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Christoblog

Les trois mousquetaires : D'Artagnan

Les trois mousquetaires réussit tout ce qu'Astérix vient de rater.

Le casting par exemple est ici aussi équilibré et convaincant que celui du film de Canet était hétérogène et peu inspiré. Chacun semble en effet utilisé dans un registre qui lui va à merveille : Cassel en vieux mâle blessé, Civil en jeune chien fou naïf, Marmaï en jouisseur plantureux, Duris en aristocrate du geste, Garrel en roi malgré lui, Eva Green en diable en jupon, Lyna Khoudri en parangon d'innocence mutine, Vicky Krieps en préciosité de porcelaine, etc.

Les partis-pris esthétiques de Martin Bourboulon sont radicaux et assumés, là où ceux de Canet étaient timides et incohérents. Il y a dans Les trois mousquetaires une envie évidente de naturalisme poussé à l'extrême : les nuits noires sont noires, l'eau mouille, la boue salit, les épées tranchent et les coups de poings semblent vraiment faire mal. Les scènes d'action sont filmées avec un style que je n'ai pratiquement jamais vu dans un film français : caméra virevoltante, plan-séquence, caméra à l'épaule.

Comme la mise en scène est efficace et le montage vif, on ne s'ennuie pas une seconde à suivre cette version du roman de Dumas que certains esprits chagrins trouveront trop modernisée, au prétexte que Porthos se réveillent entre un homme et une femme après une nuit d'amour - alors que cette péripétie, qui est bien dans le style de ce fieffé jouisseur de Porthos, aurait pu à mon sens être écrite par Dumas (s'il vivait aujourd'hui).

Astérix a coûté 65 millions d'euros et Les trois mousquetaires 74. Alors que je disais qu'on ne voyait pas l'argent sur l'écran pour le film de Canet, c'est ici tout l'inverse : le moindre costume semble avoir plusieurs siècles, les décors sont somptueux et les grandes scènes (le mariage, le bal costumé) sont filmées avec virtuosité et humilité.

On n'a qu'une hâte à la fin du film : découvrir la suite, approfondir la complicité séduisante de nos quatre héros, et explorer la face sombre de Milady, qui s'annonce passionnante. Les trois mousquetaires : D'Artagnan est ce que le cinéma français a proposé de mieux en matière de divertissement sophistiqué depuis longtemps.

 

3e

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Saules aveugles, femme endormie

Drôle de projet que d'adapter plusieurs nouvelles de Murakami sous forme d'un film d'animation.

On ne voit pas trop quel peut-être le public visé. Les fans de l'écrivain n'iront probablement pas vers un film d'animation et préféreraient peut-être l'adaptation plus consistante d'un roman. Les cinéphiles fréquentent Murakami à travers des films qui sont souvent des chefs-d'oeuvres (Drive my car, Burning). Les fans d'animation peuvent être rebutés par l'austérité du projet. Les passionnés du Japon s'étonneront du fait que ce film se déroulant à Tokyo et mettant en scène des Japonais soit réalisé par un Européen.

Le résultat est pourtant intéressant. Comme souvent quand il s'agit d'assembler plusieurs histoires dans un film, les différentes parties du film de Pierre Foldes sont inégales. Celle qui met en scène la grenouille géante est délicieusement déstabilisante, d'autres sont poétiques ou amusantes sans être renversantes.

Saules aveugles, femme endormie est à l'image de son titre : doux, étrange, poétique, et peut-être inutilement complexe. Il n'enthousiasme pas vraiment, mais intrigue, déconcerte et séduit parfois par son ambiance onirique et mélancolique, et sa ligne claire.

 

2e

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Le capitaine Volkonogov s'est échappé

Ce nouveau film du duo Natalya Merkulova / Alexey Chupov est formidable à plus d'un titre, pourvu qu'on ait le coeur bien accroché.

Le sujet est passionnant : on est plongé dans les purges staliniennes de l'année 1938. Le caractère impitoyable, aléatoire et procédurier de ces terribles assassinats est ici parfaitement montré. Lorsque le capitaine Volkonogov décide d'aller demander pardon aux proches des victimes qu'il a exécuté, on se doute que les choses ne vont pas se passer facilement... 

Cette trame originale donne lieu à une course poursuite dans un Léningrad fantasmé, superbement photographié, dont chaque décor est une oeuvre d'art en soi. Les scènes de rencontre avec les familles des victimes sont parfois très dures à regarder, d'autant plus qu'elles donnent souvent lieu à un flashback renvoyant à la scène de torture dont il est question.

