Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #netflix

Le cercle des neiges

Pas grand-chose à dire de positif ou de négatif à propos de ce film de Juan Antonio Bayona, qui met ici en oeuvre le même savoir-faire pour filmer les catastrophes que dans The impossible.

Le film est une reconstitution assez efficace de la fameuse histoire bien connue de l'équipe de rugby uruguayenne échouée dans la cordillère des Andes en 1972. On attend pendant une bonne partie du film les premières scènes de cannibalisme, qui sont traitées avec pudeur et intelligence.

Quelques séquences parviennent à être réellement spectaculaires (celle de l'avalanche par exemple) et globalement le film vaut surtout pour ses extraordinaires décors naturels. Pour le reste, c'est du très classique et les destins individuels des différents passagers ne nous émeuvent pas beaucoup.

Juan Antonio Bayona sur Christoblog : The impossible - 2012 (**)

 

2e

Voir les commentaires

Le monde après nous

Disponible sur Netflix, le dernier film du créateur de Mr Robot, Sam Esmail, commence plutôt bien.

Un couple de New-Yorkais fortuné (Ethan Hawke / Julia Roberts) et leurs deux enfants passent un week-end dans une maison luxueuse des Hamptons, quand tout à coup une cyber attaque supprime tous les moyens de communication. Lorsque le propriétaire de la maison revient tout à coup chez lui (le toujours excellent Mahershala Ali), la situation se tend....

La première partie du film est intéressante : les relations entre tous les personnages sont assez finement décrites. Les intéractions dans la famille ne sont pas caricaturales, et les réactions de Julia Roberts, teintées de racisme latent, lorsque le propriétaire revient chez lui, sont bien vues. Comme à ce moment-là les effets de la cyber-attaque sont spectaculaires et d'une certaine façon crédibles, on est réellement captivés.

Malheureusement le film ne sait pas trop dans quelle direction aller dans sa deuxième partie. Il tourne en rond, multiplie les signes qu'il ne déchiffrera pas (les cerfs, le son, la cabane, la maladie du garçon) et les relations entre les personnages s'effilochent progressivement, jusqu'à une fin ambigüe qui évite de conclure.

C'est dommage. Il y avait une belle sensibilité au début du film qui aurait pu éclore si le scénario avait été plus maîtrisé. La mise en scène lorgne du côté de Hitchcock, de Fincher et de Kubrick, avec des mouvements de caméra inutilement virtuoses, sans convaincre tout à fait.

C'est donc au final plutôt raté, mais de peu.

 

2e

Voir les commentaires

Glass onion

On retrouve dans cette deuxième histoire "A couteaux tirés" la plupart des éléments qui faisaient le sel du premier opus : un Daniel Craig à la fois perspicace et délicieusement lunaire (ces vêtements !), des personnages typés, une intrigue à tiroir, un décor très bien exploité.

Le film se regarde donc avec un plaisir distrait. J'ai apprécié la composition d'Edward Norton en méchant manipulateur, la magnificence des décors futuristes, la complexité de l'histoire. Contrairement au film précédent, qui déroulait une intrigue linéaire dans laquelle le coupable potentiel changeait régulièrement, Glass Onion s'appuie sur un effet Rashomon géant : on revoit dans la deuxième partie tous les évènements de la première partie sous un angle différent. C'est très plaisant.

Ceci étant dit, j'ai légèrement préféré A couteaux tirés, pour lequel l'effet de surprise était complet, et qui me semblait un peu plus dense et maîtrisé.

La précision de l'écriture et les performances d'acteur méritent tout de même que vous regardiez ce joli divertissement.

 Rian Johnson sur Christoblog : Looper - 2012 (**) / Star wars - Les derniers Jedis - 2017 (**) / A couteaux tirés - 2019 (***)

 

2e

Voir les commentaires

Les sermons de minuit

Les sermons de minuit (Midnight mass en VO, un bien meilleur titre) est une série d'horreur qui ne fait pas peur, une comédie romantique qui se termine mal, un Stranger things triste et réussi.

Pas facile de parler de la série de Mike Flanagan sans déflorer une partie de son intrigue, ce qui serait dommageable pour les spectateurs. Disons donc simplement que Les sermons de minuits nous égarent dans un labyrinthe imprévu qui mêle différents styles cinématographiques (d'un gore gentillet à de longues conversations philosophique en passant par toutes les variantes du film d'épouvante) et une intrigue qui ne se dévoile que très progressivement, mêlant elle aussi toutes sortes d'influences et de thématiques.

