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Christoblog

Articles avec #marion cotillard

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu

Au vu des avis des personnes en qui j'ai généralement confiance, je m'attendais au pire.

Ma surprise a été d'autant plus grande, lorsque je me suis pris à apprécier le début du film : la première rencontre avec les deux romains égarés est plaisante, les premiers échanges dans le village sont plutôt drôles. Philippe Katerine en Assurancetourix et Audrey Lamy en Bonnemine sont par exemple très convaincants.

La suite du film se gâte ensuite progressivement. Le voyage jusqu'en Chine remplit un cahier des charges assez proche de ce que les BD proposent : une progression en accéléré, des rencontres cocasses (au Petit Lutèce par exemple), quelques gimmicks établis (les pirates). On est, jusqu'à ce moment-là du film, dans un exercice somme toute assez proche de l'esprit d'Uderzo et Goscinny, et qui n'est à mon avis ni pire ni meilleur que ce que proposent les continuateurs qui ont pris la suite des géniteurs d'Astérix pour la BD.

C'est d'ailleurs peut-être ici que se situe le point d'incompréhension entre la critique et Guillaume Canet : ce dernier est finalement assez proche des BD (recentrage sur le couple Astérix/Obélix en mode buddy movie, abondantes allusions au monde actuel, jeux de mots plus ou moins foireux). Tous ceux qui compare ce film à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre semble oublier à quel point ce dernier est plus un film d'Alain Chabat qu'une déclinaison de la "franchise". On ne se souvient d'ailleurs quasiment pas des personnages d'Astérix et Obélix dans ce film, mais plutôt de ceux plus susceptibles de porter l'humour de l'ex-Nul, par exemple ceux joués par Djamel Debbouze et Edouard Baer.

La partie chinoise dégrade nettement l'impression d'ensemble que laisse le film. Les faiblesses dans l'écriture (qu'on doit aux scénaristes des Tuches) apparaissent comme rhédibitoires. La mise en scène de Canet devient pauvre en intentions, les scènes d'action ne sont pas au niveau des 65 millions d'euros dépensés (le combat d'Antivirus / Zlatan Ibrahimovic avec les légionnaires est par exemple horrible à regarder) et plusieurs scènes semblent bizarrement frappées d'aphasie, comme si tout à coup toute l'équipe du film s'était désintéressée de ce qui était montré à l'écran.

Concernant la distribution, si Gilles Lellouche et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu, le reste du casting est faiblard. Guillaume Canet ne correspond à aucune des images qu'on peut se faire d'Astérix, et Jonathan Cohen, qui joue son rôle habituel (il ne sait en jouer qu'un), n'est pas du tout dans l'esprit. Quant aux multiples apparitions de célébrités, on s'en fout un peu : elles ne font ni de bien ni de mal au film.

Astérix et Obélix : l'Empire du milieu ne mérite pas à l'évidence le tir de barrage haineux et méprisant d'une bonne partie de la critique, tout en peinant à présenter de quoi attirer les louanges. 

Guillaume Canet, réalisateur, sur Christoblog : Les petits mouchoirs - 2010 (**) / Blood ties - 2013 (*) / Rock'n roll - 2016 (**) / Nous finirons ensemble - 2019 (**)

 

2e

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Frère et soeur

On ne peut pas enlever à Desplechin la fluidité de sa mise en scène, sa capacité à glisser sur les visages et les situations avec une grâce parfois surnaturelle.

Pour le reste, ce film est raté et c'est très curieux qu'il ait eu l'honneur de la compétition à Cannes 2022 alors que Trois histoires de ma jeunesse, bien meilleur, ne l'avait pas eu.

Le jeu de Marion Cotillard et de Melvil Poupaud ne permet à aucun moment ne donner corps à ce couple, et de comprendre la véritable consistance de leur relation. Finalement, la nature de leur haine mutuelle n'est jamais vraiment compréhensible, et leur rabibochage sur le sol d'un supermarché n'est guère crédible. 