Le capitaine Volkonogov s'est échappé est un mélange osé de thriller moral, de méditation élégiaque et de suspense psychologique. Il est émaillé de scènes souvent proche de l'onirisme (l'enterrement des cadavres, le dirigeable, les rêves, les silhouettes fantomatiques des habitants), qui confèrent à l'ensemble un charme vénéneux.

On pourra aussi mettre en parallèle ce qu'on voit à l'écran et la situation actuelle de la Russie, et on comprendra que le film soit interdit là-bas et que les réalisateur/trices aient du quitter le territoire russe. L'acteur principal Yuriy Borisof, remarqué dans le très beau Compartiment N°6, est encore ici formidable.

Un coup de poing au plexus, d'une folle maîtrise formelle.

 

4e

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Le bleu du caftan

Dans Le bleu du caftan, tout est joli : la photographie est tendre, les sentiments sont délicats.

Le film est si bien fait et l'histoire qu'il raconte est si édifiante... qu'on finit par s'ennuyer un peu.

Les acteurs sont formidables, avec une mention spéciale pour l'Israélien Saleh Bakri, très crédible en homosexuel qui tombe amoureux de son jeune apprenti sous les yeux de sa femme, jouée par la toujours impeccable Lubna Azabal.

Le bleu du caftan a un autre intérêt, celui de mettre en lumière la confection terriblement compliquée du véritable caftan marocain. Le bruissement des soieries et l'éclat des broderies contribuent à la sensualité de ce film sage, confortable et lénifiant comme la chaleur humide d'un hammam.

Vous l'avez compris, je ne suis pas totalement entré dans le projet de la réalisatrice Maryam Touzani, même si je lui reconnais de grandes qualités esthétiques : le ton d'onctueuse bienveillance de ce huis-clos a eu sur moi un effet repoussoir.

Maryam Touzani sur Christoblog : Adam - 2020 (**)

 

2e

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Au poste !

Au poste ! est probablement mon film de Quentin Dupieux préféré à ce jour.

Alors que je reproche souvent au prolifique réalisateur de ne pas maîtriser ses idées sur la longueur, je dois reconnaître que ce n'est pas du tout le cas ici.

Au regard de la filmographie complètement déjantée de Dupieux, Au poste ! fait presque figure d'oeuvre conventionnelle. Le film commence en effet dans une ambiance de polar assez classique : un homme est injustement accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis.

Grégoire Ludig est excellent dans le costume du personnage (relativement) rationnel, confronté à une situation qui le devient de moins en moins : le commissaire (Poelvoorde en majesté) a de la fumée qui sort de l'abdomen quand il fume, un policier à un oeil "flou", la femme de ce dernier intervient a posteriori dans les souvenirs de la nuit du crime pour mener son enquête, etc.

Dans ce labyrinthe temporel et surréaliste, on se marre franchement, grâce à plusieurs trouvailles, comme par exemple l'usage immodéré de l'expression "C'est pour ça" par Anais Demoustier, très convaincante en rousse frisée.

La fin n'échappe pas tout à fait à la tentation de "grand n'importe quoi" dont est coutumier Quentin Dupieux, mais cela ne gâche l'ensemble du film, qui constitue un très bon divertissement.

 

3e

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Je verrai toujours vos visages

J'ai beau chercher, je ne vois pas ce que je pourrais reprocher au nouveau film de Jeanne Herry.

Je verrai toujours vos visages est d'abord magnifiquement écrit. Les dialogues sont ciselés, jamais triviaux. Les destins s'entrecroisent avec brio, avec un sens du rythme et de l'ellipse confondant. L'idée de ne jamais voir le personnage du frère jusqu'à la fin est par exemple extrêmement forte.

Le casting est exceptionnel. Si Adèle Exarchopoulos domine le film et trouve ici son meilleur rôle depuis La vie d'Adèle, il faut signaler l'homogénéité du niveau de jeu de tous les autres protagonistes.

Il peut arriver qu'un bon scénario et un excellent casting soient illustrés par une mise en scène insipide. Ce n'est pas le cas ici. Jeanne Herry utilise avec brio toutes les possibilités qu'offre le cinéma pour ne pas ennuyer le spectateur (variétés des plans, plongées, variation de rythme et de lieu).

