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Christoblog

Articles avec #josh brolin

Dune : deuxième partie

La première partie de Dune m'avait laissé un sentiment mitigé : certains parti-pris esthétiques de Denis Villeneuve ne m'avaient pas convaincus, et je trouvais Thimothée Chalamet un peu tendre pour le rôle de Paul Atreides.

La deuxième partie lève une grande partie de ces doutes.  

La mise en scène est cette fois-ci tout à fait convaincante. Villeneuve parvient d'abord à donner à voir toutes les dimensions de l'histoire racontée (sensorielle, mystique, philosophique, morale) en multipliant les changements d'échelle (du très gros plan sur un objet ou un détail jusqu'au plan hyper large) et changeant constamment de rythme (effréné pour certaines scènes d'action, ralenti pour générer du suspense ou de la réflexion).

La direction artistique est aussi particulièrement réussie, avec une mention spéciale pour les décors brutaliste de Giedi Prime et l'utilisation astucieuse du noir et blanc. Le sietch Tabr est aussi très beau.  

Thimothée Chalamet donne de l'épaisseur à son rôle et parvient même à être crédible lors des scènes de combat, qui sont à la fois courte et joliment chorégraphiées. Le reste du casting est lui aussi parfait, d'un Javier Bardem excellent en disciple énamouré à la composition saisissante d'un Austin Butler qui fait ici oublier qu'il a été récemment un très bon Elvis.

Dune : deuxième partie est un excellent divertissement, auquel je reprocherais juste quelques raccourcis inappropriés dans la narration et une représentation des prémonitions de Paul toujours un peu niaise. C'est peu de choses au regard des nombreuses qualités du film.

Denis Villeneuve sur Christoblog : Incendies - 2010 (***) / Prisoners - 2013 (**) / Sicario - 2015 (***) / Premier contact - 2016 (****) / Blade runner 2049 - 2017 (*) / Dune - 2021 (**)

 

3e

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Flag day

On avait laissé Sean Penn à Cannes avec un film qui peut sans beaucoup d'hésitation être qualifié de pire film jamais vu en compétition, le calamiteux The last face, qui avait suscité en 2016 quolibets et critiques féroces sur la Croisette, comme aucun autre film auparavant.

Flag day est objectivement moins mauvais, mais reste marqué par les mêmes défauts que son lamentable prédécesseur : montage lourdingue, manque de profondeur des personnages et des situations, aspect clippesque de la mise en scène, caractère sirupeux des émotions, plans inutiles. 

Le sujet est parfaitement anecdotique (le père d'une journaliste est un escroc, and so what ?). Je me suis ennuyé fermement et j'ai été dubitatif de voir le père et la fille Penn jouer un père et une fille, transformant indirectement le spectateur en psy indiscret.

Vous m'avez compris : Flag day est vulgaire et mal fagoté, même si Penn s'y avère être un acteur assez convaincant. Vous pouvez éviter.

 

1e

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Avé César

Je n'aime pas trop les films des frères Coen. Dans le monde de la cinéphilie, c'est un aveu qu'il vaut mieux faire discrètement, tant le prestige des frérots est grand. 

Lorsque mon avis, souvent tiède, est à l'unisson de la vox populi, comme cette fois-ci, je suis donc un tout petit peu plus à l'aise.

Avé César n'est pas seulement un film mineur des Coen, c'est tout simplement un mauvais film, qui ne parvient jamais à capter notre attention totale.

A la fois parodie excessive sans point de vue et hommage compassé au cinéma, Avé César rassemble tout ce qu'il y a de plus mauvais chez les Coen : un formalisme outrancier (comme la scène du sous-marin, d'un ridicule consommé), une culture élitiste de la private joke et un manque de souffle sur la durée.

Dans le marasme généralisé du film ne surnagent que quelques scènes. Suivant votre sensibilité, vous aimerez soit le passage avec les quatre religieux, soit le moment de comédie musicale, soit l'influence des communistes sur le personnage surjoué de façon pitoyable par Georges Clooney.