Le résultat de ces métissages pourra peut-être paraître indigeste à l'amateur de séries cohérentes et artys, mais il plaira à l'inverse au boulimique qui ne déteste pas les mélanges sacrés / salés, qui préfère les effets à combustion lente plutôt que les jump scare classiques, et ne renâcle pas devant une ambition protéiforme qui veut tout embrasser.

Zach Gilford (l'inoubliable Matt Saracen de Friday Night Lights), Kate Siegel (compagne du show runner), Hamish Linklater et l'ensemble du casting contribuent à la réussite de cette courte série frappante et intense, dans laquelle on retrouve les thèmes chers à Flanagan : deuil, mort, culpabilité, destin, sacrifice, espoir. 

 

3e

Voir les commentaires

La main de Dieu

Sorrentino, qui donne souvent dans la démesure, fait ici preuve d'une retenue remarquable.

Si La main de Dieu commence comme un Fellini (créatures fantastiques et conte baroque), il évolue vite vers une chronique familiale d'abord burlesque, puis tendre et dramatique.

Le film est beau comme un Amarcord assagi, trouvant une énergie brute et solaire dans le magnifique décor de la baie de Naples. Il est non seulement un voyage agréable au soleil qui nous fait découvrir l'amour fou d'une ville entière pour un footballeur, mais aussi un intéressant aperçu de la jeunesse d'un apprenti cinéaste.

Comme d'habitude, c'est magnifiquement filmé.

Paolo Sorrentino sur Christoblog : This must be the place - 2011 (***) / La grande belleza - 2013 (***) / Youth - 2015 (**)

 

3e

Voir les commentaires

The power of the dog

Mais où est passée la sensibilité de Jane Campion ?

Dans cette production Netflix, la réalisatrice néo-zélandaise filme de magnifiques paysages baignés d'une lumière splendide.

C'est à peu près le seul intérêt de ce film, par ailleurs très ennuyeux dans son développement. Plans très composés au point d'en être pompiers, prestations des acteurs caricaturales, intrigue mollassonne et difficilement lisible à la fois : il y a beaucoup de raisons de s'énerver contre ce film qui se regarde un peu trop ostensiblement le nombril (tu as vu mes jolis éclairages ?).

Ses dernières quinze minutes pourraient sauver The power of the dog si l'ennui généré par la première partie n'avaient pas anesthésié les capacités de réflexion du spectateur (ce qui génère sur internet un foisonnement d'articles sur le thème "La fin du film de Jane Campion expliquée").

Beau, mais glacial.

Jane Campion sur Christoblog : Bright star - 2010 (****)

 

2e

Voir les commentaires

Night in paradise

Disponible sur Netflix, ce film coréen est un polar ultra-stylisé. Son réalisateur, Park Hoon-Jung, est principalement connu pour être le scénariste du très surestimé J'ai rencontré le diable.

Night in paradise oscille continuellement entre une violence typiquement coréenne à la limite du sadisme, et la chronique d'une triste romance entre deux êtres condamnés à mourir.

D'un côté un jeune truand dont on a tué la soeur et qui s'est vengé en agressant un boss de la pègre, de l'autre une jeune fille atteinte d'une maladie incurable. Ces deux-là vont se rapprocher dans l'atmosphère élégiaque de l'île de Jeju, au fil de scènes marquées par l'omniprésence de la mort.

Tout cela n'est pas follement joyeux, on en conviendra, mais n'est pas non plus bouleversant. On est ballotté entre le grand-guignol des scènes de violences (lors desquelles un homme peut se relever après avoir été tabassé à mort et reçu dix coups de couteau) et le charme éthéré et peu amène de l'excellent duo Eom Tae-Go (lui) / Jeon Yeo-Bin (elle).

Je ne peux pas dire que j'ai vraiment apprécié cet exercice de style un peu tape-à-l'oeil, qui a pourtant eu l'honneur d'une sélection à Venise. A réservé donc aux fans de polars coréens.

 

2e

Voir les commentaires

Unorthodox

Voici un nouvel exemple de la "fausse bonne série" à la Netflix, qui rejoint une catégorie déjà bien fournie.

Résumons le schéma.

Le début est très prenant, intrigant, intéressant. On pénètre dans le milieu des juifs orthodoxes de New-York. Notre curiosité est piquée et on découvre, pour peu qu'on soit novice dans le domaine, les schtreimels, les mikvés et autres mezouzas. L'actrice qui joue la jeune fille en voie d'émancipation (Shira Haas) est magnétique. On mesure parfaitement l'incroyable pression qu'exerce la religion sur le corps et l'esprit des femmes.