Le film parvient enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, à éviter le chantage lacrymal et l'effet facile. S'il arrache aux spectateurs de nombreuses larmes, il ne le fait que par la qualité de l'écriture et la puissance de jeu des acteurs, indépendamment de tout effet de manche. Le symbole de cette sécheresse narrative est la magnifique séance finale de rencontre, et sa chute ultime, bouleversante.

Une réussite qui concrétise toutes les promesses de Pupille.  

Jeanne Herry sur Christoblog : Pupille - 2018 (**)

 

4e

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Gagnez 1 DVD de L'ombre de Goya ou 1 DVD du film Les repentis (Terminé)

l'occasion de leur sortie, je vous propose de gagner :

- 1 exemplaire du DVD du film Les repentis

- ou 1 exemplaire du DVD du film L'ombre de Goya

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : lequel des deux DVD souhaitez vous recevoir ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 4 avril 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Dalva

Sur un sujet extrêmement casse-gueule, Emmanuelle Nicot réussit un premier film puissant et lumineux.

Dalva, jouée par l'incroyable Zelda Samson, est une jeune fille de 12 ans qui vit complètement isolée, et que son père grime en femme pour abuser d'elle. Lorsqu'elle est arrachée à son géniteur, Dalva est dans le déni : elle ne voit pas où est le problème (elle déclare "aimer" son père incestueux), et surtout, elle est complètement déphasée par rapport aux autre jeunes filles du centre d'accueil où elle est placée.

Filmer une telle histoire nécessite un parti-pris radical et une sensibilité exacerbée : la réalisatrice met les deux en oeuvre en filmant toute l'histoire du point de vue de Dalva. La caméra, mobile, souvent portée à l'épaule, suit Dalva dans les méandres de son émancipation, respectueuse et discrète.

Dalva est court (1h30), précis et redoutable. Il explore la monstruosité de cette relation perverse avec lucidité et une grande empathie. Le travail de la justice et des éducateurs est très bien montré.

Un formidable premier film, que je vous recommande chaudement.  

 

3e

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Sur les chemins noirs

Même si l'ensemble de ce film n'est pas vraiment catastrophique, il faut reconnaître que rien n'y est bon.

Le pire est peut-être la façon dont il est écrit. Le scénario alterne les prises de vues en pleine nature avec de courts flash-backs qui ne présentent généralement aucun intérêt, et qui sont de plus raccordés fort maladroitement au temps présent.

L'interprétation de Jean Dujardin, qui entre parenthèses ressemble de plus en plus à Gilles Lelouche, n'est pas très convaincante. C'est un peu dur de le dire abruptement, mais sa crédibilité en intellectuel est assez faible, et il n'incarne pas à l'écran la rugosité dérangeante de Sylvain Tesson. Les autres personnages ne sont que des silhouettes grossièrement dessinées et mises en scène d'une façon souvent pataude (l'esthétique porno chic des scènes avec Joséphine Japy par exemple).

Si comme moi vous n'êtes pas fan des aphorismes pontifiants de Tesson, vous risquez de vous ennuyer ferme, et de regretter que le vertige de la marche au long cours, et en pleine nature, ne soit pas plus sensuellement rendu.

Le film réduit l'expérience physique extrême du personnage principal (1300 km tout de même) à une enfilade de cartes postales insipides dont on s'attend à voir surgir un Michel Drucker qui lancerait un sonnant "Formidable !" au spectateur, du haut du Mont Lozère ou d'une barque sur la Loire. 

Sur les chemins noirs respire le manque de talent dans toutes ses composantes.

 

1e

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Houria

Houria souffre des comparaisons.

Tout d'abord, son thème rappelle irrésistiblement celui d'En corps : une danseuse classique se blesse, sa vie et sa santé mentale en sont bouleversées, mais elle va se reconstruire en tissant de nouveaux liens sociaux et en s'initiant à la danse contemporaine. Mais là où le film de Klapisch emportait son spectateur, certes parfois avec maladresse, le film de Mounia Meddour semble figé dans son propos, et n'exalte pas vraiment les corps. 

Je n'ai pas été bouleversé par les malheurs de Houria, et sa rédemption ne m'a semblé ni crédible, ni jouissive : il y a un manque d'incarnation dans la façon dont Lyna Khoudri danse.