Il y a beaucoup de maladresses dans le film, assez peu habituelles chez Desplechin : la scène du vol au-dessus de Lille est par exemple d'un ridicule consommé. Les flashbacks en regardant les albums photos sont aussi d'une lourdeur inhabituelle chez le réalisateur nordiste. Et enfin le personnage de la jeune roumaine n'apporte à mon avis strictement rien au film. 

Il règne aussi dans le film une ambiance bobo (drogue, alcool, cigarettes, état d'âme d'artistes) qui sent un peu l'entre soi.

A noter qu'un des rares points forts du film est la prestation réussie de Patrick Timsit dans le rôle du copain compréhensif, qui parvient à ménager la chèvre et le chou au milieu de cette famille compliquée.

Un échec, le deuxième consécutif après le faible Tromperie.

Arnaud Desplechin sur Christoblog : Un conte de Noël - 2008 (****) / Jimmy P. - 2013 (**) / Trois souvenirs de ma jeunesse - 2014 (***) / Roubaix, une lumière - 2019 (****) / Tromperie - 2021 (**)

 

2e

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Annette

Annette frappe d'abord par sa virtuosité. Carax, dans la première demi-heure de son sixième film, montre tout ce dont il est capable : une caméra dont les mouvements semblent divins, une direction d'acteur au cordeau, un scénario et un montage dignes d'un rêve éveillé.

Le film est beau, étonnant, ne ressemble à rien de ce qu'on a déjà vu (à moins d'imaginer un croisement de Demy et Lynch). On est scotché à son siège. 

A partir de l'apparition d'Annette, puis de la scène sur le bateau, la magie a pour moi un peu moins fonctionné. Même si le film continue à étonner, je suis resté un peu extérieur à son propos et je n'ai pas ressenti d'émotions, peut-être par la faute d'un scénario qui m'a paru un poil rigide, bridant l'imagination débordante de Carax.

Restent de beaux moments (comme la scène finale de la prison) et une interprétation hors du commun de Marion Cotillard et Adam Driver, tous deux très bons. Le film est une déclaration d'amour à la magie du cinéma.

Suivez la suite de mes aventures cannoises ici : Journal de Cannes 2021

 

3e

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Nous finirons ensemble

Tout ce qu'on pouvait dire de mal à propos des Petits mouchoirs peut être ici redit avec autant de force.

En vrac, et sans être très original, on peut déplorer la pauvreté du scénario qui n'effleure que les drames profonds pour ne s'intéresser qu'aux coucheries de tous les personnages, l'aspect promo-clip du bassin d'Arcachon et cette fois-ci de l'initiation au saut en parachute, l'impression désagréable d'entre-soi chichiteux, les plans mièvres et/ou clichés (dont les couchers de soleil, mon Dieu !), le cabotinage de certains acteurs (Cluzet en fait trop et Garcia est insupportable), etc.

L'impression que donne au final le film, c'est que Guillaume Canet est un réalisateur enthousiaste et techniquement plutôt bon, qui ne peut malheureusement pas s'empêcher de commettre inévitablement d'énormes fautes de goût.

C'est d'autant plus dommage que le film commence beaucoup mieux qu'il ne finit. La première demi-heure est plutôt agréable, prodiguant une ambiance en demi-teinte d'ouverture de maison et de ressassements mélancoliques. Cotillard, Lelouch et surtout Lafitte sont alors tous plutôt convaincants.  

A voir éventuellement si vous avez vu le premier, pour vous faire une idée. Pour moi, c'est kif-kif.

 

2e

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Rock'n roll

Vous me connaissez, je ne porte dans mon coeur ni Guillaume Canet, ni Marion Cotillard.

Je m'attendais donc à sortir la sulfateuse pour dézinguer en toute impunité ce que je supposais être un bon gros navet auto-célébrateur.

Cela m'embête de le dire, mais Rock'n roll surprend dès sa première scène, et parvient à maintenir sur la durée un équilibre plutôt agréable entre auto-dérision jouissive (le "Monsieur Cotillard" au marché est délicieux), mauvais goût franchement barré (Marion Cotillard en Céline Dion), mise en abyme amusante et scénario bien troussé.