Après ce bon début, la série flotte un peu en fin de premier épisode et au début du deuxième. De captivante, l'intrigue passe à intéressante lorsque l'action se déplace à Berlin. Les personnages virent doucement à la caricature, les effets de surprise s'estompent et l'intérêt faiblit.

La série s'enlise ensuite dans une longue phase de désintérêt croissant (du milieu du deuxième épisode à la fin), lors de laquelle ses défauts s'aggravent : péripéties de plus en plus téléphonées, manque cruel d'imagination (les personnages tournent en rond en attendant l'audition), invraisemblances éhontées (être acceptée sans aucune référence pour une audition de cette importance, entrer dans une boîte de nuit habillé en Juif orthodoxe en grillant la queue), seconds rôles diaphanes (la mère), stéréotypes en tout genre (qu'ils sont gentils et accueillants ces allemands, les filles prêtent même leur rouge à lèvre dans les toilettes), angélisme sirupeux (ce dernier plan du groupe de beaux gosses plein de diversité qui ouvrent une nouvelle vie). 

Comme ici la série ne compte que quatre épisodes, on va quand même jusqu'au bout, pour assister à une fin ratée, dans laquelle chaque personnage pousse le curseur de ses caractéristiques binaires au maximum, alors que le dernier plan offre une happy end typiquement netflixienne.

Bref, loin de la réussite annoncée ici ou là, Unorthodox est surtout intéressante par son aspect documentaire.

 

2e

Voir les commentaires

Pieces of a woman

Drôle de parcours que celui du hongrois Kornel Mundruczo, du cinéma d'auteur exigeant et fantastique (White god, La lune de Jupiter) à ce mélodrame Netflix calibré pour gagner aux Oscars.

En voyant ses films précédents, on avait bien détecté chez lui une virtuosité extrême dans la mise en scène, et notamment dans les mouvements de caméra. 

On retrouve ici cette capacité à faire se faufiler la caméra dans tous les recoins d'un décor ou d'une pièce, dès la première scène sur le pont, puis évidemment lors de la fameuse scène de l'accouchement, tournée en un seul plan séquence d'une petite demi-heure. Disons-le, le résultat n'est pas désagréable à regarder, au contraire. Le problème, c'est que quand les mouvements de caméra deviennent un peu trop visibles (pour moi pendant le repas familial par exemple), ils nuisent à la crédibilité de la scène et à mon implication dans l'appréhension de la psychologie des personnages. 

De la même façon, si la scène de l'accouchement est impressionnante (sans être insupportable), je me questionne sur l'utilité de l'avoir étirée sur une aussi grande durée.

Le film est porté à bout de bras par la performance de Vanessa Kirby, impressionnante de maîtrise et d'intériorité, en route pour le prix d'interprétation aux Oscars après l'avoir reçu à Venise. Elle est épaulée brillamment par le reste du casting, en particulier Shia LaBeouf.

Un film intéressant, qui propose de beaux pics d'émotion (le procès par exemple), mais qui est limité par un synopsis qui suit un chemin très balisé et qui n'évite pas certaines balourdises (comme la scène finale). A noter que Mundruczo a vécu avec sa femme une situation similaire à celle que montre le film. 

Kornel Mundruczo sur Christoblog : White dog - 2014 (**) / La lune du Jupiter - 2017 (***)

 

2e

Voir les commentaires

The crown

On peut s'intéresser à la série The crown à trois niveaux différents.

Le premier est le contexte historique de l'Angleterre, et de sa place dans le monde, au fil des années. On découvre ainsi, si on est comme moi assez ignorant sur le sujet, les subtilités de la crise du canal de Suez, la valse des premiers ministres ou le fonctionnement étrange du Commonwealth.

Le deuxième niveau, ce sont bien sûr les anecdotes à propos de la famille royale. La découverte dans ce domaine, c'est que l'histoire des Windsor est plus proche de Détective que de Point de vue. En vrac, dans ce cercle familial élargi, on découvre des cousins nazis, une mère schizofrène nonne dans un monastère orthodoxe, des handicapés mentaux déclarés morts, des alcooliques, des pulsions de mésalliance, des abdications mal digérées, des pervers malfaisants, des troubles psychologiques de différente nature, des intrusions nocturnes, des morts violentes, des adultères en tout genre.

Enfin, le troisième niveau, qui est bien sûr le sujet principal de la série, ce sombre coeur qui palpite en son centre, c'est la royauté, qui justifie tout et n'excuse rien. La série réalise ce prodige de nous faire croire que quelque chose de spécial émane de ce ramassis d'idiots méprisants et d'incapables congénitaux, un mélange d'honneur dont on ne connaît plus le sens, et d'impassibilité éternelle (la reine ne subsiste qu'en en faisant le moins possible).