L'autre comparaison dont souffre Houria, c'est celle qu'on ne manque de faire avec le film précédent de la réalisatrice, Papicha : même actrice principale, même façon façon de filmer nerveuse, thèmes semblables (une jeune fille empêchée dans la réalisation de son destin artistique par la violence de la société algérienne).

Là où Papicha touchait toujours juste (profondeur du contexte, intensité des émotions, lente évolution du contenu narratif) Houria rate à peu près tout : les péripéties sont survolées (les combats du début par exemple), les relations entre les personnages ne sont qu'esquissées et le film apparaît au final comme un gentil portrait plutôt que comme un destin brisé.

On attend maintenant que la réalisatrice Mounia Meddour mette son talent, qui est grand, au service d'une histoire plus complexe et plus ambitieuse.

Mounia Meddour sur Christoblog : Papicha - 2019 (***)

 

2e

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The whale

Darren Aronofsky est le seul cinéaste capable de produire des films qui tantôt m'enthousiasment au plus haut point (The wrestler) et tantôt m'exaspèrent comme aucun autre (Mother !).

Il y a donc toujours pour moi une curiosité inquiète au moment de découvrir un nouvel opus de ce réalisateur.

Malgré les réticences de nombreux critiques, je dois dire que j'ai cette fois-ci beaucoup aimé The whale. J'ai apprécié l'incroyable composition de Brendan Fraser, et je trouve que le personnage de Charlie (230 kilos) est filmé avec une grande tendresse, et non, comme le certains le disent, avec complaisance. Comme souvent, je pense que les accusations de complaisance reflètent au moins autant l'état d'esprit de celui qui regarde (le spectateur est gêné de voir les choses en face pour des raisons qui lui sont propres) que celui du réalisateur, qui ne fait que montrer une réalité pas toujours amusante.

J'ai aimé beaucoup d'éléments dans le film : la mécanique rigoureuse de la pièce de théâtre, la fluidité extraordinaire de la mise en scène (le film est une leçon de technique en milieu confiné), la subtilité des sentiments que le film expose et procure, la puissance de jeu de l'actrice Hong Chau.

Le seul point qui m'empêche de mettre la note maximale tient à quelques facilités un soupçon trop mélodramatiques (les flashbacks de plage par exemple). Pour le reste, The whale est décemment émouvant, et le portrait qu'il dessine d'un homme à la fois égaré et résolu est passionnant.

Darren Aronofsky sur Christoblog : The wrestler - 2008 (****) / Black swan - 2010 (****) / Mother ! - 2017 (*)

 

3e

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Concours Leila et ses frères : Gagnez 3 DVD (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD du meilleur film de 2023, selon moi (lire ma critique), Leila et ses frères.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : quel est le film précédent du réalisateur Saeed Roustaee ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 29 mars 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Petites

J'ai l'impression d'avoir vu ces dernières années beaucoup d'histoires autour de jeunes en difficulté vivant dans des centres d'accueil, accompagnés par des éducateurs "très impliqués mais néanmoins humains". Dans des genres très différents, me reviennent en mémoire : Benni, La prière, La tête haute, La Mif, Hors norme...

C'est donc avec une sorte de lassitude que je me suis rendu, avec quelques semaines de retard, à une séance de rattrapage du film de Julie Lerat-Gersant.

Bien m'en a pris : Petites est un très joli film, qui s'intéresse à une problématique peu traitée au cinéma, celle des ados dont la grossesse est trop avancée pour un avortement, et qui envisagent donc de faire naître leur enfant sous X - ou pas. 

Le sujet est ici traité avec à la fois beaucoup de délicatesse et une grande profondeur. Le script explore toutes les facettes du problème : relation avec la mère et ses amants, interaction institutions / famille, présence fantomatique du père de l'enfant. Il évite tous les pièges possibles, de la rudesse inutile à l'angélisme militant, pour faire vivre un vrai suspense psychologique et donner à voir de très beaux portraits de femme.

Une réussite à tout point de vue, servie par un casting parfait. Romane Borhinger et la jeune Pili Groyne sont impeccables.

 

3e

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Everything everywhere all at once

A quoi ressemble le grand vainqueur des Oscars 2023 ? 

Pas facile à dire : il commence comme un film d'auteur de type Sundance (avec des petits bruits bizarres qui s'expliqueront plus tard), se poursuit comme un Matrix ludique, avant de devenir un mash-up improbable de plusieurs genres (du style boum boum Marvel au spleen romantique de In the mood for love), pour se finir en comédie dramatique familiale.