La réussite du film tient surtout à la justesse des acteurs. Marion Cotillard y apparaît une actrice de comédie assez douée, et on aimerait la voir développer cette facette. Les personnages qui jouent leur propres rôles sont absolument parfaits, à commencer par Johnny, irrésistible. 

Mon gros bémol concernant le film, c'est la dernière demi-heure, à laquelle je n'accroche pas du tout. L'idée de scénario (dont je ne dévoilerai rien) est certes très ... originale, mais le passage d'un registre assez fin au burlesque outrancier m'a presque gâché la soirée.

Au final, une comédie quand même agréable.

 

2e

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Mal de pierres

Malgré un scénario sur le papier intéressant, Mal de pierres s'avère être d'une platitude consternante.

Difficile dans ces conditions de ne pas incriminer la mise en scène de NIcole Garcia, et peut-être encore plus sa direction d'acteur.

Marion Cotillard arbore la même expression durant tout le film, révélant une fois de plus l'extrême atonie de son jeu. Alex Brendemühl ne fait guère mieux et Louis Garrel cabotine en sourdine.

La mise en scène est invisible et d'un classicisme pesant (ces plans de coup sur le sanatorium...), et si ce n'était faire insulte à quelques productions télévisuelles, on dirait volontiers qu'elle est digne d'un téléfilm. Le découpage du film ne vaut que par son twist final, qui curieusement ne parvient pas à nous frapper autant qu'il le devrait : la faute à la mollesse indigente de tout ce qui le précède ?

Peu incarné, aucunement original, Mal de pierres entre dans notre cerveau par un neurone et en ressort instantanément par un autre.

Nicole Garcia sur Christoblog : Un balcon sur la mer - 2010 (**) / Un beau dimanche - 2013 (***)

 

1e

 

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Juste la fin du monde

C'est raté.

A vrai dire, on pouvait s'en douter un peu, tellement le casting sentait la fausse bonne idée et la succession de numéros d'acteur.

Après un prégénérique plutôt réussi et typiquement dolanien (moult ralentis et une bande-son poussée à fond), le film s'écroule selon nos pires craintes dès la première scène.

On sait alors en une minute que l'on va devoir assister à une succession de stéréotypes outrés.

Ainsi, Vincent Cassel fait du Vincent Cassel : il ne semble ouvrir la bouche que pour humilier et être agressif. Léa Seydoux lui répond sur un mode ado-rebelle (elle n'est pas un peu âgée pour ce type de rôle ?) qui se drogue et crie tout le temps. Car Juste la fin du monde ne ménage pas de répit : c'est ce type de film où on hurle des répliques comme "ARRETE DE CRIER".

Marion Cotillard joue la cruche. Evidemment. Pour bien nous faire comprendre à quel point elle est bête, elle bégaye sans cesse et ne finit une phrase qu'au bout de 1h10 de film. Nathalie Baye, peinturlurée et méconnaissable, est certainement le personnage le plus intéressant du film, alors que Gaspard Ulliel joue le silencieux taciturne avec une monotonie rebutante (mais comment peut-il ne rien dire à ce point !).

Le film n'est malheureusement qu'une juxtaposition de monologues. Chaque personnage joue sa partition indépendamment des autres et jamais l'intrigue ne progresse du fait de l'intéraction entre les différents membres de la famille, chacun étant réduit à incarner sa propre caricature.

Le cinéma de Dolan, pour fonctionner, nécessite d'emporter le spectateur dans un tourbillon irrésistible, comme c'était notamment le cas dans Laurence anyways et Mommy, qui sont des films épiques, au sens dolanien.

Le huis clos ne sied pas au jeune canadien : son cinéma paraît tout à coup factice et désincarné. A ce titre, il est étonnant de constater à quel point la géographie de la maison de famille n'imprime pas le film. Alors que le Festival de Cannes était cette année plein de maisons incarnées et superbement filmées (dans Aquarius, Sieranevada ou L'économie du couple par exemple), celle de Juste la fin du monde est transparente, et peu habitée, à l'image de tout le film. 