La réalisation de The crown est typique des productions Netflix : un peu engoncée, très formatée et pour tout dire parfois de mauvais goût. Alors que le plus souvent ces défauts nuisent aux séries concernées (Stranger things, La casa de papel), ils l'enrichissent plutôt ici : les moeurs sont ici immorales, mais elles sont filmées avec une solennité qui colle parfaitement à l'image de la famille royale, mais non à ses pratiques dissolues.

Chaque épisode est centré sur une thématique ou une anecdote et se concentre pratiquement sur ce seul sujet. C'est une écriture très spéciale, qui a peu d'équivalent à ma connaissance dans les séries modernes, et qui donne ce résultat rare de produire des épisodes ennuyeux dont on pourrait se passer, et des chefs-d'oeuvres comme ce sublime épisode 3 de la saison 3, centré sur la catastrophe d'Aberfan au Pays de Galles, digne d'un grand film.

C'est sûrement ce mélange étonnant de profondeur historique, de roman-photo, de film noir et de belles images (les voyages de Philip sont en particulier magnifiquement filmés) qui rend la série si addictive. Le casting est également impérial, Claire Foy et Olivia Coleman en tête. Les spécificités de la saison 4, avec l'introduction de deux personnages majeurs (Margaret Thatcher et Lady Diana), ne modifient en rien ce que je pense de la série.

Un régal.

 

4e

Voir les commentaires

Kingdom

Kingdom est une série coréenne de zombies, qui se déroule au Moyen-âge.

Présentée comme cela, elle ne vous attirera pas forcément, et c'est bien dommage. Cette série originale est en effet une des plus jolies choses que l'on puisse regarder sur Netflix, pour peu qu'on ne soit pas allergique à quelques têtes coupées et autres hectolitres d'hémoglobine.

Les paysages, les décors, les costumes et la photographie sont tout d'abord d'une beauté irréelle. Je crois n'avoir jamais vu rien de plus beau dans une série. 

L'écriture est ensuite d'une belle finesse. S'il faut deux épisodes pour situer correctement tous les personnages les uns par rapport aux autres, le plaisir est ensuite immense. Les rebondissements et les enjeux de la série sont finalement plus proches de ceux de Game of thrones que de ceux de The walking dead

La mis en scène de Kim Seong-Hun (Hard day, Tunnel) est virtuose, et le casting est impressionnant. On y retrouve par exemple la grande Doona Bae, qu'on a vue dans Sense 8 mais aussi chez Park Chan-Wook, Bong Joon-Ho et Hirokazu Kore-Eda. 

Kingdom est une aventure sensuelle d'une qualité exceptionnelle, qui sait varier les enjeux d'une manière extrêmement brillante : la deuxième saison abandonne presque le sujet des zombies pour se concentrer sur les luttes de pouvoir. Au vu de la fin très excitante de cette seconde saison, on prie pour que Netflix rempile et que nous puissions continuer à suivre dans le fil de l'imagination débridée de la scénariste Kim Eun-Hee.

 

4e 

Voir les commentaires

The irishman

En réunissant à l'écran Joe Pesci, Al Pacino et Robert de Niro pour cette crépusculaire histoire de mafiosi, Scorsese semble vouloir  donner à son oeuvre une sorte de codicille pré-posthume.

Le résultat se regarde facilement, sans une seconde d'ennui, tellement le script est fluide et l'intrigue passionnante. La petite histoire (la destinée d'un tueur anonyme) rencontre la grande (les Kennedy et la mafia), et forme un ensemble qui se dévore, comme une série. 

L'amitié entre le personnage de Jimmy Hoffa (extraordinaire Pacino) et son homme de confiance (un de Niro aux drôles de mimiques figées, probablement par la faute du fameux de-aging) est le coeur du film, et la trahison sans état d'âme du second illumine comme un diamant noir la fin élégiaque de cette saga aux multiples ramifications.

Si on reconnaît le savoir-faire inégalable de Scorsese, on ne peut s'empêcher de remarquer ici ou là les symptômes d'une certaine nonchalance dont on ne sait s'il faut l'imputer au support Netflix (faites ce que vous voulez...), à l'âge ou au sentiment que le chose racontée vaut désormais plus que la façon dont on la raconte. 

La mise en scène n'a donc pas la précision des chefs-d'oeuvre de la grande époque (Casino, Les affranchis), elle est même assez quelconque. Cela ne gâche pas le plaisir que procure la vision de ce film fleuve qui aurait probablement mérité un traitement en mini-série.

