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Christoblog

Articles avec #emmanuelle bercot

Making of

Le dernier film de Cédric Kahn commence tout doucettement comme une énième variante du "film sur le tournage d'un film", ici dans une version amusante dans laquelle le réalisateur est un peu dépressif, le premier rôle insupportable (Jonathan Cohen, parfait) et le producteur malhonnête (Xavier Beauvois, formidable).

On rigole un peu et on suit sans déplaisir cette chronique, qui peu à peu évolue vers un autre film, plus en demi-teinte, dans lequel un jeune apprenti cinéaste (Stefan Crépon, qu'on a découvert et aimé dans Le bureau des légendes) se brûle au contact de cette première expérience, et qui montre également une situation sociale en miroir entre le contenu du film et sa confection.

Making of est réjouissant et parfois émouvant : il prouve la capacité de renouvellement de Cédric Kahn, dont la carrière, avec ce film et Le procès Goldman, semble bien relancée.

Cédric Kahn sur Christoblog : Cédric Kahn sur Christoblog : La prière - 2018 (**) / Fête de famille - 2019 (**) / Le procès Goldman - 2023 (***)

 

2e

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De grandes espérances

Voici un exemple quasiment parfait de scénario très intéressant, platement mis en scène, et peu incarné.

Sur le papier, De grandes espérances est en effet très prometteur : une histoire complexe, une description de plusieurs milieux dont la confrontation est intéressante (les étudiants de l'ENA possédés par la politique, une jeune femme issue d'un milieu très modeste, une famille bourgeoise), des évolutions de personnages sur la durée, un cas de conscience qui tourne au thriller psychologique, un beau casting. 

Bref, quelque chose qui pourrait ressembler, dans l'idéal, à un épisode de Baron noir réalisé par Krzysztof Kieslowski.

Mais hélas, si le film se laisse regarder, il déçoit un peu par sa platitude atone. Le sentiment de réalité ne s'impose jamais avec force, et j'ai eu l'impression étrange de suivre la mise en image d'un scénario écrit, à l'image de la scène décisive se déroulant en Corse, manquant de souffle et de tension.

Je n'ai pas trouvé le couple Rebecca Marder / Benjamin Lavernhe très convaincant, et si Emmanuelle Bercot est excellente en femme cherchant à devenir ministre, il m'a semblé que les dialogues en rapport avec la politique sonnaient souvent un peu faux.

Pas désagréable et très bien écrit, mais trop appliqué pour convaincre totalement.

 

2e

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L'abbé Pierre - Une vie de combat

L'intérêt N°1 du film, qui mérite à lui seul qu'on se déplace pour le voir, c'est tout ce qu'on apprend sur la jeunesse de l'abbé Pierre.

En vrac, on découvre que l'icône a connu l'amour charnel pendant la guerre avec une veuve, qu'il a laissé un traître se faire exécuter devant lui dans le maquis, qu'il a donné du cyanure à certains Juifs qu'il ne pouvait pas sauver, qu'il a été addict aux amphétamines avant d'être interné en établissement psychiatrique, etc. J'ai découvert également avec curiosité l'importance de Lucie Coutaz dans le destin de l'abbé Pierre.

Comme l'écriture est assez claire et le montage vif, on se laisse entraîner avec une certaine émotion dans le flux de cette destinée, parfois réalisée avec beaucoup d'efficacité (l'hiver 54) et à d'autres moments un peu plus poussive (la dernière partie). Frédéric Tellier évite l'hagiographie trop appuyée, et montre assez bien comment l'obstination de son personnage principal n'est pas toujours des plus efficaces.

On peut regretter que le réalisateur, comme à son habitude, ne fasse pas dans la dentelle en matière de mise en scène. L'abbé Pierre est en effet parsemé de procédés aux goût douteux (les montages alternés bien lourds du début, les visions "mystiques" avec vortex dans le ciel, les split screens pas forcément opportuns).

En ce qui me concerne les qualités du film l'emportent toutefois sur ces quelques défauts, et Benjamin Lavernhe y est pour beaucoup.

Frédéric Tellier sur Christoblog : L'affaire SK1 - 2013 (**)

 

2e

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Fête de famille

On a déjà vu mille fois au cinéma le thème de la réunion de famille qui tourne au règlement de compte par le biais de révélations successives, le mètre-étalon en la matière étant bien entendu Festen.

La contribution qu'apporte Cédric Kahn au genre n'apporte pas grand-chose : les frères dissemblables s'engueulent, les enfants courent partout, la grand-mère toute puissante est bienveillante, et la fille qui a disparu depuis trois ans cache un lourd secret.

