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Christoblog

Articles avec #niels arestrup

Au revoir là-haut

J'aimerais pouvoir dire beaucoup de bien de ce film : Albert Dupontel m'est sympathique (j'ai adoré 9 mois ferme), le casting est épatant et le scénario est sur le papier un des plus attrayant que le cinéma français a produit ces dernières années.

Mais curieusement, je ne suis jamais vraiment entré dans le film. La virtuosité un peu vaine de la caméra de Dupontel convient assez mal au caractère noir de l'histoire, comme d'ailleurs les décors ripolinés et la photographie bien léchée.

On n'est jamais loin de la caricature, ou a minima d'une sorte de BD dans laquelle les personnages seraient croqués à grand traits, dans un style un peu trop net pour être réellement intéressant. 

Quelques aspérités du livre sont gommées, à l'évidence dans le but de rendre le film à la fois plus spectaculaire et plus aimable : le fait que ces arrangements soient effectués avec la bénédiction de Pierre Lemaitre, qui a participé au scénario, ne les rend pas moins inutiles.

Ceci étant dit, le film se laisse regarder, un peu comme une série de samedi après-midi pluvieux : il ne prête guère le flan à la critique frontale, sauf peut-être pour les détracteurs de l'esthétique à la Jean Pierre Jeunet. Il y a en effet un peu du style de ce dernier dans Au revoir là-haut.

A vous de voir.

 

2e

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A perdre la raison

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/56/97/20137392.jpgBelle soirée avant-hier soir au Katorza. Le film projeté en avant-première n'était pas d'une gaieté folle (nous y reviendrons), mais sa densité en fait une oeuvre remarquable, portée par un trio d'acteurs au sommet de leur art.

Alors d'abord, si vous voulez sortir votre copain (copine) pour une bonne soirée ciné, évitez de lui dire : "on va aller voir un film qui retrace l'histoire vraie d'une mère qui a tué ses 4 enfants de moins de 6 ans au couteau", dites plutôt : "on va aller voir un thriller psychologique, chronique d'un enfermement progressif dans une relation perverse, servie par une actrice en état de grâce". Parce que le sujet du film est bien plutôt la dissection des rapports humains entre 3 personnes (un jeune marocain, sa femme, son bienfaiteur riche et âgé) que la chronique malsaine d'un fait divers. D'ailleurs en exposant dans les quelques scènes d'ouverture la conclusion du drame (d'une bien délicate façon) Joachim Lafosse expose son projet : de suspens quant à l'issue il n'y aura pas, donc préoccupons nous du cheminement qui aboutira à cette situation de tragédie absolue, une femme tuant ses enfants, une Médée contemporaine.

Quand on passe 45 minutes après le film à discuter avec un réalisateur (exercice auquel Joachim Lafosse s'est prêté de bonne grâce alors qu'un perturbant problème à l'oeil l'handicapait), on ne sait plus trop ce qui résulte de sa propre appréciation du film et de ce que nous a expliqué le réalisateur. Ceci dit, je vais essayer d'exprimer un ressenti qui ne dévoile pas trop l'intrigue du film. D'abord, il faut saluer l'exceptionnelle prestation d'Emilie Dequenne, servie par deux acteurs au meilleur de leur forme : Niels Arestrup égal à lui-même (glaçant, capable d'énoncer une vacherie ou un compliment avec le même air de ne pas y toucher) et Tahar Rahim que j'ai trouvé personnellement exceptionnel, capable de faire passer 4 ou 5 émotions dans un même plan, tout en retenue low-fi. On ne pense pas un instant à leur duo d'Un prophète, c'est dire.

Le film peut se prêter à tout un paquet d'exégèses de différents niveaux : historique (et en particulier colonial), psychanalytique, mythologique, sentimental, sociologique, psychologique... c'est sa richesse. Même si la progression est lente, et que le moment du déclic fatal n'est pas discernable (mais peut-il l'être ?), Joachim Lafosse parvient à maintenir une sorte de tension perpétuelle, de suspens psychologique (le médecin cache-t-il quelque chose ? comment l'irréparable va-t-il survenir ?) qui assure au film une structure interne solide, et qui évite l'ennui. Il utilise superbement pour l'aider des morceaux de musique baroque qui contribuent à sacraliser la narration. 

A perdre la raison n'est pas un feel good movie endiablé, vous l'avez compris, mais si vous aimez les thrillers psychologiques profonds et travaillés, je vous le conseille.

 

3e

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Un prophète

Niels Arestrup et Tahar Rahim. Roger ArpajouLa critique a tellement encensé Un prophète, le donnant gagnant à Cannes pour la Palme  d'Or pendant toute la compétition, qu'on s'attend réellement à voir un très, très grand film.

Et c'est vrai qu'Un prophète possède bien des qualités.

Son aspect réaliste est prenant. Sa description de l'univers carcéral contemporain est frappant. L'interprétation de Tahar Rahim est remarquable, pleine de densité, et celle de Niels Arestrup est encore meilleure.

Le scénario se tient, palpitant jusqu'à l'insoutenable dans la première demi-heure. La mise en scène est élégante et puissante à la fois, Audiard impose un style, qui était déjà bien présent dans De battre mon coeur s'est arrêté.

Bien des qualités mais aussi quelques défauts, qui empêche le film d'être le chef d'oeuvre annoncé.

Le scénario prometteur au début s'étiole progressivement. Les aventures de Malik deviennent confuses et longuettes (le film dure 2h28, mais paraît en durer plus de 3), plusieurs des personnages semblant conduire les intrigues secondaires dans des culs de sac.

Le principal écueil est qu'on ne sent pas réellement les raisons de l'ascension de Malik. Si son emprise progressive sur les Corses est clairement montrée, sa légitimité vis à vis du groupe des barbus reste obscure (ils passent de la défiance à la soumission sans qu'on comprenne vraiment pourquoi).

Son aspect "prophétique" est anecdotique (il voit une biche traverser la route avant qu'elle le fasse) et le titre est un peu mensonger de ce point de vue. Certains tics de mise en scène agacent aussi (les écritures sur l'écran, les plans de remplissage, les images très sombres).

Un prophète est un film marquant, mais sur lequel plane cependant l'ombre d'un autre grand film carcéral récent : Hunger.


3e
 

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