Est-ce que tout cela forme un film qui tient la route ? Pas vraiment. J'ai été tour à tour intrigué, momentanément séduit, mais le plus souvent submergé par une masse d'informations, d'inputs intellectuels, de stimulis sensitifs qui donnent l'impression d'être dans un tambour de machine à laver narrative.

Dans cette avalanche d'idées en tout genre, il y a forcément quelques pépites. J'ai beaucoup aimé par exemple le monde alternatif dans lequel les doigts des humains sont remplacés par des saucisses, ou celui dans lequel les deux héroïnes sont des ... cailloux, dont les dialogues apparaissent dans des bulles (on dirait un script de Quentin Dupieux).

J'ai conscience que cette chronique, si vous n'avez pas vu le film, doit vous paraître complètement barrée, mais elle reflète assez bien la démesure non maîtrisée du gloubi-boulga pop et tendance des Daniels.

A défaut d'être pleinement convaincant, ce long clip halluciné est étonnant dans sa démesure.

 

2e

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Raining in the mountain

Je pensais progresser en wu xia pan (film de sabre chinois) en regardant un des films les plus connus du maître du genre, King Hu.  

Mais je n'ai pas choisi le bon film : Raining in the Mountain est plus une comédie burlesque qui évoque Molière (j'ai pensé à Scapin notamment), mâtiné de réflexion philosophique sur le sens de la vie. Les premiers vrais combat n'arrivent dans le film que vers la fin, et ils ne m'ont pas vraiment plu. S'ils sont extraordinaires (les combattants volent réellement, et ce n'est pas une métaphore), la réalisation de 1973 est un peu datée (Tigres et dragons, et tous les autres, sont depuis passés par là).

L'intérêt de Raining in the mountain réside donc plutôt pour moi dans son aspect de comédie morale : il y a dans le film des méchants très politiques, des sages rudement malins, de courageux gentils qui ont bien du mal à parvenir à leurs fins, des voleurs qui s'amendent et une foule de rebondissements autour d'un mystérieux parchemin. 

Ce Nom de la rose chinois se déroule dans un écrin formidable, un monastère immense et qui semble souvent déserté, dans lequel les personnages s'agitent inutilement, un peu comme si leurs préoccupations, pour la plupart mesquines, s'égaraient dans le grand vide de la méditation bouddhique.

Une découverte profondément originale : je n'avais jamais rien vu de tel.

 

2e

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Glass onion

On retrouve dans cette deuxième histoire "A couteaux tirés" la plupart des éléments qui faisaient le sel du premier opus : un Daniel Craig à la fois perspicace et délicieusement lunaire (ces vêtements !), des personnages typés, une intrigue à tiroir, un décor très bien exploité.

Le film se regarde donc avec un plaisir distrait. J'ai apprécié la composition d'Edward Norton en méchant manipulateur, la magnificence des décors futuristes, la complexité de l'histoire. Contrairement au film précédent, qui déroulait une intrigue linéaire dans laquelle le coupable potentiel changeait régulièrement, Glass Onion s'appuie sur un effet Rashomon géant : on revoit dans la deuxième partie tous les évènements de la première partie sous un angle différent. C'est très plaisant.

Ceci étant dit, j'ai légèrement préféré A couteaux tirés, pour lequel l'effet de surprise était complet, et qui me semblait un peu plus dense et maîtrisé.

La précision de l'écriture et les performances d'acteur méritent tout de même que vous regardiez ce joli divertissement.

 Rian Johnson sur Christoblog : Looper - 2012 (**) / Star wars - Les derniers Jedis - 2017 (**) / A couteaux tirés - 2019 (***)

 

2e

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Concours Un varón : Gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film colombien Un varón présenté à la dernière Quinzaine des Réalisateurs, et qui sort le 15 mars.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quel ville se déroule l'action du film  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 15 mars 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Mon crime

Ce dernier opus de François Ozon est une sucrerie acidulée et colorée.

Une pièce de théâtre oubliée et un peu ringarde des années 30 est ici le véhicule d'un propos délibérément dans l'air du temps, important sur le fond (les femmes actrices de leur accomplissement, contre les hommes en majorité malfaisants) et léger sur la forme (les personnages sont réduits à des silhouettes, les jeux de mots approximatifs pleuvent à volonté, le film est émaillé de citations cocasses).