Xavier Dolan sur Christoblog : J'ai tué ma mère 2009 (**) / Les amours imaginaires - 2010 (**) / Tom à la ferme - 2012 (**) / Laurence anyways - 2012 (***) /  Mommy - 2014 (****)

 

1e

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Macbeth

Macbeth commence plutôt bien. 

On est impressionné par la rudesse des moeurs et l'âpreté des paysages, qui évoquent un côté sombre et brutal de l'univers shakespearien, rarement montré au cinéma. L'univers de Kurzel rappelle furieusement celui du Guerrier silencieux de Winding Refn.

Hélas, le caractère réaliste et sauvage des paysages écossais s'estompe rapidement pour laisser place à un long clip esthétisant.

La bascule d'un certain vérisme à un baroque boursouflé a lieu assez tôt, lors de la grande bataille, montrée avec force ralentis et jets d'hémoglobine. Elle se concrétise totalement dans le Palais du roi, dans lequel on allume des milliers de bougies, dans un style très "hommage à Lady Diana". Il ne semble manquer alors que la musique d'Elton John.

De chronique médiévale, Macbeth devient brouet new age dans lequel cieux rouge sang et musique envahissante noient l'impact de l'histoire.

Ce glissement est particulièrement triste : le film permettait de nous remémorer l'histoire de Macbeth, incroyablement forte, et l'interprétation est plutôt bonne dans l'ensemble. Quelques trouvailles fonctionnent très bien (les sorcières).

On se demande quelle mouche a piqué Kurzel pour que celui-ci transforme au fil des minutes son austère drame écossais en Game of Thrones sauce bolognaise.

 

 2e  

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Deux jours, une nuit

Le scénario du dernier film des Dardenne est d'une grande faiblesse, et c'est le principal défaut de Deux jours, une nuit. On est en effet habitué de la part des frères belges à plus de subtilité et de complexité dans l'écriture de leur histoire. 

Passons sur l'idée de base improbable, qui semble complètement irréaliste tant le deal présenté (une somme de primes annuelles contre un emploi en CDI) semble absurde - et destructeur - du point de vue du chef de l'entreprise même, passons donc sur cette fausse bonne idée pour examiner le cheminement du film. Il se joue sur une répétition à l'envi du même schéma : scène de doute dans une voiture, Sandra se motive et exprime toujours la même phrase assez pauvre en arguments, Sandra doute, Sandra prend du Xanax. Et on recommence. 

Plusieurs fois, le scénario bégaye carrément sur les circonstances même de la rencontre : monsieur est sorti (au pressing, à l'entraînement de foot, au bar...) pendant que madame garde les enfants, et les scènes s'étirent donc un peu (il faut bien tenir la longueur requise !) le temps de rejoindre l'endroit adéquat. 

La répétition en soi n'est pas un problème, c'est l'absence de profondeur, de sensibilité, d'intelligence relationnelle et émotionnelle dans les réactions des différents salariés qui est problématique. Comment en effet imaginer que chacun réponde aussi platement qu'il le fait, avec aussi peu de questionnements, d'interrogations sur les conséquences de ces choix ? Comment se fait-il qu'aucun des salariés ne questionne même l'idée de revoter, qui est à la base déjà bien saugrenue ?

Le film devient du coup une sorte de machine intellectuelle théorique vidant les personnages de leur humanité, à l'image du jeu de Marion Cotillard, inexpressif à l'excès, sans que l'on sache exactement si cela est volontaire ou pas. On a rarement vu une scène de suicide aussi facilement expédiée, un peu comme s'il s'agissait de se laver les dents. 

Comme la mise en scène (transparente) n'est pas le fort du cinéma dardennien, il ne reste finalement pas grand-chose à sauver de ce film faussement social, et qui se termine sur une fin malheureusement prévisible, tellement le pitch initial contient en lui le germe de son propre échec.