Je pourrais, au regard de la prestation par moment très prenante d'Emmanuelle Bercot, être indulgent vis à vis de ce film quelconque, s'il n'était pas aussi mal écrit. Les dialogues semblent souvent plaqués, certaines scènes ne fonctionnent pas du tout (l'accident de voiture par exemple) et globalement tout le film souffre d'un manque de rythme.

Dispensable.

 

2e

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L'heure de la sortie

Le film part d'une bonne idée : le professeur d'une classe de surdoués se suicide. Son successeur (Laurent Lafitte, assez peu convaincant) enquête sur un groupe de six  jeunes, beaucoup trop lucides pour leur âge.

Le problème est que le réalisateur, Sébastien Marnier (on lui doit Irréprochable), lorgne dans beaucoup de directions sans en choisir vraiment une. Le film oscille donc entre une enquête fantastique à la mode de Stephen King, un thriller messianique façon Jeff Nichols et une chronique sociale ... à la française. 

L'heure de la sortie est au final une mayonnaise ratée : les effets fantastiques (les bêtes sauvages envahissent la ville, l'électricité varie mystérieusement d'intensité, les cafards sortent de l'évier) surnagent comme de l'huile au-dessus d'un magma informe qui comprend des seconds rôles ratés, une intrigue étirée à l'excès, un évident manque d'imagination et une scène finale très moche.

De bonnes intentions et une ambiance de mystère qui par instant fait mouche : voilà ce qui sauve le film de l'échec total.  

 

2e

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Mon roi

Chez Maïwenn, le mauvais goût est érigé en style.

Quand le sujet s'y prête, que les acteurs sont collectivement à l'unisson du projet, et que l'humeur du spectateur est adaptée, la réussite peut être au rendez-vous (cf mon avis sur Polisse).

Quand le sujet nécessite un traitement délicat et subtil, comme c'est le cas ici, on avoisine la catastrophe.

Mon roi est horripilant par bien des aspects : c'est un cinéma de l'hystérie sur le fond, et du remplissage sur la forme.

Les personnages ne peuvent (ne doivent ?) s'exprimer que dans l'outrance. L'intensité du sentiment ne semble pouvoir se matérialiser que par la démesure des comportements. Ils pleurent, hurlent, se droguent, se soûlent, baisent sur les tables d'un restaurant, passent leur main à travers une vitre, se suicident, dans un même élan. Dans ce cinéma qu'on dirait réalisé sous l'influence d'une drogue euphorisante, il ne semble pas permis d'être subtil.

Vincent Cassel est ici laissé totalement en roue libre, cabotinant comme jamais, jouant avec insolence un rôle qui lui va bien : le phalocrate séducteur qu'on a envie d'étrangler cinq ou six fois dans le film.

Sur la forme, Maïwenn ne semble jamais en mesure de gérer la complexité de l'histoire qu'elle tente de raconter. Elle "remplit" donc son film de scènes redondantes, ou inutiles, à l'image des scènes tournées dans le Centre de rééducation spécialisé, qui ne présentent aucun intérêt. La façon dont elle insère artificiellement dans sa narration des jeunes de banlieue est ridicule. Pour ce qui est de la répétition, on peut carrément prévoir le déroulement de chaque scène à partir d'un archétype qui revient sans cesse : séduction, esbrouffe, on dérange les autres en rigolant, crise de nerfs, réconciliation sur l'oreiller. 

En sortant de la salle, j'avais l'impression d'avoir passé deux heures dans un tambour de machine à laver, à regarder des gens faire leur valises pour aller à l'hôpital. Un film épuisant, inutile, gênant.

 

1e

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La tête haute

Il y a une grande qualité dans le film d'Emmanuelle Bercot, rare dans le cinéma français : La tête haute parvient à donner l'exacte mesure du temps passe.

Bien sûr le film possède bien d'autres atouts, à commencer par une mise en scène énergique et une interprétation hors pair du jeune acteur (sensationnel Rod Paradot) et des autres personnages, mais sa force subtile c'est bien de montrer l'évolution lente et erratique des différents protagonistes.

Catherine Deneuve campe une juge patiente, mais qui sait faire évoluer ses options. Benoit Magimel, solide comme un roc dans les premières scènes, peut péter les plombs. Sara Forestier oscille entre démission dépressive, amour larmoyant et niaiserie blessante. Rod Paradot lui-même progresse par oscillations successives : tour à tour trublion explosif, blessé épidermique, amant violent, boule de nerf qui se raisonne.

On assiste à son évolution comme à un combat de boxe. Sonné par les coups échangés, abasourdi par la violence des émotions, rivé à l'entretien d'une faible lueur d'espoir qui ne semble être vue que par les proches de Malony.

Le film est une ode énergisante à la ferme bienveillance et à la résilience, un film d'amour gonflé à l'adrénaline, comme on en voit peu.

 

4e  

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