 

3e

Voir les commentaires

Uncut gems

Uncut gems fait partie de ces films toboggans qui vous emportent dans un tourbillon stylistique duquel il est impossible de sortir. 

Pour aimer le film, mieux vaut donc aimer les flots incessants de parole, le montage speed, les surimpressions sonores, la caméra à l'épaule et l'impression générale d'assister à la course d'un poulet sans tête à qui l'on aurait donné des amphétamines. 

Adam Sandler est excellent, en bijoutier juif possédé par toute une série d'addictions plus graves les unes que les autres : le sexe, la drogue, la famille, les bijoux, l'argent, le jeu, le sport, la gagne, le goût du risque, et peut-être tout simplement un appétit de vivre douloureusement insatiable.

Si on se laisse happer par l'ambiance si particulière du film et le brio d'une mise en scène de très haut niveau, l'expérience est presque physique : on est tendu comme un arc tout au long du film, se demandant comment Howard va s'en sortir, et partageant avec lui la moindre évolution de la situation désespérée dans laquelle il s'est mis lui-même, en dépit du bon sens le plus élémentaire. Dans le cas contraire, il ne sera pas facile d'aller au bout des 2h15 de cet exercice de style aux accents scorsesien, mené au rythme fou d'une valse jouée sur un tempo de hard rock.

Un coup de force des frères Safdie.

 

3e

Voir les commentaires

Marriage story

Aussi vite oublié que vu, Marriage story est un nouvel exemple de l'incapacité de Netflix à produire un très grand film.

Le film de Baumbach n'est pas désagréable à regarder : c'est plutôt bien enlevé (bien que trop long), les acteurs sont formidables, et la collection de vignettes qui constituent le film est plutôt plaisante à parcourir.

On ne peut s'empêcher toutefois de constater que le propos est insignifiant, que la tension dramatique s'étiole et que le film brille par son absence totale d'originalité. Les états d'âmes sentimentaux des couples aisés américains n'intéressent probablement plus grand monde aujourd'hui. Et ce ne sont pas les morceaux de bravoures du film (la dispute, la démonstration d'Adam Driver au restaurant), trop visiblement brillants, qui parviennent à hisser le film à des niveaux supérieurs.

Agréable donc, jusqu'à un certain point, comme un Woody Allen, à qui Baumbach ressemble de plus en plus.

Noah Baumbach sur Christoblog : Greenberg - 2010 (**) /  Frances Ha - 2012 (**) /  While we're young - 2014 (**) / Mistress America - 2015 (**)

 

2e

Voir les commentaires

Roma

Alfonso Cuaron, habitué aux superproductions américaines, s'est lancé un véritable défi en voulant tourner un récit intimiste de 2h15, en noir et blanc, avec des acteurs inconnus. C'est d'ailleurs ce qui l'aurait conduit, selon lui, dans les bras de Netflix.

Alors que vaut finalement Roma, qui a raté Cannes pour cause de bannissement de la plateforme de streaming américaine, mais qui a remporté le Lion d'or à Venise, et qu'on ne verra pas dans les salles françaises ? 

Eh bien, difficile à dire. D'un côté j'ai été littéralement ébloui par le piqué de l'image, l'incroyable beauté du noir et blanc (qui est d'ailleurs plutôt une symphonie de gris), la perfection quasi-mathématique des cadres.

Le sentiment de réalité que dégage la direction artistique du film, l'attention portée au moindre détail, contribuent à produire chez le spectateur un sentiment de sidération qui fait apparaître le film un peu moins long que ce qu'il est.

D'un autre côté, ce que raconte Roma n'est en réalité pas très intéressant : les sentiers qu'il emprunte ont été parcourus mille fois dans l'histoire du cinéma (les domestiques sont intégrés dans la famille, mais en réalité pas vraiment dès que ça se gâte, et c'est bien triste ma brave dame). L'actrice principale est un peu trop figée dans ses attitudes pour qu'on s'intéresse à son histoire avec une réelle empathie. Le sous-texte politique n'est que grossièrement esquissé. Et si la réalisation est sous certains aspects exceptionnelle, elle verse parfois dans un maniérisme grossier (ces travellings qui, à force d'être beaux, en deviennent pénibles) qui ne sert pas l'incarnation de personnages par ailleurs assez plats.

Une demi-réussite, donc.

Alfonso Cuaron sur Christoblog : Les fils de l'homme - 2006 (**) / Gravity - 2013 (**)


2e

Voir les commentaires