 

 1e

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The immigrant

Le dernier film de James Gray est jaune. Il est aussi mauvais.

Je ne sais pas quelle mouche a piqué l'expérimenté directeur de la photo Darius Khondji pour appliquer de façon continue, ou presque, un filtre de tonalité jaune dans ce film, mais l'effet obtenu est particulièrement immonde.

Vous allez me dire que je pinaille sur une question de forme, mais le film n'est pas simplement sépia par son image, il l'est aussi par ses personnages et son scénario. Tout y est en effet pitoyablement vieux, artificiellement suranné.

Détaillons un peu : Marion Cotillard parle polonais comme moi l'araméen ancien, le scénario a été vu mille fois, il a la délicatesse d'un coït d'éléphant sur un lit de porcelaine. On se demande où est passée l'art délicat et feutré que montre habituellement James Gray pour filmer les sentiments.

Ici, tout n'est que trivialité classique, la mise en scène sans aspérité comme le jeu des acteurs. Le film sent la naphtaline, à l'image de ses décors qui ressemblent beaucoup trop à ... des décors.

Je crains fort que la médiocrité de Guillaume Canet n'ait contaminé le génie naturel de James Gray, lors de leur collaboration sur le calamiteux Blood ties.

 

1e

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Blood ties

On va me dire que je tire sur une ambulance, au vu des critiques désastreuses qui saluent le dernier poncif filmé de l'inénarrable Guillaume Canet, mais quand une ambulance a coûté aussi cher, c'est un plaisir de sortir le super bazooka M20, qui tire des obus de 4 kg.

Canet utilise les talents de James Gray (comme scénariste), de Matthias Schoenaerts, Mila Kunis, Clive Owen et James Caan (comme acteurs), de Marion Cotillard (comme femme et potiche), pour tourner le remake d'un film de Jacques Maillot dont tout le monde se fout (sauf sa seigneurie Canet lui-même, car il y a fait l'acteur) : Les liens du sang.

L'envie de hurler "Arrêtez le massacre" ne m'a pas quitté une seule minute tant tout est récité, balourd, factice et pauvre en imagination comme en réalisation. Je repense par exemple à ces gunfights qui semblent tournés avec des pistolets à eau, ou à ce montage à l'emporte-pièce. Le film n'est qu'une longue accumulation de clichés : par exemple, quand un personnage va faire quelque chose de difficile, il allume une cigarette.

C'est comme ça que Canet envisage le cinéma des années 70 et veut lui rendre hommage : à grand coup de nostalgie amidonnée et de grues planant au-dessus de voitures vintage.

Tout est mauvais dans Blood ties, rien n'accroche, on ne croit à rien, les méchants ne le sont pas assez et les gentils le sont trop : c'est de la guimauve à 25 millions de dollars qui ne sert qu'à combler les penchants onanistes de Canet.

A fuir, et vite.

 

1e

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De rouille et d'os

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/84/98/20086124.jpgDeuxième film vu de la sélection officielle (après le délectable Moonrise kingdom) et deuxième coup de coeur : on peut dire que Cannes 2012 commence fort.

Dès les premiers plans, il apparaît clairement qu'Audiard fait désormais partie des plus grands réalisateurs actuels. Il compose des images de générique absolument éblouissantes, mixant plusieurs thèmes du film comme dans un rêve. C'est de toute beauté.

Le récit embraye ensuite avec une belle efficacité, et nous happe rapidement, donnant une impression de réalité extrêmement intense. Audiard excelle dans la reconstitution d'un milieu, d'un évènement, d'une ambiance (le parc marin, l'appartement d'Anna et de son mari, la salle de sport...). On est tellement ébloui par la beauté des images qu'on tarde un peu à se rendre compte de la qualité de jeu des interprètes : Marion Cotillard, qui signe son plus grand rôle (j'ai envie de dire son premier vrai rôle), Matthias Schoenaerts, Marlon Brando belge et Corinne Louise Wimmer Masiero

Le film enfin n'est pas qu'un mélo de haute volée, il est aussi un puissant révélateur de l'état de la société, et il donne à voir un renversant tableau de la façon dont le système amène aujourd'hui les pauvres à surveiller les pauvres (étonnant écho dans l'actualité du jour avec l'affaire Ikea).

