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Christoblog

Articles avec #robert pattinson

Tenet

Il y a une chose qu'on ne peut pas enlever à Christopher Nolan : c'est sa faculté à pouvoir raconter n'importe quoi, tout en conservant la confiance d'une tribu importante de fans hardcore.

Il n'y a guère que Jean Luc Godard, dans un tout autre genre, pour présenter cette même faculté, vis à vis d'un groupe d'aficionados évidemment fort différent.

Nolan propose ici un blockbuster qui a tous les attributs d'un James Bond (voyage au quatre coins du monde, méchants qui veulent la fin du monde, pyrotechnie spectaculaire et gadgets improbables), mais un Bond dont l'intrigue serait basée sur de délicats principes de physique (il est par exemple fait état du positron de Feynmann / Wheeler, si vous voyez ce que je veux dire).

Disons-le tout de suite : on n'y comprend rien. On a beau essayer de prendre les indications des personnages en compte, ce qu'on voit à l'écran n'est jamais complètement explicable d'une façon satisfaisante, en tout cas lors d'une première vision.  

Nolan dans tous ses films ou presque joue avec le concept du temps, mais il se prend ici les pieds dans le tapis en ajoutant des couches à des couches, de telle façon qu'on se perd totalement dans ses histoires d'étaux temporel intriqués les uns dans les autres, d'entropie inversée et autres joyeusetés.

Pour qu'un film sur les paradoxes temporels fonctionne, il doit présenter une trame didactique qui permette d'entrer dans le film et d'éprouver des émotions issues de ce que l'on comprend (c'était le cas du modeste Looper par exemple). Nolan ne parvient pas ici à rendre crédible son fouillis temporel (même si celui-ci possède sa logique), à l'image de l'attaque finale, que la décomposition en équipe bleue et rouge rend totalement vaine. Sans parler de la fin abracadabrante.

Pour ceux qui souhaiteraient un autre exemple de film dans lequel le même type de principes est décliné (notamment le fait de se rencontrer soi-même) peuvent se procurer le méconnu Triangle de Christopher Smith, que Nolan a peut-être vu.

Résumons-nous. Le film est dépourvu d'émotions, trop long et mal écrit. Le script est laborieusement scolaire. L'acteur principal, John David Washington (fils de son père) souffre d'un manque de charisme évident, heureusement compensé par l'excellente prestation en méchant de Kenneth Branagh. Nolan coche un certain nombre de cases en matière de diversité : les générations futures veulent nous éliminer parce qu'on s'est mal occupé de la planète, l'acteur principal est Noir, l'actrice principale n'a pas un physique courant dans les blockbuster, et c'est la femme indienne qui porte la culotte. Malheureusement, cela ne suffit pas à sauver le film d'une médiocrité poussive.

Le seul point réellement positif de Tenet me semble être la faculté à filmer les décors d'une façon qui campe immédiatement une ambiance. C'est peu.

Si vous avez aimé Inception, vous adorerez Tenet, et inversement : les deux films sont également clinquants, en partie stimulants et finalement décevants.

Pour aller plus loin :

- L'excellent article de Maxime, qui vous explique tout le plus clairement possible : Tenet : les clefs pour comprendre

- Un article dans lequel un scientifique donne un avis .... scientifique : Le films contient plusieurs paradoxes qui nuisent à sa cohérence 

- Une vidéo qui va très loin dans les interprétations au sujet du film, et qui vous dévoilera qui est réellement Neil : Tenet : Génie ou foutage de gueule

 

2e

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Good time

Good time est avant tout un trip sensoriel.

Le scénario ne brille en effet pas par son originalité : le principe de l''enchaînement de circonstances néfastes qui conduit à la catastrophe en l'espace d'une nuit a été déjà largement exploité. 

