les chapardeurs) vivent dans les maisons des humains. Ils ne doivent en aucun cas se faire remarquer de leurs hôtes, sinon, ils doivent partir et trouver une nouvelle maison. Arrietty, 13 ans, sympathise avec un jeune humain malade du coeur qui vient se reposer chez sa tante, et met du coup sa famille en danger.

Les images sont comme d'habitude magnifiques, la nature étant cette fois-ci particulièrement à l'honneur.

Le film est lent, le caractère de certains personnages semble dessiné à la hâte (le père), l'histoire manque certainement un peu de relief, mais la magie opère tout de même. C'est dans la poésie des proportions que le film est une franche réussite. Lorsqu'Arrietty et son père progresse dans la maison à l'aide d'astuces variées, lorsque la jeune chapardeuse découvre l'immense cuisine pour la première fois, on vibre réellement avec elle. Les décors exploitent à fond cet aspect de l'histoire en fournissant des tas de détails très bien trouvés : les timbres postes deviennent posters, une seule goutte émergeant de la mini-théière remplit une tasse, une épingle se transforme en épée, etc.

L'enthousiasme irréductible qui émane d'Arrietty, son appétit de vivre, d'aimer et de découvrir, est le deuxième point fort du film. Il est particulièrement attendrissant au regard du caractère maladif et très calme du jeune garçon.

A conseiller aux petits et aux grands, même si de par son scénario, Arrietty ne peut rivaliser avec les "grands" Miyazaki, dont les thèmes sont autrement plus complexes.

Le musée Ghibli à Tokyo, j'y étais.

 

2e

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Summer wars

Superbe !

Difficile de résister au charme du dernier opus de Mamoru Hosoda (La traversée du temps).

Cela commence comme dans un Imamura : une grande réunion de famille à la campagne, avec des repas qui rappellent ceux de l'excellent Still walking, une ambiance et des images très classiques. La jeune Natsuki s'invente un petit ami, Kenji, pour faire plaisir à sa grand-mère. Wabisuke est le fils illégétime du patriarche de la famille, et il revient après avoir disparu pendant 10 ans et avoir dilapidé l'héritage. Le film montre donc une grande famille, avec chaque membre qui a sa propre personnalité (le flic colérique, le pompier, celui qui rappelle constamment les exploits antiques du clan, les enfants, le jeune geek, etc). Une savoureuse galerie de portraits.

Kenji est un prodige en maths. Un soir il reçoit un mail bizarre : une longue suite de chiffres : est-ce un défi ? Il répond le matin après avoir travaillé toute la nuit, et sans le savoir vient de donner les armes nécessaires à une monstrueuse créature sévissant dans OZ, l'univers virtuel dans lequel le monde entier peut se connecter. A partir de ce moment les intrigues entre OZ et la vieille maison familialle vont s'interpénétrer, mettant en jeu une catastrophe nucléaire, sur un mode à la fois efficace et extrêmement touchant.

L'alternance des images magnifiques de OZ, rappelant l'univers déjanté d'un Murakami, et celles, traditionnelles, d'un Japon éternel, est très stimulante.

Le scénario est travaillé, l'émotion au rendez-vous, le rire aussi. Une réussite à tout point de vue. A voir absolument si vous le pouvez, la distribution est une fois de plus confidentielle.

 

4e

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Ponyo sur la falaise

Pour commencer, entendons-nous bien : je suis fan de Miyazaki depuis les années 80. Et je considère que Le Voyage de Chihiro est un véritable chef-d'oeuvre. C'est pourquoi j'attends avec impatience et anxiété toute nouvelle production des studios Ghibli.

Alors, je ne vais pas pouvoir le cacher bien plus longtemps : Ponyo m'a pas mal déçu, comme d'ailleurs le précédent opus, Le Château ambulant.

Bien sûr, on retrouve ici des fulgurances typiques du maître : la somptueuse scène d'ouverture sous-marine, les vagues/personnages/poissons inquiétantes et ondulantes.

Cependant il manque quelque chose qui rende le film marquant et inoubliable : peut-être un méchant qui tienne la route, un onirisme qui s'assume jusqu'au bout (comme dans Chihiro), ou un scénario qui tienne la distance d'un long-métrage.

Le film n'est malheureusement pas loin d'être ennuyeux, et je me suis surpris à me laisser contaminer par les bâillements de Ponyo. L'écologisme un peu new wave qui baigne le film n'est pas la meilleure veine poursuivie par Miyazaki, je préférais de loin le sanglier inquiétant de Princesse Mononoke.

Au final reste une désagréable impression de redite et aussi celle d'un film un peu trop infantile pour un public adulte.

 

2e

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