La bande-son est osée et bourrée de références : les plus anciens apprécieront de voir Stéphanie se déchaîner en fauteuil sur le toujours énergisant Love Shack des B-52. Pour ma part, j'ai particulièrement aimé le remix ébourriffant du State trooper de Springsteen par Trentemoller (écoutez), dont les paroles entrent parfaitement en résonance avec le film. Un grand moment de cinéma.

Seul petit bémol : la toute dernière partie dans la neige m'a semblé ne pas éviter complètement le piège de la sensiblerie. Mais c'est un détail au regard de la puissance de cette oeuvre, qui en fait - évidemment - une Palme d'or en puissance.

Audiard sur Christoblog : Un prophète

 

4e 

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Minuit à Paris

Owen Wilson & Rachel McAdams. Mars DistributionOuverture de Cannes 2011. J'étais à Paris et quand je suis sorti de la projection du dernier Woody Allen, il était minuit .... à Paris.

Le lendemain, alors que mon article prenait forme dans mon petit cerveau, me voilà dans les jardins du Palais Royal vers 11h45, sous un soleil printanier, et je vois une boutique de boîtes à musique (oui, je confirme, un magasin qui ne vend que des boîtes à musique) qui ressemble à une carte postale. Plus loin, dans la galerie latérale,  des boutiques de créateurs de mode (la petite robe JP Gaultier 1300 € et son bondage 300 €) dans lesquelles de jeunes femmes qui pourraient être dans le film d'Allen essayent des impers vert pomme et des chaussures avec des talons qui font 17 centimètres. Bref, la vision de Paris qu'Allen propose dans son film se matérialisait sous mes yeux.

Du film je préfère ne pas dire grand-chose. Sous l'angle d'une analyse basique, ça ne vaut pas grand-chose. Le début est inquiétant, voir catastrophique (une succession de clichés insupportables, sur Paris d'abord, puis sur le style de Woody, à travers des scènes qu'on a l'impression d'avoir vu 1000 fois chez lui). Au deuxième degré, et en considérant que Woody se met en roue libre, le film dégage un certain charme, mais je le dis un peu à contre-coeur, tellement il regorge a priori de facilités et de nonchalance.

J'ai eu cette impression bizarre : que Woody nous parle déjà d'outre-tombe et que ces failles temporelles valaient pour lui-même. N'a t'il pas déclaré au Monde qu'il regrettait de ne pas être resté à Paris quand il y était ?

Petit complément sur les acteurs :

- Carla Bruni est affligeante : elle annone son texte en regardant le bout de ses pieds.
- Adrien Brody est excellentissime en Dali
- les autres personnages "historiques" sont très inégaux (Hemingway pas mal, Picasso raté)
- Owen Wilson prend tous les tics du réalisateur avec un degré de mimétisme étonnant
- Léa Seydoux n'est absolument pas dirigée, ses répliques télescopent celles de son partenaire, c'est très curieux et un peu désagréable
- Marion Cotillard minaude dans le style qui lui est propre
- Gad Elmaleh a 3 plans dans le film, c'en est presque insultant
- Rachel McAdams confirme son statut de gourde transparente
- Michael Sheen fait un pédant potable


2e

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Les petits mouchoirs

Bon, je vais laisser à d'autres le soin d'éreinter le film de Canet.

Les raisons de le faire ne manquent certes pas : un côté bobo à Arcachon très mièvre, des surlignages musicaux d'un goût horrible, une fin ratée dans les grandes largeurs, le sentiment que ce genre de film de potes a été fait mille fois, du classique Mes meilleurs copains au récent et fade Coeur des hommes.