Il ne faut donc chercher ici ni profondeur psychologique, ni mise en scène ébouriffante, ni écriture élaborée : nous sommes dans un monde de carton-pâte dans lequel chaque acteur/trice fait son petit numéro, par ailleurs convaincant dans l'ensemble, dans un registre qui relève plus du théâtre de boulevard que du film d'auteur. Les artifices de mise en scène (les inserts en noir et blanc, les coupures de journaux du générique de fin) relèvent clairement du burlesque.

L'ambiance est donc à l'amusement, et la dose de poison et de mauvais esprit qu'Ozon aime instiller habituellement dans ses films est ici très, très légère. J'avais pour ma part préféré Potiche, dans le genre "numéro d'acteur + guimauve + comédie noire".

Mon crime est un divertissement honorable devant lequel il est légitime de sourire, et qui a également le mérite de mettre sur le devant de la scène deux grandes actrices, Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz (un couple à la Audrey Hepburn / Marylin Monroe), qu'on n'a pas fini de voir sur les écrans.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**) / Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*) / Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**) / Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**)

 

2e

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La romancière, le film et le heureux hasard

On peut classer les films de Hong Sang-Soo en 3 grandes catégories : les comédies grinçantes décortiquant les relations humaines et en particulier les relations hommes femmes (plutôt le début de sa carrière), les essais conceptuels souvent accompagnés d'une déstructuration du récit (plutôt son milieu de carrière) et enfin les récits dépouillés teintés de spleen, qui creusent une veine plus onirique ou plus sensible (plutôt ses derniers films).

La romancière, le film et le heureux hasard s'inscrit bien dans cette dernière catégorie. Le personnage principal est une romancière d'un certain âge qui ne parvient plus à écrire. Elle rencontre une jeune comédienne qui ne tourne plus. Leur rencontre, qui ne se produit que par la grâce d'un heureux hasard, conduira à la réalisation d'un film, sorte d'épiphanie inespérée pour l'une et l'autre, illustrant le titre du film, qui en est donc aussi le programme.

Le connaisseurs retrouveront ici les tics du réalisateurs (tablée s'abreuvant d'alcool, morceaux de dialogues voyageant de bouche en bouche, moment de gêne intense, zooms grossiers), mais le plus important se situe ici dans la grande délicatesse du projet, aboutissant finalement à un très beau "Je t'aime" lancé par l'actrice Kim Min-hee à son compagnon réalisateur.

Il y a dans cet opus de très bonnes choses (une photographie en noir et blanc très particulière, des scènes d'anthologie - comme celle dans laquelle le réalisateur se fait brutalement congédier), mais aussi de longs moments durant lesquels on a vaguement l'impression qu'il s'agit de meubler. Le tout est émaillé d'étrangetés propres au cinéaste (comme la dispute en voix off de la toute première scène) qui suscite ce frisson de stimulation intellectuelle propre au cinéma de Hong Sang-Soo.

Un film qui intéressera les fidèles, et qui ennuiera probablement les autres. Comme d'habitude !

 

2e

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La grande magie

Quel drôle de projet !

Noémie Lvovsky nous propose un film en costume, dans une ambiance bourgeoise et champêtre. Cela m'a inévitablement rappelé Ma loute, de Bruno Dumont, d'autant plus que dans les deux cas, les acteurs n'hésitent pas à surjouer.

On peut donc dire que La grande magie ne se situe pas dans les courants les plus contemporains du cinéma français, d'autant plus qu'il se permet d'être une comédie musicale, dont les morceaux sont écrits par Feu! Chatterton. Si à ce stade, vous n'avez pas encore fui, j'ajouterai que l'histoire qui nous est racontée est profondément triste, et que la fin du film est d'une noirceur extrême.

Malgré tous ces éléments disparates et pas forcément attractifs, le film possède un charme propre qui m'a tout de même séduit. Cela est peut-être dû à l'envie de cinéma que dégage la mise en scène de Noémie Lvovsky, au charme irrésistible qui émane de la jeune Rebecca Marder, à la délicate fragilité de l'excellente Judith Chemla, à l'abattage comique de l'ogre Sergi Lopez, ou à mon état d'âme conciliant le soir de la projection.

En résumé, je serais bien en peine de vraiment le conseiller (trop risqué !), mais pour ma part j'ai passé un très bon moment, me régalant de tant d'originalité sombre, réjouissante et décalée. 

Noémie Lvovsky sur Christoblog : Camille redouble - 2012 (****) / Demain et tous les autres jours - 2017 (***)

 

2e

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