L'intérêt du film des frères Safdie est dans le traitement qu'ils réservent à cette histoire peu originale. Des plans très rapprochés, une image faiblement éclairée et un montage nerveux donnent à Good time une ambiance très particulière, à la fois quasi naturaliste et d'une certaine façon mythologique. Les tribulations de Connie peuvent en effet se lire de deux façons différentes : une plongée vériste dans le New-York des marges, ou une sorte de voyage d'Ulysse.

Robert Pattinson trouve ici probablement son meilleur rôle. Il est vibrant et magnétique. L'ensemble du film est admirablement servi par la musique très présente, dans un style vaguement électro, prenante et planante à la fois.

Un projet de cinéma d'une grande force esthétique.

 

3e

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Maps to the stars

Dans Maps to the stars, Cronenberg semble avoir voulu accumuler un maximum de clichés en rapport avec son cinéma, et le plus possible de provocations à propos d'Hollywood.

Cela donne un gloubi-boulga souvent indigeste et parfois plaisant dans lequel on retrouvera : Robert Pattinson dans une limousine, Juliane Moore en train de faire caca, Mia Wasikowska défigurée salissant pendant ses règles un beau canapé blanc, un inceste mère fille, un inceste frère soeur, du name dropping à tous les coins de dialogues (du Dalaï Lama à Bernardo Bertolucci), des scène de sexe à trois ("Je suis nul en lesbienne" dit Julianne Moore, souvent drôle dans ce film), une immolation par le feu (très mauvais effets spéciaux), un meurtre violent, des fantômes, etc...

Trop n'est visiblement pas assez pour Cronenberg dans ce film, et c'est bien dommage, parce que la belle histoire du frère et de la soeur - qui finalement est le coeur battant du film - passe au second plan. Sur des thèmes semblables (l'arrivisme, la cupidité, l'aveuglement du mileu hollywoodien) Paul Shrader a signé récemment un film bien plus réussi : The canyons

David Cronenberg sur Christoblog : Cosmopolis (*) / Les promesses de l'ombre (***) / A dangerous method (***)

2e 

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Cosmopolis

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/59/53/20089910.jpgL'écriture de Don DeLillo est particulièrement hermétique. Dans son roman Cosmopolis, cela donne des choses du genre : "C'étaient des scènes qui l'exaltaient habituellement, cet immense flux rapace où la volonté physique de la ville, les fièvres de l'égo, les affirmations de l'industrie, du commerce et des foules façonnent l'anecdotique dans chacun de ses moments

Vous voyez le genre.

Et bien le film de Cronenberg est parfaitement conforme au style abscons de DeLillo : il est parfaitement incompréhensible au commun des mortels, et autant vous le dire si vous ne l'avez pas vu, vous ne comprendrez guère qu'une phrase sur deux. En plus, parmi celles qu'on comprend, il y a des répétitions, comme le déjà tristement célèbre "I want a haircut".

Que dire de plus ?

Pattinson joue avec la conviction d'un mollusque par temps chaud. La mise en scène se résume au défi de tourner à l'intérieur d'une limousine, comme Buried le faisait dans un cercueil. Les scènes fantastiques ou oniriques, qui sont généralement un des points forts de Cronenberg, paraissent ici un peu ridicules et cheaps (les adeptes du rat). L'apparition successive des différents interlocuteurs sous forme de vignettes caricaturales est vaine et lassante. Juliette Binoche fait une apparition qui n'est pas à son avantage.

Difficile de faire plus mauvais, d'ailleurs à Cannes les gens partaient nombreux avant la fin de la séance. Amusant : le premier plan de Cosmopolis montre une limousine, le dernier du Carax en montre plusieurs, et les deux se déroulent en grande partie dans un de ces engins. Le navet et le chef d'oeuvre.

Un autre extrait pour rire ? "Il voulait être enterré dans son bombardier nucléaire, son Blackjack A. Il voulait être solarisé"

Cronenberg sur Christoblog : Les promesses de l'ombre / A dangerous method

 

1e

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