Et pourtant, par un tour de passe-passe assez étrange, et malgré ses défauts innombrables, je ne me suis pas ennuyé en regardant les 2h36 des Petits mouchoirs.

Peut-être le fait que Cluzet, l'acteur que j'aime détester, l'homme qui ne se départit jamais de son air "j'ai un balai dans le cul", trouve ici un rôle qui lui va comme un gant : maniaque obsessionnel de première bourre, ignoble et insupportable, cible des avances d'un Magimel très bien en gay refoulé.

On peut (peut-être) trouver une qualité au film : l'art d'établir un casting assez cohérent. Valérie Bonneton par exemple est extra, et Marion Cotillard très bonne aussi, par exemple dans une scène de bouée assez amusante.  Lafitte a des airs de Michel Leeb idiot (pléonasme ?). Gilles Lellouche s'en tire bien aussi, en clone de Jean Dujardin.

Canet possède un ego sur-dimensionné qui lui permet de faire passer une certaine énergie dans son film (public de jeunes femmes trentenaires en bande ce soir, qui ont applaudi à la fin du film, vous voyez le genre...). Il lui reste à trouver du talent. 

 

2e

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Inception

Difficile pour moi de me faire une idée bien arrêtée sur ce film.

Le début est intéressant, exposant une idée assez stimulante : il est possible de pénétrer dans l'esprit des gens lors de leur rêve, et d'y voler des secrets. Il est également possible, bien que beaucoup plus difficile, d'y déposer des idées.

Les scènes de rêve sont filmées comme dans la réalité, et les personnages y jouent leur propre rôle, procédé qui permet quelques retournements intéressants du genre : "ce que vous voyez n'est pas ce que vous croyez".

A partir de ce schéma, Christopher Nolan bâtit une oeuvre volontairement complexe en y insérant :

  • une histoire d'amour compliquée entre son héros et sa femme qui ont partagé des moments intenses dans un monde de rêve, jusqu'à une tragédie dont je ne parlerai pas
  • une escalade dans les rêves "emboités" (je rêve que je rêve que je rêve...) vertigineuse : jusqu'à 4 niveaux
  • le concept assez nébuleux de Limbes (quand on meurt dans un rêve, mais seulement dans certaines conditions, on erre dans une zone indécise pendant un temps ... incertain)

L'impression est que la machine s'emballe dans une explosion de créativité non maîtrisée, un peu comme dans Lost par exemple, ou dans la série des Matrix. Nolan semble vouvoir donner son 2001, l'Odyssée de l'Espace ET son Eyes wide shut EN MEME TEMPS, ce qui n'est évidemment pas possible.

Di Caprio peut enchaîner pépère des mimiques déjà exploitées dans Shutter Island : amour tragique, remords éternels, culpabilité, doute sur la réalité qui l'entoure...

On ne peut que relever la grosse balourdise de l'approche typiquement US de la psychanalyse et de l'inconscient : les secrets y sont enfermés dans des coffres (!) les réactions de défense de l'inconscient se matérialisent dans les rêves sous forme d'armée, de milice et de tueurs (cf le niveau dans la neige, on dirait du James Bond cheap), et le sexe en est complètement absent. Les lois de la physique ne sont pas mieux traitées : dans un monde en apesanteur, débloquer le frein de sécurité d'un ascenseur ne fera pas chuter celui-ci.

La fin est un peu à l'image des hésitations, et de la sophistication alambiquée du film : on n'est pas bien sûr d'en comprendre le sens, et peut-être d'ailleurs n'y en a t-il pas, Nolan étant peut-être aussi perdu - et épuisé - que nous (cela fait longtemps qu'on est perdu avec cette histoire de totems, mais je ne vais pas développer mes arguments, sinon on y passera la nuit).

Je précise pour ceux que cette timide histoire d'amour par delà le temps et l'espace intéresse qu'ils devraient lire Hypérion de Dan Simmons, ouvrage dans lequel figure un exemple parfait de ce type d'histoire

 

2e

 

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