Le tout est sans rythme et sans inspiration.

Les frères Coen sur Christoblog : Inside Llewyn Davies (**) /  True grit (*) / No country for old men (**) / Burn after reading (**) / A serious man (*)

 

1e

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Sicario

Sicario est probablement le meilleur polar de l'année.

Il commence par une scène pleine de tension, d'une incroyable efficacité, qui laisse pantois. La suite est élégante, dense, parsemée d'excellents moments de cinéma. Un procédé assez classique comme les vues aériennes semble dans les mains de Denis Villeneuve se transformer en quelque chose de résolument neuf et inventif.

Le personnage de jeune flic volontaire et inexpérimentée, joué par Emily Blunt, est très attachant. On voit l'évolution de l'histoire à travers ses yeux : autrement dit, on n'y comprend pas grand-chose, et on est le jouet de forces bien plus terribles que ce qu'on imagine au départ.

Les acteurs sont très bien dirigés, avec une mention spéciale pour le grand Benicio del Toro, ici opaque à souhait.

Sur le fond, le film expose d'une façon intéressante les dilemmes moraux auxquels peuvent être confronté les policiers (faut-il faire les bouger les lignes entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas ?), tout en proposant une oeuvre solide, tendue, ramassée. Dans cette optique d'efficacité quasi monastique, le film évite la traditionnelle tuerie finale pour se concentrer sur une fin âpre et séduisante.

Il faut être attentif à la bande-son, qui contribue à donner au film cet aspect légèrement oppressant : bruits sourds et graves, pas forcément en lien avec ce qui se passe à l'écran.

L'impression générale que laisse Sicario est celle d'une fuite en avant sans retour, comme si les personnages glissaient irrésistiblement dans le grand entonnoir du destin.

Une réussite élégante et sans faute de goût.

 

3e

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Everest

Baltasar Kormakur est décidément friand de récit dramatique tourné dans le froid : après avoir filmé le calvaire d'un marin islandais dans l'eau glaciale (Survivre), le voici qui raconte une expédition virant à la catastrophe en 1996 sur l'Everest.

Le film est en 3D (je ne crois pas qu'on puisse le voir en 2D) et une fois de plus, il faut bien avouer que le procédé n'apporte rien au film. Au contraire, la 3D accentue l'aspect artificiel de certains décors. 

L'aspect documentaire est pourtant le point le plus intéressant du film : l'approche du camp de base est joliment filmé, l'envahissement de l'Everest par des agences de voyage peu scrupuleuses est intéressante, et les péripéties ont un aspect un peu sec qui évite (presque) tout sentimentalisme. 

Dans Everest, pas de péripéties classiques et téléphonées (adieux émouvants entre alpinistes, corps suspendus au bout d'une corde), on se concentre sur l'essentiel : on meurt en tombant à l'arrière-plan.

Le film parvient ainsi à donner une sensation assez réaliste de ce qu'est une course en Himalaya, en ménageant sa part de grand spectacle. Pas facile de dire au début du film qui s'en tirera, et qui y restera, ce qui constitue en soi une qualité.

A noter que le film est tiré d'un livre de John Krakauer, présent dans l'expédition, et qui écrivit aussi le livre adapté par Sean Penn dans Into the wild.

Du beau spectacle au casting XXL, plutôt honnête à défaut d'être super-spectaculaire.

 

2e

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True grit

Certains vont penser que je m'acharne contre les frères Coen.

Pourtant cette fois-ci je partais dans les meilleures dispositions d'esprit : de bonnes critiques, un pitch sympa, de bons acteurs....

Et patatra, les frères Coen semblent définitivement englués dans une sorte de conformisme soft et sans surprise, certes agréable à regarder, mais complètement insipide.

La vision de l'Ouest qu'ils donnent, loin d'être réaliste (ceux qui soutiennent cette thèse devraient regarder Deadwood), est incroyablement ripolinée. Les pommes y sont plus rouges et brillante qu'au Leclerc du coin, et quand la jeune héroïne sort d'une rivière en furie, elle n'est tout simplement ... pas mouillée. On dira que je pinaille, mais comment se sentir immergé dans un film quand tout est artificiel à ce point (cf la rue du village comme sortie d'un village Disney) ? Le plus modeste objet du décors (la corde du pendu, la pierre tombale) semble absolument neuf, acheté le jour même au Walmart d'à côté. Et je ne parle même pas de l'usage abondant de clichés éculés (coucher de soleil, concours de tir, ciel étoilé, lonesome cow-boy).

Le scénario est aussi d'une faiblesse criarde. Pas une péripétie qu'on ne voie arriver à 10 km...

Au départ j'ai pu croire que la jeune actrice allait sauver le film à elle seule. Et puis d'une façon incompréhensible, son personnage, pourtant original et émouvant, s'efface progressivement pour laisser place à des archétypes sans relief.

Quant à la fin, elle est pitoyable et gâche le peu d'estime que le film pouvait susciter : maladroite, triste, lourdasse.  Un succès au box-office qui fera la joie de TF1 en prime time, un fiasco artistique.

 

1e

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Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu

Freida Pinto et Josh Brolin. Warner Bros. FranceOn va voir le dernier Woody Allen comme on va voir le dernier Lelouch : en devinant qu'il ressemblera au précédent, qui lui-même ressemblait au précédent, qui...

La petite musique allenienne semble bien usée désormais, au propre (les arrangements jazzy old fashion aigrelets) comme au figuré. Rien de nouveau dans l'intrigue : des chassés-croisés, une voix off difficilement supportable, des marivaudages en toc, une pute aux gros seins, un artiste manqué. Bref les stéréotypes usuels du maître.

Dans cet opus qu'on oubliera aussi vite que le précédent, il y a pourtant une dose de cruauté qui aurait pu sauver le film, si Woody avait chaussé les lunettes / bistouris qui avaient rendu si brillant le diamant Match Point.

Malheureusement tout est mou dans ce film, de la réalisation à la lumière en passant par le jeu ridicule des acteurs et actrices. Seule Naomi Watts semble à la hauteur : elle minaude superbement en essayant ses boucles d'oreille, puis peut vraiment être infâme avec sa mère.

A part elle, encéphalogramme plat.

 

1e

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No country for old men

Bon, ce n'est pas facile de dire du mal d'un film des Coen quand on a adoré Arizona Junior, Blood Simple, Miller's Crossing ou Fargo.

Encore plus difficile quand la critique cannoise a dit beaucoup de bien du film, le présentant comme une Palme d'or potentielle, alors qu'à mon avis le seul rival de 4 mois, 3 semaines, 2 jours ne pouvait être finalement que Zodiac. Et que la presse en général va l'encenser la semaine prochaine.

Mais franchement, si les frères Coen ne figuraient pas au générique, qui s'intéresserait à cette série B qui se donne des grands airs ?

Résumons nous : le rythme est lent, la véracité psychologique des personnages improbable (Javier Bardem est une caricature, les seconds rôles inexistants), et surtout la dramaturgie des scènes sensées être éprouvantes, ou au moins stressantes, est complètement ratée. On s'y ennuie fermement.

Le découpage du film est bancal, par exemple toute la fin avec les plans concernant Tommy Lee Jones est pédante, sans être prenante. En réalité on ne rentre jamais réellement dans le film. D'une certaine façon, je me disais dans la salle : ca y est, les frères Coen se regardent filmer, comme parfois Woody Allen s'est regardé filmer.

Alors qu'ils ont le même potentiel que lui, les frères Coen deviennent un Tarantino sous Prozac, ils devraient faire une cure d'amphétamines. Même la traduction du titre anglais en français, bizarrement accouplée au titre original, est grotesque.

Manque de rythme, d'émotions, d'innovations. Bref, à éviter. 

 

2e

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